Sur les routes de la contrebande marocaine

21 décembre 2007 - 12h04 - Maroc - Ecrit par : L.A

21h15, ce mardi de décembre. Nous partons de Casablanca en train, direction Oujda. Mon contact a accepté de me montrer la route de la contrebande. Amine, pionnier en son temps, connaît toutes les ficelles du métier. Je lui demande de m’expliquer le fonctionnement de ce monde parallèle. Dans ce train, la majorité des personnes voyagent pour des raisons légales. Mais d’autres, que Amine reconnaît à leur attitude, sont des habitués des passages de marchandises en fraude.

Amine connaît tout le monde. Il me présente une contrebandière accompagnée de sa mère, elles discutent amicalement avec les contrôleurs de l’ONCF. Il m’explique que le pot-de-vin donné aux contrôleurs dépend de la marchandise ; « Pour du poivre ça peut être 100 DH mais pour des cartouches de cigarette, ça peut monter jusqu’à 1.500 DH ».

Il me montre comment les contrebandiers ouvrent les luminaires du wagon pour y dissimuler des marchandises. Dans les toilettes, ils les cachent dans les faux-plafonds. Dans les compartiments, à l’intérieur, derrière et en dessous des fauteuils. Les cachettes sont connues de tous, le prix du silence des contrôleurs aussi. Nous arrivons enfin à Oujda, il est 8 heures du matin.

Le bal des policiers

Sous ses airs de ville calme et rangée, Oujda est une vraie plaque tournante de la contrebande. Les marchés y pullulent et portent même le nom de l’origine de la marchandise : souk Algeria, souk Sebta, souk Mellila…

Les policiers sont omniprésents, rarement seuls. Vers 14 heures, à Bab Sebta, j’assiste à un spectacle pour le moins étonnant. J’observe un policier qui joue au chef d’orchestre. Il vérifie systématiquement les cartons surdimensionnés de produits de contrebande que portent les revendeurs sur leurs épaules. Le policier de la Sûreté nationale leur indique la place sur le trottoir qu’ils doivent occuper. Il règne sur son emplacement tel un caïd à la générosité payante. Ses gestes et son regard inspirent la crainte, les contrebandiers le saluent systématiquement, à pied ou en voiture.

Vers 18 heures, alors que nous revenons de nos achats dans les souks, nous le recroisons à une intersection. Il suit un gendarme et deux policiers de la Sûreté nationale qui font la chasse aux vendeurs ambulants. Mais discrètement, notre policier communique avec ses compères de la contrebande : ils les avertit de loin et fait signe qu’ils pourront se réinstaller dès qu’eux-mêmes se seront éloignés. C’est effectivement ce qui se passe.

A Bni Drar, plus communément appelé Koweït city, les policiers dansent la même valse. Des camions de contrebande défilent sans soucis devant le barrage, des R12 chargées grossièrement, mais les regards suffisent. Assise à une terrasse de café, pour observer la nature des flux transitant par cette route de l’Algérie, je suis étonnée d’observer qu’en une heure, seuls un camion et une voiture civile sans cargaison sont soumis à un contrôle de papier (mais pas de marchandise !).

« Le problème, c’est pas les gens qu’on connaît et qui vivent ici. Eux ne représentent aucun danger. Ce qui nous inquiète c’est les nouvelles têtes, les voitures suspectes. Ça n’a rien à voir avec la contrebande, mais plutôt avec le terrorisme et le contrôle des frontières », m’explique ce gendarme avec qui je sympathise.

Sur la route du retour de Bni Drar à Oujda, notre taxi est arrêté pour contrôle. Le policier vérifie rapidement le coffre, un homme en costume noir relève minutieusement la plaque d’immatriculation. Nous repartons aussitôt. Je questionne le taximan sur la régularité des contrôles : « En étant taxis, on les voit une dizaine de fois par jour, et, de temps à autre, on leur donne 100 DH et on est tranquille. » A Oujda, les contrebandiers ne sont vraisemblablement pas des mafiosi qui font fortune sur du trafic de drogue, sur fond d’histoire sordide de règlement de compte, comme on peut l’entendre tous les jours dans le Nord rifain. C’est un trafic de subsistance qui ne rapporte que des revenus vivriers. « Oujda, c’est ni Tanger, ni Ketama.

