Casablanca : Contraste flagrant entre les quartiers de la métropole

28 août 2007 - 00h16 - Maroc - Ecrit par : L.A

Bâtiments modernes et bidonvilles se côtoient brutalement
A quelques mètres des plus prestigieuses villas de la métropole, s’étend un des plus grands et anciens bidonvilles de la ville. L’endroit semble être isolé du monde extérieur. Le fossé qui sépare ce « kariane » des régions avoisinantes est d’autant plus large qu’on ne peut faire de comparaison.

En franchissant le seuil de ce « quartier » en zinc, on a l’impression de revenir des années en arrière dans un monde où les principaux besoins d’une vie saine font défaut. Les panneaux publicitaires affichant des produits de luxe sont remplacés par des fils de linge tendus entre les baraques. Les jardins, piscines et terrains de jeux cèdent place à des taudis de deux mètres sur deux construits de vieux planchers et sans la moindre infrastructure de base. Ces disparités sont malheureusement généralisées dans plusieurs zones de la métropole.

Il faut dire que le Grand Casablanca est une région de contrastes.
Un contraste brutal entre le luxe des agoras des temps modernes et la banlieue casablancaise mal entretenue. Cette contradiction permet de souligner que la métropole vit dans un contexte de crises d’urbanisme.

Malgré les louables efforts fournis pour faire de cette métropole une image parfaite du développement économique, on ne peut en aucun cas ignorer les disparités frappantes entre la pauvreté des quartiers dégradés et l’opulence des bâtiments ultramodernes symboles de la réussite économique. Certes, les quartiers privilégiés connaissent une mutation ambitieuse : avec ses franchises internationales, ses odeurs et parfums français, américains ou asiatiques, ses hôtels et appartements haut standing, ses artères bien entretenues… Cependant, ce tableau « fun » de la ville peint aux couleurs du plaisir et de l’argent ne peut, en aucun cas, camoufler l’existence de quartiers périphériques à plusieurs milliers d’années lumière de cette
opulence.

En clair, Casablanca combine à la fois modernité et sous-développement.
Certaines zones marginalisées ne semblent pas faire partie de la ville, tant que la misère et la saleté sautent aux yeux. Ce décor est antipode des quartiers huppés du reste de la capitale. « On a l’impression que tous les grands projets réalisés dans le Grand Casablanca se concentrent dans les régions riches et privilégiées alors que les quartiers périphériques tels que Hay Moulay Rachid, Hay Mohammadi ou Sidi Moumen sont exclus de cette carte de développement », affirme un conseiller de la ville.

Et d’ajouter que les chantiers entamés dans ces parties oubliées de la ville se limitent à quelques écoles ou centres d’accueil alors que les grands projets générateurs de revenus, banques, assurances, chaînes hôtelières, cinémas, boutiques, fast-foods,… sont focalisés dans le centre-ville.

« Les habitants des bidonvilles et des quartiers populaires semblent coupés du reste du monde. Pourtant, ils vivent sur les rivages de la modernité dont ils font bien partie malgré eux puisqu’ils sont des Casablancais », ajoute un responsable d’une association pour jeunes.
Selon les observateurs du développement urbain et social de la capitale économique, le passage d’un côté à l’autre de la ville révèle au grand jour les inégalités flagrantes entre deux univers contrastants qui, en réalité, ne forment qu’une seule entité appelée Casablanca. « L’impact de cette dualité se voit notamment au niveau d’une population qui s’active par tous les moyens possibles, légaux ou illicites, dans la recherche d’échappatoires afin de sortir de son ghetto.

De fait, la ville dans certains endroits se met à respirer le danger », explique un acteur de la société civile. Et de préciser que les habitants des agglomérations anarchiques représentent près de 8% du nombre total des ménages urbains de la métropole.

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le nombre des familles résidant dans les bidonvilles ne régresse pas, malgré les programmes lancés ici et là pour leur recasement. Ces quartiers en zinc accueillent de plus en plus les populations migrantes. Bref, la cité blanche abrite des quartiers de standings disparates.

« Pour tenter de réduire le déséquilibre entre quartiers favorisés et autres défavorisés, il faut répartir les fruits de la croissance », conclut un habitant de la métropole.

Classement mondial

D’après l’enquête Mercer Human Resource Consulting 2007, Casablanca est arrivée à la 119e place dans le classement des villes du monde où il fait bon vivre, tous critères confondus. La métropole a reçu une note de 73,7 points contre 72,8 un an auparavant. C’est la ville de Zurich en Suisse qui est arrivée à nouveau à la première place mondiale en matière de qualité de vie.

Elle a obtenu un score de 108,1 devançant de très peu Genève, dont la note est de 108. Vancouver et Vienne suivent toutes deux à la troisième place avec un score de 107,7.

En matière de santé et d’hygiène, Casablanca arrive à la 116e place, avec un score de 81,6 points. Là encore, elle est derrière Dubaï et Abou Dhabi, qui se partagent la 58e place. Tunis figure parmi les 80 premières.

Le Matin - Nadia Ouiddar

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