Maroc-Espagne : Nouveau pas dans la coopération sécuritaire

22 février 2005 - 23h12 - Espagne - Ecrit par :

José Antonio Alonso n’est pas venu à Rabat pour rien. Le ministre espagnol de l’Intérieur a été reçu par le Souverain avant de se rendre chez son homologue Mustapha Sahel, accompagné d’une forte délégation composée de Mme Soledad Lopez Fernandez, sous-secrétaire d’Etat à l’Intérieur et les DG de la police et de la Guardia civil.

Avec une équipe pareille, l’ordre du jour de la visite ne pouvait être que sécuritaires : lutte contre le terrorisme, émigration clandestine, trafic de drogue. Cependant, on a beaucoup parlé des moyens pour développer la coopération opérationnelle. C’est dans ce sens que les deux ministres ont pris une série de mesures pour échanger les informations de police et lutter contre les phénomènes délictueux, a déclaré Alonso lors d’une conférence de presse donnée conjointement avec Sahel jeudi dernier. Ainsi, la décision de créer une ligne directe, pour échanger des renseignements en temps réel, a été prise. Le combat contre le terrorisme n’attend pas. Au cours de cette réunion, les deux ministres ont donné des ordres aux directeurs de police des deux pays afin de voir comment structurer et mettre en œuvre cette opération, précisera le ministre espagnol beaucoup plus prolixe que son homologue marocain lors de ce point de presse.
Autre chapitre abordé, l’émigration clandestine. Les deux pays ont convenu de se doter de moyens suffisants pour contrôler les flux de pateras et démanteler les mafias qui organisent ce trafic. Le ministre espagnol n’a pas omis de rappeler que le Maroc souffre également de vagues d’émigration clandestine en provenance des pays subsahariens. L’Espagne et la France appuient les efforts de Rabat pour contrer cette nouvelle émigration, intéressée par la traversée de la Méditerranée. Le programme Meda prévoit des fonds dans ce sens.
Toujours sur ce chapitre, le ministre est revenu sur l’opération de régularisation des immigrés clandestins que Madrid a lancée la semaine dernière. Le gouvernement est disposé à régulariser le séjour d’un contingent d’émigrés correspondant au niveau de la demande du marché de travail, dira Alonso avant de préciser qu’il était impératif d’intégrer les clandestins ayant un contrat de travail. Attention, cette opération de régularisation sera accompagnée par un processus de sanctions et de contrôle, prévient le ministre de l’Intérieur. La détermination des deux pays pour lutter contre le trafic de drogue transitant par le détroit est également manifeste. Sur ces deux registres, la coopération bilatérale sera renforcée. Des patrouilles mixtes et des officiers de liaison existent. Il s’agit de développer les systèmes de surveillance. L’enquête est également un aspect important, a souligné Alonso. Les deux pays développent les techniques de la police scientifique pour lutter contre les organisations terroristes et les mafias du trafic de drogue et des humains.
La collaboration bilatérale s’étend également à l’échange d’expériences en matière de documentation. C’est le cas du projet de créer des cartes d’identité électroniques. La circulation des personnes dans une région stratégique nécessite des documents sûrs pour éviter d’être à la merci de trafiquants de toutes sortes.
Le ministre espagnol est revenu également sur certains succès de la coopération, qualifiée de “positive”, à l’instar de ce qui se fait traditionnellement dans la lutte contre les incendies de forêts ou encore le transit massif des Marocains résidents à l’Etranger au cours de l’été. D’ailleurs, au cours de cette visite, les deux ministres ont décidé de commencer déjà à préparer le passage du détroit, un exemple de cohabitation au niveau international, pour reprendre les termes du ministre. Près de 2 millions de personnes et 600.000 véhicules traversent le détroit pendant cette période. Il faudra leur assurer un meilleur accueil et un transit sans incidents.
La décentralisation, importante pour le développement économique des régions, a été aussi abordée. Le gouvernement encourage les régions à nouer des partenariats avec leurs homologues de l’autre rive de la Méditerranée, a rappelé Sahel qui a cité en exemple la coopération entre Les Canaries et Souss Massa. Les régions ont donc un rôle à jouer et devront profiter de l’antériorité de l’expérience des collectivités locales en Espagne.

L’Economiste

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Rabat - Défense - Armement

Aller plus loin

Le Maroc et les Pays-Bas renforcent leur coopération sécuritaire

Une «  lettre d’intention  » a été signée entre le directeur général de la Sûreté nationale (DGSN) et le directeur de la Police des Pays-Bas. Elle définit clairement les volets...

Ces articles devraient vous intéresser :

Espagne : Navantia démarre la construction du patrouilleur marocain

Les chantiers navals de Navantia, situés à Puerto Real et San Fernando, ont lancé lundi la construction d’un navire spécialisé pour la Marine espagnole, le “Poséidon”, ainsi que d’un patrouilleur hauturier destiné à la Marine Royale Marocaine.

Le Polisario craint toujours les drones marocains

Le Front Polisario craint de plus en plus les attaques par drone du Maroc au Sahara. Depuis la reprise en 2021 d’un conflit de faible intensité entre les deux parties, une vingtaine d’attaques ont été déjà enregistrées selon un rapport de l’ONU.

Armée marocaine : budget record et capacités renforcées

Le budget du ministère marocain de la Défense atteint le niveau record de 124,7 milliards de dirhams (12,2 milliards de dollars). Et, les Forces armées royales (FAR) prévoient de conclure des accords records pour renforcer leurs capacités.

Les F-16 Viper de Lockheed Martin bientôt en action au Maroc

Les 25 avions de combat américains F-16 VIPER fabriqués par le groupe américain Lockheed Martin sont en passe d’être livrés au Maroc.

Le Maroc équipe ses avions F-16 d’un blindage de pointe

Le Maroc a acquis un blindage de pointe auprès de la société américaine L3Harris Technologies spécialisée dans le matériel militaire de surveillance, les armes à énergie dirigée, la guerre électronique, pour ses avions F-16.

Le Polisario craint les drones marocains

Le Polisario se plaint de l’utilisation par le Maroc de drones chinois contre ses milices dans le Sahara.

L’armée marocaine envoie l’artillerie lourde au Sahara

Après avoir prolongé en 2021 le mur de défense de 50 km à l’est pour sécuriser Touizgui dans la province d’Assa-Zag et compléter le dispositif sécuritaire à l’est, les Forces armées royales (FAR) ont déployé l’artillerie lourde dans la même zone.

Sahara : un drone marocain abattu par le Polisario ?

Des images montrant un drone prétendument marocain abattu par le Polisario dans le Sahara circulent sur les réseaux sociaux. De quoi s’agit-il en réalité ?

La normalisation des relations avec le Maroc booste les exportations d’armes israéliennes

Depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, les exportations d’armes israéliennes ne cessent d’augmenter. Une hausse de 30 % a été enregistrée l’année dernière grâce, notamment, au Maroc.

Le Maroc aurait réceptionné des drones SpyX israéliens

Les Forces armées royales (FAR) marocaines auraient réceptionné un lot de drones suicides SpyX développés par la société israélienne BlueBird Aero System.