Investisseurs étrangers, pourquoi ils choisissent le Maroc

27 mars 2007 - 00h00 - Economie - Ecrit par : L.A

Les investisseurs étrangers cherchent avant tout la réponse à la question politique de la sécurité de leurs investissements dans un pays. Ils veulent avoir une confiance totale. Or aujourd’hui, quand ion interroge les investisseurs étrangers, ils ne se posent plus le problème de l’instabilité politique du Maroc.

Ce qui est un grand acquis sachant que dans les années 1980-90, la première question que posait un étranger qui prospectait d’investir au Maroc portait sur la stabilité du régime politique, les conflits éventuels au sein de la société, l’encadrement politique avant de s’interroger sur les équilibres économiques et les agrégats macro-économiques qui les traduisent. Il est très important de constater que tant pour les investisseurs des pays du Golfe que pour les Anglo-Saxons, la stabilité politique du Royaume est bien établie. Ils s’interrogent désormais sur les données économiques l’équilibre budgétaire, l’inflation, l’état de la balance des paiements, les perspectives économiques…
Le Maroc est devenu un Etat de droit. Leurs critiques se limitent à la bureaucratie, à la lenteur de la justice ou encore la corruption.

Un rating injuste

Mais cette nouvelle donne n’est pas toujous perçue comme il se doit. En effet, le rating du Maroc n’a malheureusement pas bénéficié des mêmes faveurs. Le ministère des Finances a milité en faveur d’un meilleur rating pour faire évoluer ce dernier de BB+ vers l’investment grade. Ce qui n’a pas été acquis. Le Maroc doit renforcer cette demande par une approche markéting car il n’est pas normal que la Tunisie ait un meilleur rating alors que nos potentialités économiques dépassent celles de notre voisin et que la sécurité pour l’investissement étranger est plus grande chez nous.D’ailleurs, le volume des investissements étrangers au Maroc est très éloquent et témoigne du fait que ces investisseurs, contrairement aux agences de rating qui n’ont qu’une approche macroéconomique, ont aussi une approche microéconomique parce qu’ils viennent approfondir dans un secteur en particulier la fiabilité de leur projet. Le Maroc doit se mobiliser pour obtenir un meilleur rating sur la base de ses résultats économiques et sociaux. « Investment grade » est le premier niveau de notation dans la catégorie A. Cela le qualifierait de pays émergent ayant équilibré ses comptes et qui présente des perspectives favorables à long terme. C’est une appréciation à plus long terme alors que le BB+, notre appréciation actuelle, est fait sur le court terme et ne donne donc pas de visibilité suffisante à l’investisseur étranger.

Les investissements étrangers avoisinent les 3 milliards de dollars, 30 milliards de dirhams par an, alors que l’Algérie, qui des réserves de change de 70 milliards de dollars, n’arrive pas à en avoir le tiers comme le montrent les derniers chiffres publiés par la CNUCED, malgré ses ressources pétrolières.

L’offshoring,un pari win-win

L’autre élément qui attire les investissements étrangers ce sont les accords de partenariat que le Maroc a signé avec l’UE et celui de Libre Echange avec les Etats-Unis. Les investisseurs étrangers qui s’installent au Maroc intègrent dans leur stratégie d’en faire une plateforme de développement vers l’Europe ou les USA. Ils viennent créer de la valeur ajoutée locale au Maroc pour bénéficier de ces avantages de marchés destinataires. L’exemple type est celui de Légler avec une délocalisation au Maroc qui devait être partielle et qui concerne en fin de compte la totalité de la capacité de production au Maroc pour exporter des blue-jeans à l’échelle mondiale.

L’autre exemple est celui de l’industrie automobile dans la zone offshore de Tanger. Plusieurs opérateurs européens de l’Automobile se sont installés dans cette zone industrielle de Tanger pour produire au Maroc et exporter les équipements vers les usines de montage européennes, ce qui crée une richesse importante pour le Maroc. La même chose pour la technopole de Nouasser aujourd’hui, où l’aéronautique se délocalise progressivement mais sûrement. Le Maroc sera dans les prochaines années le pays du bassin méditerranéen qui aura la plateforme la plus importante de production sophistiquée de l’industrie aéronautique. Dans l’agro-alimentaire on projette de louer des terres agricoles de la deuxième tranche des SODEA SOGETA aux Européens pour faciliter les exportations vers l’UE.

Le Maroc a la grande chance d’être dans une position géostratégique très importante et peut aider au développement de la région. D’autant qu’il est déjà très avancé dans certaines réformes et notamment celle du marché financier. Il peut jouer le même rôle que pour le marché aérien. En effet, de plus en plus les pays d’Afrique de l’Ouest choisissent Casablanca comme aéroport d’accès au monde. Le Royaume est en train de devenir également une plateforme d’exportation des services financiers du fait de la délocalisation de tous les traitements d’opérations financières.

Ouvrir de nouvelles opportunités

Le Maroc doit chercher une cohérence de sa politique globale. En effet, il regorge de liquidités alimentées par les investissements étrangers. Celles-ci doivent être absorbées de façon productive. Les Pays du Golfe disposent de grands moyens financiers et ont choisi le Maroc comme un destinataire privilégié. Il faut que notre pays sache en profiter et qu’il capitalise sur cette confiance. Les introductions en bourse sont notamment un moyen fort de vendre le Maroc à l’extérieur. C’est à travers des introductions comme Maroc Telecom et Addoha que les investisseurs étrangers connaissent mieux notre pays. Cette tendance doit être poursuivie.

La Nouvelle Tribune - Afifa Dassouli

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