Les hôteliers craignent un été morose

6 mai 2008 - 11h16 - Maroc - Ecrit par : L.A

Alors que des destinations comme l’Egypte, la Turquie, la Tunisie et même la Jordanie sont en train de cartonner en termes de réservations pour l’été prochain, notamment sur le marché français, la destination Maroc, jouissant pourtant d’atouts naturels, est dans l’expectative. Les professionnels réservent leurs prévisions. Mais beaucoup d’entre eux disent qu’ils ne seront satisfaits que si les réalisations de l’année en cours égalent celles de l’année écoulée.

Contrairement aux officiels qui tentent de minimiser la crise, les hôteliers ne cachent donc pas leur inquiétude. Ce sentiment, on peut le déceler chez un tour-opérateur comme FRAM qui a toujours placé le Maroc en bonne place dans ses catalogues.

Il affiche aujourd’hui une bonne remontée des réservations, après avoir connu quelques difficultés l’année dernière. Mais cette évolution, résultat d’une vaste campagne de communication, ne profite que très passablement au Maroc. Les touristes français, toujours en proie à des problèmes de pouvoir d’achat, optent pour la Turquie qui enregistre, pour l’été, une progression des réservations de 90% par rapport à la même période de l’année écoulée, ou encore la Tunisie, l’Egypte et Dubaï.

Le Maroc n’aurait progressé chez ce TO que de 5 à 6%. Selon de nombreux professionnels, notamment à Marrakech, cette situation viendrait du fait que les charters ont déserté le Maroc, chassés si l’on peut dire par les compagnies low cost, lesquelles n’existent pas dans les destinations concurrentes citées. Le tourisme marocain se serait-il tiré une balle dans le pied en ouvrant son ciel aux compagnies low cost ? Certains professionnels n’hésitent pas à le penser.

Le renouveau de Fès sapé par l’arrêt des liaisons aériennes avec le Royaume-Uni

Toujours est-il que, selon une source proche du CRT de Marrakech, la ville ocre qui a connu au premier trimestre 2008 « quelques soucis », repartirait du bon pied au mois de mai 2008. Mais certains mettent ce petit frémissement sur le compte des vacances scolaires en France et du week-end du 1er Mai qui s’annonce comme un week-end prolongé.

Pour les prochains mois, « on ne peut rien dire, affirme un hôtelier de Marrakech. C’est carrément la roulette russe », ajoute-t-il. Là encore, ce sont les vols low cost qui sont pointés du doigt. « Si les TO n’arrivent pas à trouver des sièges d’avions sur Marrakech, ils dirigent leur clientèle ailleurs ».

Ceci dit, il semble que cette tendance est désormais irréversible, et à moins d’une campagne de communication choc sur les marchés émetteurs, une « campagne de survie », seules les chaînes organisées pourront tirer leur épingle du jeu, en compensant les ventes perdues avec les TO par d’autres moyens comme la vente sur Internet.

Même Fès, qui a été jusqu’à présent épargnée par la morosité qui règne un peu partout, en affichant une hausse de 6 à 7% de ses nuitées au premier trimestre 2008 par rapport à la même période de l’année précédente, connaît un « bon tassement des réservations pour le mois de mai », explique Driss Faceh, président du Conseil régional du tourisme (CRT) de la ville, qui ajoute qu’il n’y a pas une grande visibilité pour les mois à venir. Les accords de co-marketing entrepris avec certains TO fin 2005 et début 2006, qui avaient réussi à redynamiser la ville, semblent avoir atteint leurs limites.

De surcroît, la capitale spirituelle qui accueillait quatre vols hebdomadaires à partir du Royaume-Uni n’est plus desservie, ce qui freine dans son élan tout l’intérêt que les Britanniques ont pour la ville, et notamment pour ses riads. Par ailleurs, note Driss Faceh, Fès devra se positionner sur un tourisme de séjour, celui du circuit des villes impériales s’étant tout simplement essoufflé.

Agadir mise sur la poussée des marchés russe et polonais pour limiter les dégâts

Mais c’est Tanger et toute la côte nord qui craint de souffrir le martyre pour les mois à venir. Selon Mustapha Boucetta qui préside aux destinées du CRT, la ville accuse une légère baisse au premier trimestre 2008 au niveau des nuitées, et la saison d’été s’annonce incertaine.

