El-Kalaâ M’Gouna : quand la ville se couvre de pétales de roses

14 avril 2004 - 16h09 - Maroc - Ecrit par :

La terre est rêche sur ces étendues plissées de vent et de soleil. De chaque côté de la bande de bitume qui mène de Ouarzazate, au sud-est du Maroc, à El-Kalaâ M’Gouna, par la vallée du Dadès, les chemins s’en vont, se croisent, et se perdent vers les montagnes du Haut Atlas ou vers les chaînes du djebel Sarhro.

Des pierres, rien que des pierres, on dirait le désert, et c’est déjà le désert. Parfois une oasis, comme celle de Skoura, où d’incroyables casbahs ressemblent à d’immenses châteaux de sable que le temps aurait délabrés.

La route file de nouveau, un trait noir au milieu d’une palette d’ocres intenses. Soudain une couleur plus légère, presque transparente, celle de la Rosa damaskina : c’est le printemps, et un panneau signale l’entrée dans la vallée des Roses, un monde à part.

Ici, la plus petite parcelle autour des maisons est plantée de rosiers bas. Toute cette vallée vit de la récolte des pétales. Séchés, ils sont transformés en une multitude de produits divers, variés, mais toujours dans la même tonalité.

C’est ainsi qu’à El-Kalaâ M’Gouna une kyrielle d’échoppes, portes ouvertes sur la rue, propose savons en forme de cœur, crèmes, huiles, shampooings ou bouteilles d’eau évidemment de rose... Au mois de mai, les 8, 9 et 10 cette année, la petite ville célèbre sa dernière récolte, fait la fête : trois jours de musiques et de danses traditionnelles, et d’odeurs qui enivrent.

D’El-Kalaâ M’Gouna, il faut prendre la route vers les contreforts de l’oued M’Goun. Très vite elle devient piste et poussière, traverse le village d’Ifrar, où l’argile est d’un vif rouge, et parvient enfin sur un long plateau où s’éparpillent quelques troupeaux.

L’été, quand le soleil brille trop sur le désert de sable, les nomades viennent se réfugier dans les grottes de cette montagne. Plus loin encore, au sommet du col de Talouit (2 080 m) apparaît en contrebas la vallée cachée du M’Goun, ondulation de verdure et de fraîcheur.

Alors des lacets serrés, entre des rochers qui descendent en cascade, emportent au fond du canyon jusqu’à Bou Thrarar, un village paisible comme sorti d’une carte postale d’un Maroc qui n’aurait pas changé : maisons de guingois en pisé, ruelles royaume des enfants, et au bord de l’eau des oliviers, des grenadiers, des pommiers et le chant des oiseaux.

Il suffit pourtant, dès la sortie de Bou Thrarar, de traverser un oued à sec pour retrouver le bitume, les voitures, les camions qui klaxonnent et une ville, Boumaine du Dadès. Encore quelques kilomètres et ce sera de nouveau El-Kalaâ M’Gouna, ses terrasses de café au soleil et ses roses.

Bruno Caussé pour le Journal Le Monde

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Environnement - Kalaat M’Gouna

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc envahi par les chiens interdits

Alors que la loi relative à « la prévention et la protection des personnes contre les dangers des chiens », interdit la possession, la domestication, l’achat, la vente et l’élevage de chiens classés comme dangereux, nombreux sont les jeunes qui...

Safi : le maire s’octroie un garage en douce, la colère gronde

Le président de la commune urbaine d’Asfi a construit sans autorisation préalable un garage souterrain pour sa maison de deux étages, en chantier dans le quartier Miftah Al Rahma, suscitant l’indignation et la colère des résidents et des défenseurs des...

Maroc : des coupures d’eau envisagées

Alors que le Maroc subit actuellement sa sixième année de sécheresse consécutive, le gouvernement envisage de prendre des décisions radicales pour rationaliser l’eau potable.

Investissements massifs au Maroc, 76,7 milliards de dirhams, 20 000 emplois

La Commission nationale des investissements a donné son aval à une série de 21 projets. L’investissement global de ces projets s’élève à 76,7 milliards de dirhams, l’équivalent de 6,98 milliards d’euros, selon un communiqué officiel du gouvernement.

Le Maroc interdit l’importation de véhicules polluants

Le Maroc poursuit ses efforts visant à réduire l’impact de la pollution sur la santé des citoyens et sur l’environnement. Le ministère du Transport et de la logistique et le département de la Transition énergétique et du développement durable ont pris...

Maroc : les écologistes s’insurgent contre l’invasion des palmiers américains

Au Maroc, des écologistes appellent à mettre fin à la « plantation anarchique » de palmiers d’origine américaine et à adopter une « politique de reboisement réfléchi dans l’aménagement du territoire ».

Énergie verte : partenariat entre le Maroc et l’UE

Le Maroc et l’Union européenne s’apprêtent à signer une alliance verte, qui permettra de renforcer les efforts du royaume dans la lutte contre le changement climatique.

Un mystérieux cratère apparaît au Maroc après le séisme

Après le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre qui a secoué le Maroc, une fosse géante s’est formée dans une zone rurale. Le séisme a-t-il favorisé sa formation ?

Maroc : « Marée » de déchets après les iftars sur les plages

Les associations de défense de l’environnement dénoncent le non-respect des règles environnementales par certaines familles qui laissent d’importantes quantités de déchets sur les plages après y avoir rompu le jeûne pendant le mois de Ramadan.

Autoroutes du Maroc : un nouveau projet passe mal

Anouar Benazzouz, directeur général de la Société nationale des autoroutes du Maroc, a annoncé le lancement d’un projet de reboisement des abords des autoroutes marocaines.