On ne peut même pas appeler les contrebandiers des trafiquants. Ce sont des gens qui se font entre 200 et 500 DH par jour avec le recel de nourriture, vêtements, produits domestiques bon marché venant d’Algérie », m’explique un habitant d’Oujda. Le chômage est en effet important dans la ville. Les jeunes désoeuvrés errent dans les cafés et les souks. A l’occasion, ils font des « petites affaires » pour combler le vide.

Les rues sont bondées d’hommes, et les femmes sont rares. Les cadres constituent une petite minorité que l’on croise à la sortie des bureaux du centre ville. Oujda est une ville en pleine reconstruction qui croit en un avenir meilleur.

« La contrebande avec l’Algérie ne va pas tarder à disparaître naturellement. Ce vivier d’emplois parallèle s’essouffle, les prix s’alignent. Il sera de moins en moins avantageux d’ici peu d’années. Il ne restera que l’Espagne. » Au niveau des frontières, l’habitant me rassure. Il reconnaît que, ces derniers jours, le passage est plus délicat. Mais, selon lui, pas d’inquiétude à avoir, « cette période correspond au changement de gardes-frontières, tous les 3 mois, ils changent le personnel et la direction ». Ceci expliquerait les resserrements, juste le temps que la nouvelle équipe prenne ses marques. « C’est normal, c’est la même chose à toutes les frontières », ajoute le vieux baroudeur.

Je suis étonnée de voir un hypermarché Marjane en cours de construction à la sortie de la ville. Comment peut-il sérieusement penser concurrencer des produits de contrebande qui ont pignon sur rue à Oujda ? Surtout que la population est largement habituée à ce mode de ravitaillement. Pas comme à Tanger, où le Marjane a été un vecteur de lutte contre la contrebande grâce à la fiabilité et la traçabilité de ses produits. A Oujda, il faudrait d’abord révolutionner les mentalités puis augmenter le pouvoir d’achat des classes moyennes. Pour l’instant, l’environnement de la ville change et les chantiers en cours en annoncent de nouveaux.

Koweït city, Bab Sebta….

Bni Drar, un bourg de moins de 10.000 habitants à une vingtaine de kilomètre d’Oujda, est réputé pour la contrebande venue d’Algérie (viande, carburants, produits alimentaires ...). Situé à la frontière algéro-marocaine, ce petit village est aujourd’hui surnommé Koweït city pour la quantité importante de carburant qui s’y commercialise, illégalement, causant la fermeture de la plupart des stations-services des environs. On trouve le litre d’essence à moins de 4 DH et le litre de gasoil à 3 DH. Mais les habitués nous avertissent, souvent le carburant est coupé, pouvant dangereusement endommager le moteur de la voiture.

A Oujda, tout est disponible, en gros surtout. C’est là généralement que le commerçants casablancais vont se ravitailler. La cartouche de Malboro est à moitié prix, c’est-à-dire 250 DH. La cigarette Malboro au détail à 1 DH. Les produits de robinetterie de marque espagnole (comme Roca aussi fabriqué à Settat) sont également bradés, comme les produits électroniques rapportés de Sebta.

La bonne affaire des contrôleurs

La nuit est courte, réveil très matinal oblige. Il est 5h30, et mon passeur a disparu. Qu’importe, je me rends tout de même dans le centre d’Oujda, là où on prend les taxis jaunes pour l’haddada (la frontière). J’observe pendant mon voyage en taxi toutes ces pauvres femmes contrebandières, parfois même des Hajas, qui marchent sur des kilomètres, chargées de marchandises. « Tu vois, un épicier, lui, il a les moyens de louer les services d’un passeur en R12, mais elles, elles vont acheter à peine de quoi revendre le jour même par terre dans la rue », commente le chauffeur.

Les Marocains se tirent dessus !

Dans mon taxi, je fais connaissance avec une Algérienne mariée à un Marocain, Sabrina. Elle a subi l’amour et le désamour entre les deux pays. Ces jours où il n’y avait pas besoin de se cacher pour s’aimer. Puis ces années noires où, malgré l’âge, elle doit encore se plier pour se faufiler discrètement dans le pays qui l’a vue grandir, et puis revenir vers celui où elle a fait sa vie.