M. Boucetta n’hésite pas à en rendre responsable l’insuffisance des vols sur la ville et l’absence de publicité en soutien. En outre, la ville n’est pas du tout programmée par les TO, car l’Office national marocain du tourisme (ONMT), souligne un hôtelier, n’a d’yeux que pour Marrakech, Agadir et Fès et, dans une moindre mesure, Ouarzazate. « La côte méditerranéenne, qui est en pleine transformation, ne bénéficie d’aucune communication sérieuse en tant que destination touristique, ne serait-ce que sur le marché espagnol qui se trouve à 14 kilomètres », déplore-t-il. Pire, fait remarquer cet hôtelier, le bureau de l’ONMT à Malaga est fermé depuis des années. Pour Mustapha Boucetta, la capitale du Nord qui est appelée, avec tous les chantiers en cours de réalisation, notamment les sites industriels, à accueillir de plus en plus un tourisme d’affaires, n’a même pas de palais des congrès.

Agadir continue de connaître un recul de ses nuitées, notamment celles des Anglais et des Allemands, sans parler des Suisses qui réclament des vols directs sans transiter par Casablanca. Mais ces baisses sont atténuées par la poussée des marchés russe et polonais. Dans le pire des cas, explique une source au CRT, on aura les mêmes performances que l’année dernière, qui n’était pas vraiment fameuse.

Au final, si on ne peut pas vraiment parler de sinistralité concernant le secteur, les professionnels s’accordent à dire que l’année sera difficile.

Source : La vie éco - Mohamed Moujahid

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Tourisme - Destination - Compétitivité

Ces articles devraient vous intéresser :

Le tourisme marocain à la reconquête du marché britannique

Le Maroc veut reconquérir le marché britannique. Dans ce sens, l’Office national marocain du tourisme (ONMT) a signé des accords avec les compagnies aériennes telles que Ryanair et Easyjet. Objectif  : retrouver les chiffres d’avant-Covid.

Maroc : un afflux de touristes et de MRE sans précédent

Quelque 1,3 million de touristes ont visité le Maroc en avril 2024, ce qui représente une hausse record de 17 % par rapport à la même période de 2023.

Des villages marocains parmi les plus beaux du monde

Deux villages marocains figurent sur la liste des plus beaux villages du monde qui ont reçu la palme de « Best Tourism Villages 2022 » de la part de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Tourisme au Maroc : vers une révolution du capital humain

La ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, vient de procéder au lancement des programmes de renforcement du capital humain, prévus dans le cadre de la feuille de route du tourisme sur la période 2023-2026. Preuve de l’importance qu’accordent les...

Le Maroc parie sur le tourisme interne

Les autorités marocaines affirment avoir mené plusieurs actions pour promouvoir et renforcer le tourisme interne en 2023.

Le Maroc fait le ménage dans les hôtels

Les autorités marocaines viennent de mettre de l’ordre dans le secteur de l’hôtellerie. Depuis quelques jours, une nouvelle procédure de classement des établissements d’hébergement touristique est en vigueur dans le royaume.

Maroc : les aéroports seront tous modernisés

Le Maroc envisage de mener prochainement une étude sur le développement de ses aéroports à l’horizon 2045. Un appel d’offres international a été récemment lancé à cet effet.

Le Nord du Maroc mise sur l’aérien pour attirer des touristes

Les opérateurs touristiques du Nord du Maroc saluent l’implantation d’une base aérienne à Tétouan après celle de Tanger. L’infrastructure aéroportuaire va attirer davantage de touristes et booster à coup sûr le développement économique de la région.

Touristes au Maroc : les chiffres d’une année record

Quelque 13,2 millions de personnes ont visité le Maroc durant les onze premiers mois de 2023, battant le record absolu de 12,9 millions de touristes de toute l’année de 2019, selon le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et...

Le tourisme marocain connaît une embellie pendant les fêtes de fin d’année

Au Maroc, plusieurs établissements hôteliers ont fait le plein pendant les fêtes de fin d’année. Une embellie après deux ans difficiles de crise sanitaire liée au Covid-19.