Mustapha El Khalfi et ses frères les épouvantails

13 mai 2012 - 11h29 - Maroc - Ecrit par :

J’avais écrit il y a quelques jours un article traitant de l’affaire des cahiers des charges d’El Khalfi. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et bien des péripéties se sont déroulées. La tournure des événements a pris des tournants drastiques.

Benkirane et son ministre de la communication ont « discuté » avec le roi à propos de ces cahiers des charges. Ils ont déclaré que la discussion était fructueuse et que le roi appuyait leur volonté de réformer les médias publics. De belles paroles. Juste après, on a entendu Benkirane affirmer que « les appels à la prière ont leur place à la mosquée et non sur les chaines télévisées », les cahiers des charges ont été ensuite confiés à une commission présidée par le ministre de l’habitat et retirés à El Khalfi – l’exception marocaine a frappé encore une fois - et les anciens cahiers ont été maintenus en vigueur. Et pour clore le spectacle, le président de la HACA ayant validé les cahiers des charges a été royalement retiré de son poste.

On est loin de la vigueur avec laquelle El Khalfi défendait ses cahiers des charges, on est bien loin de sa menace de démission. De cela, on est passé à des déclarations où il mettait de l’eau dans son vin en affirmant que les cahiers appartenaient à tous les Marocains et qu’ils comprenaient des clauses sujette à modification … Ce qui m’intrigue dans cette affaire c’est la célérité avec laquelle le ministre a délaissé sa dignité, celui qui criait avec colère que le peuple l’avait choisi pour réformer les médias publics.

Si l’on était dans un pays où les ministres avaient du courage politique et savaient garder leur dignité, El Khalfi aurait déposé sa démission. Mais au contraire, on se met à justifier l’injustifiable, à atténuer les discours et à diluer les vérités. Cette affaire était devenue pour l’opposition un régal où chaque député s’amusait à puiser dans la langue de bois pour fustiger « les dérapages du gouvernement » et sa négligence de « l’approche participative ».

Les premières séquelles d’affrontement avec les centres du pouvoir ont démontré une lâcheté inexorable de la part du gouvernement mené par le PJD. Au lieu de continuer avec le leitmotiv de « bâtir et réformer ensemble, gouvernement et monarchie », vous devriez avoir le courage de dénoncer les obstacles qui vous sont dressés au lieu de cajoler le palais et son entourage.

Le constat s’affirme pour la énième fois : les rouages du pouvoir et des centres de décisions sont biaisés. Le régent demeure le roi, avec un gouvernement composé de ses conseillers. Tandis que le gouvernement Benkirane ne constitue qu’une mascarade servant à encaisser les critiques du peuple, des épouvantails qui ne font qu’accentuer le caractère « salvateur » de la monarchie absolue. Les épouvantails deviennent adeptes de la rente et de la mascarade jusqu’à ce qu’un vent « saint » les emporte pour ramener de nouveaux pantins. Tout cela sous le couvert d’une nouvelle constitution étriquée de tous les côtés et sous les chants de « la lutte contre la corruption ».

Comment pourrait-on attendre d’un tel gouvernement, qui délaisse ses cahiers de charge d’une manière si lamentable, qui s’effrite si majestueusement et d’une manière si lâche, la résolution de problèmes si sérieux que le chômage, la crise économique et la pauvreté ? J’ai défendu El Khalfi lorsqu’il défendait sa cause et ses prérogatives, mais je ne peux que le blâmer pour cette fin misérable, la fin d’un épouvantail !

Mahdi Zahraoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Mohammed VI - Nabil Benabdellah - Haute Autorité de la communication audiovisuelle (Haca) - Abdelilah Benkirane - Mustapha El Khalfi - Gouvernement marocain - Ministère de la Communication

Ces articles devraient vous intéresser :

Des prières rogatoires dans les synagogues marocaines

Après les mosquées, c’est au tour des synagogues au Maroc d’accueillir des prières rogatoires en faveur de la pluie.

Maroc : 40 milliards de dollars pour changer le visage du transport

Le Maroc s’apprête à mettre en œuvre la vision stratégique lancée par le roi Mohammed VI, afin de « placer le pays sur la voie d’un développement économique et social durable et global ».

Les chrétiens marocains contraints de vivre leur foi en secret

Les chrétiens marocains sont rejetés par leurs familles et la société. Bien que la Constitution de 2011 garantisse la liberté de conscience, la pratique d’une religion autre que l’islam sunnite est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans...

Décès de Khadija Assad : le roi Mohammed VI adresse un message à la famille

Le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances à la famille de la grande artiste feue Khadija Assad, décédée la nuit dernière des suites d’une longue maladie.

Académie Mohammed VI, un vivier de qualité au service du football marocain

Pensée et inaugurée en 2009 par le roi Mohammed VI, l’académie Mohammed VI (AMF) est devenue, au fil des ans, un vivier de qualité au service du football marocain, mais aussi du football français. Le Maroc doit en partie sa percée à la coupe du monde...

Youssef Amrani officiellement ambassadeur du Maroc auprès de l’UE

Nommé en octobre 2021 par le roi Mohammed VI au poste d’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Youssef Amrani aurait reçu en cette fin d’année, l’accord des instances européennes pour démarrer sa mission.

Remaniement ministériel au Maroc : les noms qui circulent

Un remaniement ministériel s’annonce imminent. Qui sont ceux qui ne feront plus partie de l’équipe d’Aziz Akhannouch ou garderont leurs portefeuilles ?

Le roi Mohammed VI ne fera plus de discours du 20 août

Le roi Mohammed VI ne prononcera plus le discours de la célébration de la Révolution du Roi et du Peuple le 20 août. Celui-ci, selon le Cabinet royal est trop proche du discours du Trône et celui de la rentrée parlementaire.

Aïd al-Fitr au Maroc : jour de congé supplémentaire

Le gouvernement marocain a pris une mesure exceptionnelle en décidant d’accorder un jour de congé supplémentaire aux fonctionnaires de l’État à l’occasion de la fête de l’Aïd al-Fitr, qui devrait avoir lieu au Maroc le samedi 22 avril prochain.

Bouteille de gaz au Maroc : le prix flambe à partir d’avril

Le compte à rebours est lancé. À partir du 1ᵉʳ avril 2024, les Marocains devront mettre la main à la poche pour se procurer une bouteille de gaz butane. Exit la subvention de l’État, le prix passera de 40 à 50 dirhams, actant la première étape d’une...