Maroc/UE : des aides mais aussi des conditions

31 mars 2009 - 20h12 - Maroc - Ecrit par : L.A

Hauts responsables de l’Union européenne et technocrates en poste à Bruxelles ne sont pas avares en compliments à l’égard du Maroc quand il s’agit d’apprécier ses réalisations par rapport à celles de leurs autres partenaires du pourtour méditerranéen. « Pays de référence » « situation d’avant-garde dans la sous-région », « importantes avancées en matière de gouvernance et dans les domaines économique et social »...

Ce sont quelques-unes des observations entendues, lors des différents exposés faits devant quelques représentants de la presse locale en visite au sein des institutions européennes du 16 au 19 mars. Preuve que l’Europe soutient fermement le Maroc à poursuivre les réformes, les officiels ont mis en exergue à plusieurs reprises le montant conséquent des aides financières consenties depuis la signature de l’accord d’association qui est entré en vigueur en 2000.

Rien que pour la période 2007-2010, il lui est alloué 654 millions d’euros (7,3 milliards de DH) au titre du programme indicatif national qui comprend cinq axes : secteur social (réduction de la pauvreté, alphabétisation, réforme de l’assurance maladie, santé...), droits de l’homme et gouvernance (appui au ministère de la justice, droits de l’homme), renforcement institutionnel (réforme de l’administration publique, programme d’appui au plan d’action), modernisation économique (investissement et exportation des produits industriels, formation professionnelle, agriculture, amélioration des routes, énergie) et environnement (dépollution, traitement des déchets). Sur cette période, le Maroc est le premier bénéficiaire des subventions européennes parmi les pays concernés par la politique du voisinage.

Et l’Europe dit même être prête à augmenter ses contributions. « Si un pays fait plus, nous en faisons plus », a d’ailleurs déclaré Benita Ferrero-Waldner, commissaire pour les relations extérieures et la politique du voisinage.

Ce sera sans doute le cas dans les prochaines années parce que les relations entre les deux parties ont franchi un nouveau palier avec le rang de statut avancé auquel aspire le Royaume. La concrétisation des différents points de la feuille de route nécessitera un accompagnement financier conséquent, tant les chantiers ouverts, ou en instance, sont très lourds. Cette feuille de route, « très ambitieuse pour le développement de nos relations », a souligné Mme Ferrero Waldner, balaie tous les domaines de la coopération. Les deux parties s’accordent sur l’approfondissement de la coopération politique (sécurité, droits de l’homme, justice), l’intégration plus poussée dans le marché commun européen, l’instauration d’une zone de libre-échange renforcée et le renforcement de la coopération sectorielle (énergie, transport, éducation, agriculture, pêche...). A cet égard, le Maroc se résoudra, entre autres, à mettre son cadre législatif et technique (normes) en conformité avec les acquis communautaires. C’est un travail de longue haleine. D’ailleurs, aucune échéance n’est fixée.

Une contrepartie difficile à accepter pour le Maroc

Toutefois, le coup de pouce des Vingt-sept n’est pas mu par une simple philanthropie. L’UE a tout simplement compris que la stabilité dans la région (au sud de la Méditerranée comme en Europe de l’est) est indispensable pour que ses membres puissent continuer à prospérer. Elle cherche dans la même veine à endiguer le flot des immigrés clandestins à la recherche d’un mieux-être dans le Vieux Continent. A ce niveau, le Maroc est appelé avec insistance à jouer un rôle de premier plan. La commissaire européenne l’a rappelé en des termes à peine voilés. Non sans souligner que l’UE a répondu favorablement à un certain nombre de requêtes marocaines, elle a fait savoir en substance que les négociations sur l’accord de réadmission (le fait de renvoyer vers le Maroc tout immigré clandestin qui aurait transité par ses frontières) traîne depuis 2003 et qu’il est temps de les conclure, c’est-à-dire dans les meilleurs délais. Un dossier chaud, s’il en est.

De ce côté-ci, on accepte difficilement de jouer la partition demandée pour des raisons objectives : le risque d’hériter de « la patate chaude » avec toutes les conséquences -financières et sociales- qui en découlent, et la peur d’être cloué au pilori, à la moindre bavure, par les organisations non gouvernementales de défense des droits de l’homme qui, d’ailleurs, sont foncièrement hostiles à tout accord dans ce sens. Les négociateurs devront donc faire preuve d’ingéniosité pour ne pas céder à la pression de l’UE qui fait de ce dossier une priorité.

Source : La vie éco - Alié Dior Ndour

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration clandestine - Union européenne - Statut avancé

Ces articles devraient vous intéresser :

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Accord de pêche : le Maroc et l’UE font le point

La quatrième Commission mixte de l’Accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et le Maroc s’est réunie les 9 et 10 novembre à Rabat.

Le Maroc veut exporter de l’hydrogène vert vers l’UE d’ici 2050

Le Maroc veut continuer à produire davantage de l’hydrogène vert pour poursuivre sa transition énergétique et devenir à terme un grand exportateur du combustible vers l’UE.

Le Maroc déterminé à renouveler l’accord de pêche avec l’UE

Réagissant au sujet de l’accord de pêche avec l’Union européenne qui expire le 17 juillet, le ministre marocain de l’Agriculture et de la pêche, Mohamed Sadiki, a assuré mercredi que le Maroc « est prêt à tout scénario » et utilisera « une autre règle...

Les Marocains parmi les plus expulsés d’Europe

Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».

Le Maroc dans le Top 10 mondial des fournisseurs de fruits surgelés

Le Maroc a quadruplé ses exportations de framboise surgelée vers l’Union européenne (UE) en deux ans, passant de 3 600 tonnes en 2020 à 16 700 tonnes en 2022.

Des soldats marocains accusés d’avoir tiré à balles réelles sur des migrants

L’Espagne a ouvert une enquête concernant des allégations de tirs sur des migrants tentant de rejoindre les îles Canaries depuis le Maroc. Une association caritative affirme que des soldats marocains auraient ouvert le feu sur ces migrants,...

L’Union Européenne brise le tabou des droits humains au Maroc

Le Parlement Européen tiendra la semaine prochaine une séance plénière pour discuter des droits humains au Maroc, une première en 25 ans. Cette décision a été prise suite au scandale de corruption « MoroccoGate » qui a touché l’institution européenne,...

Youssef Amrani officiellement ambassadeur du Maroc auprès de l’UE

Nommé en octobre 2021 par le roi Mohammed VI au poste d’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Youssef Amrani aurait reçu en cette fin d’année, l’accord des instances européennes pour démarrer sa mission.

Le Polisario s’oppose à tout à accord de pêche entre le Maroc et l’Europe

Faisant référence à l’accord de pêche qui expire ce lundi 17 juillet, le Front Polisario a déclaré dimanche qu’il rejettera tout accord entre l’Union européenne et le Maroc qui affecte « le sol, la mer territoriale ou l’espace aérien » du Sahara...