Une voiture de police nous arrête sur la route de Zouj Bghal, nous mentons, prétextant que nous rallions un douar à la sortie d’Oujda. Arrivées au niveau du passage, le taximan nous souhaite bonne chance et nous prévient que la semaine est mauvaise, des postes-frontières marocains se tirent dessus. Plus tard, un garde-frontière marocain m’explique que c’est à cause d’une histoire d’argent et de répartition des pots-de-vin pour le passage. Certains postes sont plus reculés que d’autres et réclament leur part.

Les familles maroco-algériennes sont les premières victimes de ces querelles. Elles vivent leur amour caché, assument tant bien que mal leur mixité, et surtout tentent de ne pas abandonner malgré 14 années de déchirement. Le taximan se souvient de ces belles années où « il n’y a avait pas tant de tradition dans les mentalités et aucune frontière pour les empêcher de se fréquenter ». Tout le monde à Oujda a de la famille de l’autre côté. C’est une histoire d’amour qu’on étouffe aujourd’hui, mais qui dure depuis des générations. Nous rencontrons sur le sentier obscurci et plein de boue des contrebandières qui nous conseillent de faire demi-tour. Mais Sabrina ne veut pas. Je décide de l’accompagner, bien que la voiture de police rencontrée un peu plus tôt contrôle nos identités. Ils sont intransigeants : « C’est pas notre histoire si vous n’avez pas les moyens de vous payer un billet d’avion pour rallier l’Algérie, vous n’avez rien à faire ici ! ». A peine leur voiture disparue, nous repartons vers l’Algérie. Et nous voilà toutes les deux prêtes à marcher pour plus de 3 heures de périple sur les sentiers glissants et étroits contournant la frontière. Je porte environ 5 kilos de marchandise pour alléger Sabrina, elle accepte de se porter caution pour moi, je suis sa nièce et nous nous rendons à Oran pour des fiançailles. Notre périple est ponctué de sueurs froides. Il faut accélérer, ralentir, courir, rester à terre. Tout cela pour ne pas effrayer les différents gardes-frontières que nous rencontrons et que nous « arrosons ». Les passeurs sont très gourmands.

Nous arrivons enfin de l’autre côté. Sabrina est soulagée, elle est Algérienne. Moi, par contre, je me tiens sur mes gardes, et évite d’attirer l’attention. Un simple contrôle de police peut me mener droit aux geôles d’Oran. Et là, ce serait une autre histoire. Nous prenons un mini-bus jusqu’à Maghnia, la plus grande ville de l’extrême-ouest algérien. Oujda est à 40 kilomètres, et Oran seulement à 160.

Arrivée à Maghnia, ville berbère en majorité, je fais mes adieux à Sabrina qui rejoint Oran directement en taxi. Je suis soulagée lorsque le chauffeur me décharge de la marchandise de Sabrina. Elle me briefe sur le retour, et me conseille de ne pas dire que je suis Marocaine.

Patrouilles algériennes indulgentes

Je décide de prendre le chemin du retour. Il est 14 heures et le soleil est brûlant. La même Clio tourne autour de moi depuis quelques minutes, klaxonnant et attirant le regard des hommes autour de moi. Je reste impassible et rejoins mon mini-bus. Je réembarque et arrive au point de rendez-vous, près de la frontière, mais du côté algérien. Je ne trouve personne, et cherche un passeur. Mon passage pour le retour ne prendra cette fois-ci qu’une heure. Le fait d’être seule n’a sûrement pas arrangé mon affaire. Je suis interceptée au milieu du chemin par une patrouille d’Algériens. Ces derniers me font volontairement peur en m’expliquant que je suis en complète illégalité, qu’il n’y a aucune preuve de mon entrée en Algérie : je suis donc à leur merci. Mais je suis étonnée par leur indulgence, et surtout leur professionnalisme. Ils ne me réclament pas d’argent et vont jusqu’à menacer le passeur de représailles s’il m’en réclamait. Ce dernier m’escorte jusqu’aux patrouilles marocaines qui, elles, ne perdent pas le Nord. Je leur donne le peu d’argent qu’il me reste, et rentre enfin chez moi, complètement vidée, mais le cœur serré lorsque je jette un dernier coup d’œil à Zouj Bghal. Tant de personnes souffrent au quotidien de ce déchirement politique, mais pour combien de temps encore ?

