IDE dans le monde : Quelle part pour le Maroc ?

31 octobre 2006 - 07h39 - Economie - Ecrit par : L.A

Les investissements directs étrangers (IDE) dans le monde ont progressé de 29% en 2005, atteignant le chiffre de 916 milliards de $. Les IDE ont deux composantes fondamentales : la création ou l’extension d’entreprises, et la prise de participation dans une entreprise existante sous forme de privatisation ou de fusion-acquisition.

La première composante est la plus intéressante pour le pays d’accueil, car elle s’accompagne, outre les flux financiers, de création d’emplois. Cependant, c’est la deuxième composante qui est la plus importante, puisque les fusions-acquisitions ont représenté 78% des IDE totaux dans le monde. C’est ainsi qu’en 2005, 142 opérations de fusions-acquisitions de plus de 1 milliard de $ ont été réalisées, soit deux fois plus qu’en 2004.

Au niveau des pays investisseurs, si la part des pays développés reste prépondérante (Europe, Etats-Unis, Japon), on note ces dernières années une progression des IDE réalisés par les pays en développement. C’est ainsi qu’ils ont représenté 117 milliards de $ en 2005, soit une part de 17% du IDE totaux, contre seulement 10% en 1982. Les principaux investisseurs des pays en développement sont Honk-Kong, la Chine, l’Inde, la Russie, Singapour, Taiwan et le Brésil. Chose quasi inexistante il y a une vingtaine d’année, les pays en voie de développement participent maintenant aux fusions-acquisitions des grandes entreprises. Ils ont réalisé en 2005 17% du total des fusions-acquisitions opérées dans le monde. La plus emblématique a été le rachat de la firme métallurgique européenne Arcelor par l’indien Mittal Steel. Il faut noter enfin que les pays en développement investissent également dans les pays du Sud : la Chine y investit 25% de ses investissements mondiaux, et les pays pétroliers arabes commencent à diversifier leurs investissements vers des pays du Sud.

Au niveau des pays d’accueil des IDE, les pays développés représentent encore une part de 60%, contre 36% pour les pays en voie de développement et 4% pour les pays en transition (Ex-Union Soviétique). En ce qui concerne les pays en développement, c’est l’Asie qui concentre la part du lion, puisqu’elle accueille 50% des IDE orientés vers les pays en développement (165 milliards de $). Tout le monde a à l’esprit les énormes investissements réalisés en Chine ces dernières années. En 2005 cependant, les IDE ont progressé énormément au Moyen-Orient (+85%) et en Afrique (+78%), attirés surtout par les ressources naturelles : pétrole, gaz, mines. Mais la part de l’Afrique reste minime : 31 milliards $ représentant 3,3% des IDE mondiaux. De plus la moitié des investissements réalisés en Afrique se font dans les pays producteurs de pétrole : Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Tchad, Mauritanie, Soudan.

Où se place le Maroc dans les IDE mondiaux ?

L’année la plus forte du Maroc a été l’année 2001 avec des IDE de l’ordre de 3,6 milliards de $. En 2005, ils ont diminué à 2,9 milliards de $, et ont représenté 0,3% des investissements mondiaux, et 9,35% des IDE réalisés en Afrique. En 2005, le Maroc s’est classé au 4ème rang après l’Afrique du Sud (6 milliards de $), l’Egypte (5,4 milliards de $), et le Nigeria (3,4 milliards de $).

Les taux d’IDE les plus élevés au Maroc sont réalisés surtout grâce aux privatisations d’entreprises marocaines par les investisseurs étrangers. C’est le cas en 2001 et en 2003 avec l’achat par Vivendi de Maroc-Telecom. Cependant en 2005, les autres secteurs économiques ont connu une bonne progression : tourisme, immobilier, industrie, assurances. L’année 2006 s’annonce sous de bons auspices, puisqu’il a été déjà réalisé près de 2,3 milliards de $ d’IDE pendant le premier semestre 2006, notamment en provenance du Moyen Orient. D’autre part, toujours pendant le premier semestre 2006, le Maroc a réalisé des investissements directs à l’étranger de 174 millions de $ principalement en Afrique. Malheureusement les IDE au Maroc sont peu diversifiés par pays d’origine. Durant les cinq dernières années, la France et l’Espagne ont réalisé 80% des IDE : 66% par la France et 14% par l’Espagne. Les autres pays ont réalisé moins de 2,5% chacun (Allemagne, Suisse, EAU, Grande Bretagne, Arabie Saoudite, USA, Koweït, Pays-Bas).

