Affaire Ben Barka : des ONG marocaines manifesteront à Paris

22 octobre 2002 - 17h20 - Monde - Ecrit par :

Des associations marocaines participeront à une manifestation à la mémoire de l’opposant Mehdi Ben Barka, disparu en 1965, organisée à Paris le 29 octobre, date de son enlèvement, ont annoncé lundi à Rabat des organisations de défense des droits de l’Homme.

La commémoration sera organisée devant la brasserie Lipp, au coeur de Paris, où avait été enlevé le leader de la gauche marocaine le 29 octobre 1965. Trois ONG marocaines y participeront : l’Association marocaine des droits humains (AMDH), l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH) et le Forum vérité et justice (FVJ).

Une manifestation similaire est prévue à Rabat le même jour devant le Parlement marocain, ont précisé les responsables des trois ONG lors d’une conférence de presse à Rabat.

De nombreux défenseurs marocains des droits de l’Homme participeront à ce déplacement, comme Abderrahmane Benameur (ancien président de l’AMDH), l’avocat Abderrahim Berrada, Abdelaziz Bennani (ancien président de l’OMDH), Mohamed Sektaoui, président de la section Amnesty-Maroc ainsi que d’autres représentants de la société civile marocaine.

"Les dossiers de la disparition sont toujours ouverts" au Maroc, a déploré Mohamed Sebbar, estimant que les services secrets marocains et français sont impliqués dans l’affaire Ben Barka qui n’a pas encore été élucidée.

Un ancien agent des services secrets marocains, Ahmed Boukhari, a publié un livre-témoignage sur l’affaire Ben Barka. Après l’enlèvement, assure-t-il, le dirigeant socialiste a été torturé puis assassiné par le général Mohammed Oufkir, alors ministre marocain de l’Intérieur, et son adjoint, le commandant Ahmed Dlimi, aujourd’hui décédés.

Selon M. Boukhari, Ben Barka est mort le 30 octobre 1965 dans une villa à Fontenay-le-Vicomte. Sa dépouille aurait été rapatriée à Rabat où elle aurait été dissoute dans une cuve d’acide.

Le juge français chargé de l’affaire Ben Barka en France, Jean-Baptiste Parlos, a convoqué Ahmed Boukhari pour l’interroger mais l’ancien agent n’a pu se rendre à Paris faute de passeport, un "empêchement administratif" délibéré selon les associations des droits de l’Homme.

"L’obstacle principal à la manifestation de toute la vérité a été et reste "la raison d’Etat", scandaleusement invoquée ou érigée par ceux-là mêmes dont les services sont impliqués dans le crime, au Maroc, en France et ailleurs", avaient estimé ces associations dans un récent communiqué.

Divers "pèlerinages" ont déjà été organisés par les défenseurs marocains des droits de l’Homme en appui à leur exigence de vérité sur les "années de plomb" au Maroc (1960-1990). Ils se sont notamment rendus devant les anciens bagnes du sud-est du Maroc, à Tazmamart et Kalâat M’Gouna, ainsi que devant le centre de torture de Derb Moulay Cherif, à Casablanca.

AFP

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