Le tsunami asiatique déclenche une tempête médiatique au Maroc

15 janvier 2005 - 14h16 - Maroc - Ecrit par :

Sous le titre "Tourisme sexuel et tsunami", le quotidien "Attajdid", organe du parti islamiste "modéré" de la justice et du développement (PJD), principale force parlementaire d’opposition, a publié le 6 janvier un éditorial qui a déclenché la polémique.

Evoquant le tsunami, "Attajdid" écrit : "nous devons tous -gouvernement et peuple-nous arrêter longuement sur un événement en rapport avec le tourisme sexuel, l’homosexualité, le trafic d’enfants, et le silence officiel à ce sujet."

"Le Maroc est en train de devenir la prochaine destination pour ce tourisme de débauche", poursuit le quotidien islamiste, qui estime que le meilleur système d’alerte contre ce type de catastrophe est "le respect des enseignements de la religion".

Cette analyse théologique, relayée dans certaines mosquées, a suscité une vive réaction de plusieurs journaux ("Al Bayane", "Ittihad al Ichtiraki", "Libération", "Al Adath al Maghribya"), qui ont dénoncé son caractère "obscurantiste" et "dangereux".

"Le PJD relance la machine à excommunier", titrait ainsi vendredi "Aujourd’hui le Maroc", s’inquiétant du "risque de confrontation" que de telles analyses font peser sur le débat politique national.

"Prétendre que cette catastrophe est une réponse divine au tourisme sexuel est une atteinte non seulement aux populations victimes mais aussi à tout être humain", s’est pour sa part émue l’Organisation marocaine de lutte contre la haine et le racisme, créée au lendemain des attentats islamistes de Casablanca (45 morts, le 16 mai 2003).

Dernier épisode, la mise en cause par "Attajdid" du "manque d’objectivité" d’un reportage diffusé mardi par la télévision 2M sur cette polémique.

Le journaliste-réalisateur du reportage de 2M, Tawfik Debbab, a justifié vendredi son engagement éditorial pour dénoncer "l’intolérance" du journal "Attajdid".

"Ils ont instrumentalisé la question du tsunami", a-t-il déclaré à l’Associated Press. "Pour moi, c’est une incitation à la violence, à la haine. C’est un message pour aller bombarder les hôtels de touristes ou les lieux considérés de débauche à Agadir, Tanger ou Marrakech, comme cela Dieu nous épargnera."

"Ce genre de discours nourrit un climat malsain comme celui qui prévalait à la veille du 16 mai", poursuit le journaliste, qui affirme avoir fait l’objet d’insultes téléphoniques anonymes.

Se présentant comme "victime" d’une campagne des "éradicateurs" anti-islamistes, "Attajdid" écrit : "On peut s’interroger sur les raisons de cette ’Intifada’. S’agit-il de défendre le tourisme sexuel dans notre pays ?"

Nicolas Marmié - Canadian Press - Ap

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