11 DH valent 100 D !

Dans les ruelles de l’immense marché de Maghnia, il est clair que les marchandises sont jusqu’à 3 fois moins chères. Le dinar officiellement surévalué soutient la contrebande, du côté marocain surtout. Avec un taux de change largement profitable pour les Marocains (100 dinars = 11 dirhams), un acheteur peut se procurer pour beaucoup plus en faisant ses courses en Algérie plutôt qu’au Maroc. Mais la qualité et la provenance ne sont pas assurées. On trouve de tout, mais surtout de l’habillement, chaussures et produits domestiques. Pour 300 dinars (environ 35 dirhams), le contrebandier peut acheter 5 kilos de riz, 2 ensembles de sport de grandes marques, une paire de « requins » (baskets Nike très plébiscitées chez les jeunes), et tant encore !

Passage de fortune

Des centaines de personnes transitent chaque jour par les frontières de Zouj Bghal, pour retrouver leurs familles d’abord. « Les contrebandières passent la nuit, c’est plus discret à cause de leurs gros sacs », m’explique un passeur marocain, « pour le reste, ce sont surtout les familles de la région qui se rendent visite. C’est pour eux que c’est le plus embêtant ».

Pourtant, j’apprends que le président algérien Bouteflika est lui aussi un enfant du pays. Né à Oujda, il y a fait toute sa scolarité et a encore de la famille et des amis de ce côté-ci de la frontière. Il connaît donc tous les inconvénients liés à cette fermeture symbolique. Il aurait même avoué, lors d’une interview, que sa sœur aujourd’hui encore empruntait la voie illégale pour rejoindre Oujda d’Oran. Pas étonnant quand on sait qu’Oujda est à 200 km seulement d’Oran, et qu’un Casa-Alger coûte au mieux 500 euros et au pire 3.000 euros, avec Air Algérie, RAM, Air France et Corsairfly.

Sexe et pot-de-vin

Je quitte Oujda, une ville qui m’aura marquée par le traditionalisme de ses moeurs, mais aussi le dynamisme de son activité parallèle. Elle m’est apparue comme le début de l’Algérie, la continuité du Maroc, mais surtout comme le miroir d’une idiotie. Que ce soit au niveau de l’économie de la contrebande qui compense les lacunes du politique, ou encore au niveau de la dégradation de la condition des jeunes qui n’hésitent plus à noyer leur amertume dans la consommation abusive de psychotropes. Oujda reste une ville charnière dont le développement suscite beaucoup d’espoir, comme d’inquiétude.

Je continue mon périple sur les routes de la contrebande dans le train qui nous ramène vers Casablanca. Je recroise des visages familiers, et surtout j’ai appris à reconnaître les contrebandiers. Ils sont tous chargés de gros sacs quadrillés (d’origine asiatique), de petites valises roulantes, de sachets noirs… Et les femmes grossissent bizarrement sous leurs djellabas à l’approche des gares !

Je vois bien sur leurs visages crispés que ce qui sera pour moins un voyage d’observation, sera pour eux une aventure pleine de stress, de sueur froide, avec une seule peur au ventre : perdre toute leur marchandise, ou comme ils le disent, rezkhoum. Je sympathise avec deux jeunes fonctionnaires déjà désenchantés de la Police ferroviaire (PF) qui descendront à Fès. Je les garde sous la main.

La mascarade commence à l’Aïoun, juste après Oujda, lorsque 3 gendarmes rentrent dans le train. A première vue, ils sont professionnels et imperturbables dans leur travail de fouilles. Aucun compartiment n’échappe à leur remue-ménage. Ils n’hésitent pas à faire ouvrir tous les sacs qui leur paraissent suspects. Les passagers ne se gênent pas non plus pour leur faire comprendre leur antipathie. « Tout ça pour trouver le plus de gens possible à faire payer. Quand il s’agit d’argent, ils ne laissent rien passer », soupire, aigrie, ma voisine de droite, vexée d’avoir été confondue à une contrebandière.

