Le Maroc s’engage à lutter contre la culture du cannabis

22 décembre 2003 - 11h57 - Maroc - Ecrit par :

Le Maroc, longtemps accusé de laxisme envers le trafic de drogue, assure désormais s’être engagé avec l’aide de l’Onu dans un combat contre la culture du cannabis qui couvre 134.000 hectares dans le nord du royaume.

La publication le 15 décembre d’une enquête "officielle" sur le cannabis, réalisée conjointement avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la première du genre au Maroc, a été présentée comme le signal d’une résolution à stopper l’expansion de la culture du "kif" et à en réduire les superficies.

Cultivé depuis le XVème siècle dans le Rif central, le cannabis s’est étendu durant les 20 dernières années jusqu’à des terres de la côte atlantique au nord-ouest du pays.

En 2001, l’Agence du Nord (publique) avait estimé à 70.000 hectares la superficie cultivée en cannabis. L’évaluation qui vient d’être publiée pour 2003, doublant ce chiffre, a été obtenue au moyen d’observations sur le terrain appuyées sur des images de satellite.

La production globale en 2003 a ainsi été estimée à 47.400 tonnes de cannabis dont sont tirées 3.080 tonnes de résine (hashish), commercialisée pour l’essentiel en Europe. "Le Maroc est l’un des principaux pays producteurs de cannabis et le principal exportateur de résine de cannabis vers l’Europe", confirme l’enquête officielle.

Cette même étude montre clairement les difficultés de la lutte contre le cannabis, en raison notamment de la situation de grande dépendance économique dans laquelle se trouvent les 800.000 Marocains vivant en grande partie de cette culture illicite.

L’enquête assure néanmoins que les cultivateurs concernés ne tirent de ce trafic que 214 millions de dollars par an, alors que le chiffre d’affaires généré par cette production sur le marché mondial s’élève à 12 milliards de dollars.

Les autorités marocaines ont souligné la "responsabilité partagée" entre les producteurs marocains et les pays consommateurs - essentiellement les pays européens - qui entretiennent à la fois la demande de haschisch et, en grande partie, le trafic illégal dont ils retirent l’essentiel des revenus.

Appelant à une coopération internationale "indispensable", les responsables veulent favoriser le développement socio-économique de la région du Rif, y développer de "véritables centres urbains" et introduire des cultures de substitution commercialisables.

Des tentatives d’introduction de cultures alternatives se sont heurtées dans le passé au problème des rendements financiers - très inférieurs à ceux du cannabis pour les cultures vivrières. Les terres cultivées en orge, par exemple, rapportent 7 à 8 fois moins que celles cultivées en cannabis.

Si peu de mesures concrètes sont prises pour combattre la culture du cannabis, dans cette région montagneuse au demeurant difficile d’accès, le trafic de drogue a été à l’origine de plusieurs procès dont l’homme de la rue estime généralement qu’ils "ne vont pas jusqu’au bout".

Une importante enquête a été déclenchée à Tétouan (nord) en août dernier, après un affrontement entre bandes rivales qui a conduit à l’arrestation de 31 personnes. Parmi elles figurent des magistrats, des greffiers, un président de collectivité locale et, selon la presse, "de hauts responsables des forces de sécurité, de la gendarmerie royale et de l’Administration des douanes".

Traduits le 9 décembre à Rabat devant la Cour spéciale de justice, ils sont poursuivis pour "implication dans le trafic international de stupéfiants, abus de pouvoir, corruption et détention d’armes sans autorisation".

AFP

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