« L’école pour tous », y arriverons-nous ?

19 avril 2008 - 17h54 - Maroc - Ecrit par : L.A

« L’école et l’université marocaines ne parviennent pas encore à remplir de manière satisfaisante toutes leurs missions à l’égard des apprenants et de la société ». C’est un des constats dressés par le Conseil supérieur de l’enseignement dans son rapport annuel 2008. Quatre volumes sur l’état et les perspectives du système d’éducation et de formation ont été présentés mercredi 16 avril au Souverain. Nous avions déjà traité le volume analytique et l’atlas graphique. Le diagnostic dressé est alarmant : un système marqué par des taux de rendement faibles, un niveau de déperdition élevé, des acquis pédagogiques faibles, la banalisation des incivilités et une insertion professionnelle en deçà des attentes.

Le Conseil a certes énuméré quelques avancées, mais elles sont plombées par les nombreuses défaillances. La déperdition scolaire est le fléau qui mine le plus le système scolaire. Si le taux net de scolarisation au primaire est à 94%, il n’en demeure pas moins que seul un élève sur cinq achève le cycle collégial. « Le parcours du combattant débute dès la première année du primaire avec un taux de redoublement de 17% », commente le Conseil supérieur. Un taux qui varie en moyenne de 13% pour l’ensemble du primaire et de 17% au secondaire. Des pics de plus de 30% sont enregistrés durant la troisième année du collégial et la deuxième année du baccalauréat. Conséquence : moins de cinq élèves sur dix sont inscrits dans les niveaux qui correspondent à leur classe d’âge. Pis encore, sur 100 élèves inscrits au primaire, seuls 13 obtiennent le baccalauréat et 3 seulement effectuent un parcours scolaire sans faute. Cette déperdition représente des pertes sèches en capital humain et en ressources. « Le coût de la non-scolarisation et de la déscolarisation serait évalué à 2% du PIB », affirme le Conseil supérieur.

De leur côté, les élèves que le système retient ne sont pas mieux lotis. Ils ne maîtrisent pas des savoirs fondamentaux. La lecture, l’écriture, le calcul et les langues sont en recul. Sur le registre des langues par exemple, une proportion importante des élèves n’a pas une maîtrise suffisante de l’arabe classique et encore moins des langues étrangères : une personne alphabétisée sur deux de plus de 10 ans estime savoir parler et écrire l’arabe et une autre langue, principalement le français. Cette faiblesse est pénalisante à l’école et plus tard dans l’environnement professionnel. Les employeurs la citent d’ailleurs comme l’une des principales faiblesses à l’emploi.

Les défaillances du système scolaire sont attribuées à la gouvernance jugée hésitante et peu responsabilisante, au déficit de formation des enseignants, ainsi qu’aux ressources financières et leurs allocations.

Avec 37 milliards de dirhams en 2008, le budget consacré à l’éducation-formation est jugé insuffisant face aux objectifs affichés. L’essentiel des ressources est affecté à la paie des fonctionnaires et seulement 12% à l’investissement et l’équipement.

Source : L’Economiste - Khadija Masmoudi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Education - Emploi - Budget - Développement - Enfant

Ces articles devraient vous intéresser :

Les Marocains de plus en plus obèses

Près de la moitié de la population marocaine (46 %) sera obèse d’ici 2035, selon les prévisions de la World Obesity Forum.

Les Marocains partiront à la retraite plus tard

Le Maroc s’est engagé dans la voie de réforme de son système de retraite visant à rétablir l’équilibre financier des régimes. Et l’une des principales dispositions du nouveau texte est le relèvement de l’âge de départ à la retraite à 65 ans. La...

Statut d’auto-entrepreneur au Maroc : après l’euphorie, le flop ?

Lancé en 2015, le statut auto-entrepreneurs semble ne plus être une solution à l’informel et au chômage. Le bilan en est la parfaite illustration.

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Écoles françaises au Maroc : polémique sur l’homosexualité

Chakib Benmoussa, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement primaire et des Sports, s’est exprimé sur l’adoption par des institutions éducatives étrangères au Maroc de programmes promouvant l’homosexualité.

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.

L’anglais s’impose peu à peu dans l’école marocaine

Petit à petit, l’insertion de l’anglais dans l’enseignement se généralise au Maroc. Après le primaire, c’est au tour du collège, selon un communiqué du ministère de l’Éducation nationale dès la prochaine année scolaire.

Aéronautique : le Maroc décolle et concurrence les géants européens

À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.