Je suis discrètement l’équipée dans leur ratissage, impressionnée par leur droiture ! Ils confisquent la marchandise et les CIN des contrebandiers démasqués. Une petite foule se forme derrière eux, suppliante et énervée à la fois. Une femme accompagnée de 4 jeunes filles, qu’elle dit être ses enfants, demande à parler au gendarme chef. Plus tard, à la gare de Taourirt, je scrute le quai et vois descendre les gendarmes sans aucune marchandise, mais avec un sourire béat. Ils plaisantent avec 2 des 4 filles accompagnant leur soi-disant « mère ». Elles ont un foulard sur la tête, et s’éloignent de la gare avec les gendarmes.

Je pars demander à mes deux nouveaux amis de la PF ce que signifie ce manège. Pourquoi les policiers sont-ils descendus du train sans marchandise saisie ? Que faisaient ces jeunes filles avec eux, et surtout pourquoi ne paraissaient-elles pas inquiètes, mais au contraire, soulagées ?

Les employés de l’ONCF m’expliquent que ce que je viens de voir n’est que le bout de l’iceberg. Les contrebandier(e)s sont connu(e)s de tous, tout comme les autorités qui effectuent les contrôles. « Les gendarmes se disputent pour ces trains, c’est le jackpot assuré pour leur portefeuille », me dit l’un. « Ces filles ont l’habitude, elles préfèrent se donner plutôt que de payer. Parfois elles sont obligées de le faire à 2 ou 3 reprises s’il y a plusieurs contrôles », m’explique l’autre.

« Et encore ça ce n’est rien, on le voit tous les jours. Le pire c’est quand les douanes font des contrôles-surprises en civil, en plein milieu de plaines désertes. Là, les contrebandiers, hommes et femmes, jeunes et vieux, jettent toutes leurs marchandises et tirent sur la sonnette d’alarme pour faire arrêter le train. Ils peuvent rester 2 ou 3 jours cachés dans la montagne, avant de rejoindre le premier douar. Va savoir ce qu’ils font pendant ce temps-là », lance perplexe un des PF. Les douaniers, eux sont visiblement incorruptibles. Juste avant l’arrivée à Fès, nous entendons crier près des portes.

C’est une des contrebandières qui hurle sur son complice : « Tu t’es trompé de personne ! ». Puis elle se dirige vers l’avant du train en scandant que son fils est tombé, qu’il fallait arrêter le train. Un des contrôleurs la prend par le bras et lui dit d’un ton ferme de se taire et de retourner à sa place. Ordre qu’elle exécute sur le champ. Je questionne mes deux camarades de la PF. Ils m’expliquent qu’un indic est positionné à la gare de Fès, et prévient par un coup de fil ses complices dans le train sur l’éventuel débarquement des douanes. « Les douaniers de Fès, impossible de les acheter », me précise un des agents. Les contrebandiers donnent rendez-vous à leurs partenaires des douars alentours, et leur jettent les marchandises. Mais cette fois-ci, le couple s’est trompé de personne, et a donc perdu tout son rezk. Comme quoi…

Racheter les CIN

Un des suppléants a trouvé, cachés derrière les fauteuils, plusieurs sacs de contrebande. La marchandise est confisquée malgré les charmes de la mère.

Les policiers vont se réfugier à l’arrière du train, à l’abri des regards. Je les vois parler à des hommes, qui repartent avec leur CIN et leur marchandise après je ne sais quelle transaction. Vient le tour des filles accompagnées de leur « mère ».

Le ton monte, puis d’un coup des éclats de rire. La mère est robuste, elle a du caractère et traite comme un homme. Mais les gendarmes ont l’air d’avoir l’habitude. Au même moment, nous arrivons à la gare de Taourirt. Les regards s’affolent, les gendarmes ont l’air de vouloir redescendre avec la marchandise et les CIN des jeunes demoiselles. Mais après quelques échanges rapides, c’est la « mère » qui récupère les sacs avec deux de ses filles. Les deux autres accompagnent nos gendarmes forts réjouis.

L’Economiste - Jihad Rizk

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