Que faire pour augmenter les IDE au Maroc ?

A mon sens, trois axes sont à privilégier pour promouvoir les IDE, indispensables à la croissance économique de notre pays. Il s’agit tout d’abord d’améliorer l’attractivité du Maroc en matière d’investissements, car la concurrence est rude, et tous les pays, même les plus développés, font des efforts énormes pour attirer les investissements étrangers sur leur sol. L’approche doit être globale : disponibilité des terrains, incitations fiscales, bonne gouvernance de l’Administration en général et la justice en particulier, facteurs de production attractifs, sélection des secteurs porteurs.

Le deuxième axe de développement est la diversification des sources d’investissements. L’économie mondiale subit de grands changements : le pouvoir économique et financier s’oriente de plus en plus vers l’Amérique, l’Asie et le Moyen Orient. C’est vers ces trois régions que les efforts doivent être multipliés.

Le troisième axe est la promotion du Maroc à l’étranger qui est insuffisante. Certes des efforts conséquents ont été réalisés ces dernières années pour la promotion IDE du notre pays. Il faut souligner l’action efficace et soutenue de la Direction des Investissements, qui a boosté les IDE au Maroc, et qui organise chaque année au Maroc les « Intégrales de l’Investissement » qui attirent de nombreux investisseurs étrangers. Mais il faut multiplier les actions de promotion à l’étranger, et doter nos représentations à l’extérieur de cadres compétents, à même d’expliquer et de convaincre les investisseurs à venir au Maroc.

jawad KERDOUDI - Consultant Economiste - Président de l’IMRI
(Institut Marocain des Relations Internationales)

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Institut Marocain des Relations Internationales

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Français Faurecia va créer 1400 nouveaux emplois au Maroc

L’entreprise française Faurecia, spécialisée dans la fabrication d’équipements automobiles, va renforcer sa présence au Maroc, à travers la création d’une nouvelle usine à Salé. Dans ce sens, un protocole d’accord a été signé entre le groupe et l’État.

Maroc : les autoroutes en projet

Le programme d’investissement de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) devrait atteindre plus de 8 milliards de dirhams pour les trois prochaines années, révèle le rapport sur les entreprises et établissements publics (EEP), annexé au...

Le groupe marocain OCP vise haut les quatre prochaines années

Après le succès de son premier programme d’investissement – la capacité de production d’engrais a triplé en 10 ans-, le groupe marocain OCP a préparé un nouveau programme d’investissement vert dont la mise en œuvre permettra d’atteindre la neutralité...

Le Maroc veut augmenter la part d’investissements des MRE

Au Maroc, la part d’investissement privé provenant des Marocains du monde reste faible. Seulement 10 % des transferts des MRE y sont consacrés. Un dispositif incitatif se met en place pour mieux mobiliser les investissements de cette communauté.

Le groupe Thalès renforce sa présence au Maroc, près de 150 emplois à terme

Le groupe français Thalès, spécialiste mondial de cybersécurité, va renforcer sa présence au Maroc à travers un nouvel investissement d’une valeur de plus de 350 millions de dirhams dédié au secteur de l’outsourcing.

Maroc : 3,7 milliards de dirhams de subventions au secteur agricole

Le gouvernement maintient son soutien au secteur agricole. Cette année, 3,7 milliards de dirhams de subventions seront affectés au secteur, pour un investissement global de 7,4 milliards de dirhams.

Investissements massifs au Maroc, 76,7 milliards de dirhams, 20 000 emplois

La Commission nationale des investissements a donné son aval à une série de 21 projets. L’investissement global de ces projets s’élève à 76,7 milliards de dirhams, l’équivalent de 6,98 milliards d’euros, selon un communiqué officiel du gouvernement.

Mohammed VI et le pari gagnant de l’ouverture en Afrique

Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.

Le Maroc, un des pays les plus attractifs pour les investisseurs

Dans le dernier rapport publié par l’Institut royal des études stratégiques (IRES), le Maroc est considéré comme l’un des pays les plus attractifs pour faire des affaires.

Le Maroc facilite encore plus la création d’entreprise

Le gouvernement marocain a franchi un pas important vers la simplification des démarches administratives pour les entrepreneurs. Jeudi 30 mars, le Conseil de gouvernement a approuvé un projet de décret fixant les modalités et les procédures de création...