Jamila Ouzahir : l’intégration par la culture

27 décembre 2008 - 17h51 - Maroc - Ecrit par : L.A

Lors de la rencontre des Marocaines du monde tenue vendredi et samedi derniers à Marrakech, l’une d’entre elles, Jamila Ouzahir, a donné un témoignage touchant sur son parcours. Un itinéraire où l’épanouissement s’est fait par la culture.

"L’intégration passe par la culture"…les mots fusent, définitifs. Après 34 années en France, Jamila Ouzahir est convaincue du rôle de la Culture dans l’intégration : "La femme épanouie, que je suis, dans mon corps, et mon esprit en est le résultat" dit cette mère de deux filles, née dans la petite ville de Berkane.

Un parcours, une conviction

Pour tous les jeunes, où qu’ils vivent, elle adresse un unique message : "la culture permet de rêver, une qualité en disparition chez nos jeunes".

Plaider pour la promotion de la culture pour cette française d’origine marocaine n’est pas juste un slogan mais une conviction. Son parcours le montre bien.

Enfant, elle débarque en 1962 dans l’Hexagone, et vivra dans un bidonville de Nanterre. A 17 ans, elle fait face à un dilemme : un mariage forcé ou ne plus retourner en France.

"Enfant de la république", comme elle le précise, elle choisit le mariage pour ne pas se priver d’un espace qui lui tient à cœur. "J’ai une reconnaissance envers ce pays qui m’a permis grâce à l’éducation de faire ce que je veux", avoue-t-elle.

Après une licence en sociologie, Jamila Ouzahir noue une relation d’amour avec l’image. Pendant 12 ans, elle est directrice du Cinéma des cinéastes à Paris, et côtoie les grands noms du septième art. Elle fait les festivals de Cannes, de Berlin et monte plusieurs festivals dans le monde. Elle dirige les campagnes de nombreux grands films, dont Indigènes de Rachid Bouchareb, son travail actuel comme attachée de presse libre dans l’industrie du cinéma.

...Et une cause

Pour elle, le cinéma ne se limite pas à gagner son pain mais aussi à défendre une cause : dans la banlieue parisienne, elle initie les enfants des migrants à l’art de l’image. "Ce sont les spectateurs de demain ; l’image éveille chez eux l’esprit critique, et qui dit esprit critique dit implication et aussi intégration".

Elle évoque ces jeunes avec émotion : "Ils ne se sentent nulle part chez eux, ni dans le pays d’accueil, ni dans le pays d’origine de leur parents, ils vivent une perte d’identité".

Pour Jamila la France a "loupé" l’intégration. "Ils ont cantonné les immigrés dans des ghettos. Comment leurs enfants pourraient-ils s’y épanouir ?", s’interroge-t-elle, révoltée.

Elle responsabilise aussi les pays d’origines, le bled comme ces jeunes l’appellent, à faire de telle sorte que ces derniers s’intéressent à l’histoire, à la langue. "Envoyer en France des oulémas ne suffit pas, et lorsque ces jeunes viennent ici, certes on leur facilite le passage, on s’intéresse à leurs poches, mais pas à enrichir leur culture".

Que pense Jamila des jeunes qui veulent partir ? "Pour quoi faire ?", répond-t-elle. Ces jeunes, s’ils pouvaient baigner dans la culture auraient des armes pour réaliser leurs rêves, sans avoir besoin de quitter leur pays, résume-t-elle.

Source : Au Fait - Ahmed El Mekkoui

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