Dans un livre, Driss Belaydi raconte son histoire d’immigré

29 janvier 2009 - 13h32 - Maroc - Ecrit par : L.A

Rejeté enfant au Maroc parce que son père était français, Driss Belaydi raconte avoir souffert une fois de plus de sa différence en France. L’autobiographie « Les deux rives » de Driss Belaydi vient d’être publiée aux éditions Amalthée. Cet habitant d’Anchamps, originaire du Maroc, raconte son histoire d’immigré.

« Il a fallu qu’au cours d’un jeu, un désaccord survienne entre un jeune d’un douar voisin et moi. Et la phrase qui va anéantir toute mon existence est prononcée : Misse Auroumi, c’est-à-dire fils de Français en berbère », écrit Driss Belaydi.

Né d’un père français qui ne l’a pas reconnu et d’une mère marocaine, Driss Belaydi, 58 ans, a immigré en France dans les années 70.

« Sale bougnoule ! »

Rejeté dans son enfance à cause de ce père français dans son village d’origine au Maroc, Khemisset, M. Belaydi raconte avoir souffert une fois de plus de sa différence en France. Mais par pudeur il a modifié les noms de personnes et de lieux.

« Après cinq ans de bonheur en famille, en France, voilà qu’une phrase vient chambouler ma vie ! C’est une insulte ordinaire qui me tombe dessus et que j’entends encore. « Sale bougnoule ! » Je suis affreusement blessé (..) Celui qui profère de telles humiliations n’imagine pas le mal qu’il provoque », lit-on dans son livre.

Il raconte aussi une scène qui s’est passée à l’usine où il travaillait à Roanne (près de Lyon) avant d’arriver dans les Ardennes. « Après une semaine, le patron a fini par proposer une prime de 200 F et par accepter de payer toute la semaine de grève. Moi, j’ai trouvé que c’était une bonne négociation. J’ai essayé de le faire comprendre aux autres mais, en pleine réunion, devant 200 personnes, l’un d’eux me dit : le syndicalisme aujourd’hui, il est mené par des Français, pas par des Arabes ».

L’homme a beaucoup enduré mais il n’est pas aigri. Immigré en Camargue, puis à Roanne, M. Belaydi est arrivé à Revin à la fin des années 90 avant d’acheter « la maison de ses rêves » à Anchamps. « À l’époque où j’ai immigré dans les années 70, beaucoup de Marocains sont venus en France par l’intermédiaire d’un membre de leur famille qui y travaillait déjà. J’avais un frère qui était employé dans une ferme en Camargue. C’est comme cela que j’ai eu mon contrat de travail pour venir en France », raconte l’auteur. Il a pleuré lors de son premier jour de travail.

Le mot « intégration », trop politisé

« Le lundi matin à 7 heures, mon employeur me donne une faux et m’emmène le long du Rhône pour couper les roseaux qui poussent sur les petits canaux alimentant les terres en eau douce et en récupérant l’eau salée. Je suis très déçu. Je me rends compte que j’ai laissé mon pays, mes parents, un climat merveilleux, je me dis que si j’avais poursuivi mes études, je serai sans doute parvenu à un poste de responsabilité. Et me voilà à faucher des roseaux, tout seul. Je pleure », écrit Driss Belaydi.

Mais aujourd’hui en retraite à Anchamps, M. Belaydi ne regrette pas son parcours et aime sa deuxième patrie. « Je n’aurais certainement pas eu tout ce que j’ai si j’étais resté au Maroc », dit-il.

Il déteste le mot « intégration » car trop politisé. « Pourquoi parler d’intégration pour les enfants nés en France, c’est un non-sens ». Son ambition : « Je souhaite que cette histoire donne envie au lecteur, à chaque fois qu’il rencontrera quelqu’un de différent, de l’accoster sans préjugé »

Source : L’Union - Arlyne Jeannot

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