France : Un Marocain écope de 15 ans de prison à cause d’une bagarre sanglante

10 juin 2014 - 20h42 - France - Ecrit par : Bladi.net

Mohamed Sakhar, un Marocain âgé de 23 ans, a été condamné la semaine dernière par la Cour d’assises du Lot-et-Garonne à 15 ans de prison. Il est le principal accusé d’une affaire de « rixe entre bandes » qui a coûté la vie à un jeune homme de 20 ans, en 2011, à Villeneuve-sur-Lot.

Le jeune défunt de 20 ans ne participait même pas à la rixe, mais il en est quand même la principale victime. Il aurait reçu, selon l’accusation, dix coups de couteau de boucher de la part de Mohamed Sakhar, qui habite à Agen. Ce dernier pour sa part, avait affirmé lui avoir asséné seulement deux ou trois « piques ».

Le verdict de la Cour d’appel a eu pour réponse un tumulte total. Selon l’AFP : « Le verdict a été accueilli par de nombreux cris, dont ceux de la famille de Mohamed Sakhar. Après un malaise, le père a été transporté par les pompiers dans un centre hospitalier. Une centaine de jeunes étaient rassemblés sur une esplanade devant les grilles du palais de justice d’Agen tandis qu’un important dispositif policier avait été déployé ».

Quid des faits ?

Quant à la rixe en elle-même, elle opposait, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2011, deux groupes de jeunes, l’un d’Agen et l’autre de Villeneuve-sur-Lot. Le groupe de Villeneuve-sur-Lot avait intimidé le groupe d’Agen, qui était seulement de passage dans leur ville. Trente kilomètres seulement séparent les deux villes d’Agen et de Villeneuve-sur-Lot. La police était alors intervenue pour les séparer. Mais, rancuniers, les Agenois sont repartis à Agen pour revenir quelques temps après avec des renforts et des armes : des barres de fer et « au moins » un couteau.

Commença alors une « expédition punitive » qui dura plusieurs heures et dans laquelle une trentaine de jeunes d’Agen avaient semé la terreur à Villeneuve-sur-Lot. La victime en a fait les frais, même si elle n’avait absolument rien à voir avec l’origine des violences. L’homme a été poursuivi par les Agenois, puis il a été poignardé à répétition. Sa mort revient néanmoins à un seul coup de couteau qui a touché son artère fémorale.

Les coulisses

Le procès n’a pas été pour ainsi dire limpide. Déjà, dans la salle de tribunal, il y avait de la tension dans l’air. Les présents étaient séparés en deux groupes : les habitants d’Agen, et ceux de Villeneuve-sur-Lot.

Selon l’AFP : « Zones d’ombres et silences ont marqué le procès, avec des témoins amnésiques, qui ne "savent plus", qui ne "se rappellent plus", évoquant des craintes de représailles, et qui, pour certains, ont été pris à partie en quittant la Cour d’assises. Les avocats ont fait état de menaces et d’intimidations ».

Avant le verdict, la sœur de la victime, Abbassia El Garmaoui, avait déclaré : « On a besoin de savoir la vérité. Qui a fait quoi. Cette personne là (Mohammed Sakhar) assume. Mais elle a vu ce qui s’est passé aussi, et elle ne le dit pas ».

Quant à l’avocate de Mohamed Sakhar, Maître Sophie Grolleau, elle affirme : « Il y a une pression, on le sent très bien. Il n’y a pas de liberté de parole. Mais ça ne remet pas en cause la responsabilité de Mohammed concernant les faits que lui a commis. Après, il n’est pas là pour accuser d’autres personnes ».

Et les autres prévenus ?

Deux autres condamnations : Un autre jeune, Soufiane B. (âgé de 16 ans au moment des faits), a été condamné à 4 ans de prison. Et, enfin, Yassine E., qui lui avait 17 ans en 2011, a été condamné à 7 ans de prison.

Deux acquittements : Un jeune, qui était alors âgé de 17 ans et un autre homme ont été acquittés, selon l’AFP. L’accusation demandait un emprisonnement de 9 à 10 ans à leur égard. Mais la Cour d’appel a décidé de les relaxer.

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