L’hydre barbare doit être combattue

20 mai 2003 - 10h56 - Maroc - Ecrit par :

Les attentats terroristes à Casablanca ont suscité l’effroi. Aucune religion, aucune idéologie, aucune explication ne peuvent justifier de tels crimes. Le monde dans lequel nous vivons est confronté à des actes barbares qui défient le sens commun et qui exigent une condamnation sans appel, une solidarité claire envers les victimes et une riposte appropriée contre la barbarie. Le lien possible entre les attentats meurtriers de Casablanca et l’organisation terroriste Al Qaïda a pris corps. Les premiers éléments de l’enquête désignant des intégristes marocains rattachés à un « réseau international ».

L’enquête sur les attentats criminels à Casablanca a révélé que certains terroristes sont des Marocains « récemment venus d’un Etat étranger » étaient en relation avec des éléments poursuivis actuellement devant la cour d’appel de Casablanca. Des indices montrent qu’ils ont des liens avec le groupe dit « Assirat Al Moustaquim ». Un groupe qui s’était fait connaître en février 2002, quand certains de ses membres avaient lapidé un homme à Sidi Moumen à Casablanca.
La lapidation de Fouad Kerdoudi avait suscité l’indignation de toutes les composantes de la société marocaine.
Dès la fin du mois d’avril 2002, le chef présumé du mouvement, Zakaria Miloudi, 37 ans, était arrêté. Son procès, ainsi que celui de 13 autres hommes, s’est tenu à Casablanca et en janvier 2003, l’un d’entre eux, Adil Bachar, a été condamné à 20 ans de prison pour « homicide volontaire avec préméditation et guet-apens ».
D’autres condamnations ont été prononcées et Miloudi Zakaria lui-même a été condamné à un an de prison après avoir été jugé coupable d’avoir ordonné l’assassinat dans une fatwa.
Miloudi Zakaria, qui avait été libéré en avril 2003 après avoir purgé en prison préventive la plus grande partie de sa peine, a été à nouveau incarcéré dans le cadre d’enquêtes sur les activités de la Salafia Jihadia, auquel il est également lié.
Les premiers éléments de l’enquête ont déjà permis d’établir l’identité de huit des quatorze kamikazes qui ont perpétré les attaques - dont l’unique survivant, qui a pu être arrêté.
Ces actes barbares constituent un phénomène qui entre difficilement dans les catégories habituelles et les cadres de pensée hérités d’une autre époque. Le terrorisme international ne date pas d’aujourd’hui, mais celui-ci pouvait antérieurement viser des objectifs précis en se réclamant des luttes de libération et revendiquer la responsabilité de ses propres actions. Tel n’est pas le cas pour les attentats de Casablanca comme d’ailleurs ceux du 11 septembre aux Etats-Unis qui n’ont pas été revendiqués, n’ont été accompagnés d’aucune revendication précise. Les événements tragiques et criminels que vient de connaître Casablanca sont étrangers aux mœurs et à la culture du peuple marocain, imprégné depuis toujours de l’esprit d’ouverture et de tolérance, et profondément attaché aux valeurs de paix et de cœxistence entre les hommes, quelles que soient leurs nationalités ou leurs religions.
Ces actes terroristes, qui visent à saper les fondements millénaires de notre société, ne parviendront pas à porter atteinte aux valeurs qui ont toujours inspiré le Maroc ou à entamer notre cohésion. C’est dire à quel point nous devons redoubler de vigilance et resserrer les rangs, aujourd’hui davantage encore qu’hier.
Les actes perpétrés à Casablanca sont l’œuvre d’un réseau international de terrorisme contre lequel le Maroc est déterminé à sévir sans merci.
Ces actes criminels n’entameront pas la détermination du Maroc à se prémunir contre toutes les velléités d’extrémisme et de violence, portant atteinte à la sécurité et à l’intégrité des citoyens.
Le Maroc restera à jamais un pays ouvert aux autres civilisations, attaché à l’option démocratique et déterminé à garantir la sécurité, la quiétude et la tolérance entre tous les fils de la nation, quelles que soient leur confession et leurs sensibilités. Le terrorisme menace toutes les sociétés. A l’heure où la communauté internationale lutte contre ce problème, l’on constate de nouveau qu’il est nécessaire de remédier aux conditions qui permettent à tant de haine et de dépravation de se développer. Le monde entier doit lutter, avec une vigueur toujours plus grande, contre la violence, le sectarisme et la haine.

Lematin.ma

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