Le Roi à Paris Match : "de grandes avancées démocratiques réalisées au Maroc

13 mai 2004 - 18h24 - France - Ecrit par :

L’hebdomadaire français "Paris Match" publie, jeudi, une interview exclusive de SM le Roi Mohammed VI dans laquelle le Souverain souligne les grandes avancées démocratiques réalisées au Maroc, notamment la réforme de la Moudawana, et évoque les priorités et les grands projets socio-économiques en cours et à venir pour le développement du Royaume.

Dans cet entretien, enrichi d’un reportage d’une douzaine de pages, SM le Roi Mohammed VI aborde aussi son statut de père de famille et parle de l’éducation de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan.

Des photos de famille de SM le Roi Mohammed VI, accompagné de SAR la Princesse lalla Salma et de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan, illustrent également cette interview.

"Parmi les grandes avancées dont je suis assez fier, il y a la nouvelle Moudawana", déclare SM le Roi Mohammed VI en évoquant les grandes avancées démocratiques qu’a connues le Royaume. "Ce Code est fait pour consolider les valeurs familiales auxquelles je suis très attaché", affirme SM le Roi dans cet entretien à "Paris Match" qui consacre sa couverture au Souverain en compagnie de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan.

SM le Roi souligne que "l’important n’est pas d’avoir réformé la Moudawana mais que les dispositions suivent concrètement sur le terrain". "Nous avons déjà des tribunaux de la famille, d’autres sont en train d’être mis en place, tout cela relayé par des campagnes de sensibilisation et d’information. Il reste néanmoins plusieurs outils à mettre en oeuvre", fait observer le Souverain.

SM le Roi Mohammed VI affirme que "Ce dossier sera clos lorsque toutes les conditions pour l’application de la Moudawana seront remplies", précisant qu’"Il ne s’agit pas seulement du Code de la femme mais du Code de la famille, dont la femme fait partie intégrante".

"Si nous avions créé uniquement un Code de la femme, nous aurions exclu la gent masculine. Certes, il apporte à celle-ci beaucoup de liberté, de sécurité et c’est un premier pas en avant, mais il concerne aussi le mari et les enfants", ajoute le Souverain.

A propos de la stricte égalité entre homme et femme, SM le Roi Mohammed VI estime qu’"il y a des domaines dans lesquels la femme est plus présente que l’homme et d’autres où c’est l’inverse". "En France et dans d’autres pays occidentaux, vous avez aussi un débat sur la parité", relève le Souverain.

"Je ne pense pas que l’égalité absolue puisse exister un jour. D’ailleurs, que veut véritablement dire +égalité+ ? Il s’agit en fait de préserver les identités féminine et masculine en donnant à la femme et à l’homme leur dignité respective", souligne SM le Roi.

"Le plus dur est fait", note SM le Roi. "La marche a été longue, c’est vrai, pour atteindre ce résultat mais aujourd’hui je crois que les femmes marocaines se tournent vers l’avenir avec beaucoup d’optimisme", ajoute le Souverain.

En ce qui concerne les grands projets et chantiers socio-économiques pour le développement du Maroc, le Souverain a affirmé avoir "toujours un calendrier bien rempli", précisant que "les prochaines semaines seront particulièrement denses, avec notamment le lancement de grands chantiers socio-économiques sur lesquels j’ai beaucoup travaillé ces derniers mois".

"Ce sont des projets structurants qui concernent en réalité tout le nord du pays : infrastructures portuaires, routières et ferroviaires, zones industrielles, électrification et eau potable. Il y a également l’aménagement et la mise en valeur des rives du fleuve Bouregreg, dans la région de Rabat".

A Casablanca, "un important pôle d’investissements industriels va être consolidé ces jours-ci, à proximité de l’aéroport, lequel va d’ailleurs voir bientôt doubler sa capacité d’accueil", ajoute SM le Roi Mohammed VI.

Concernant le "bilan" de presque cinq années de règne, SM le Roi Mohammed VI réfute le mot bilan. "Je n’aime guère le mot bilan parce qu’il souligne la fin d’une étape, et que je suis encore au début de ce que je veux réaliser pour le Maroc", affirme le Souverain.

"Bien sûr, cinq années de règne marquent un anniversaire assez important, ce n’est pas rien et je m’en rends compte maintenant. Je me refuse toutefois à utiliser le terme bilan parce qu’il reste beaucoup de choses à entreprendre pour mon pays, comme par exemple le plan d’action pour le développement de la région du Rif, qui a malheureusement connu un terrible tremblement de terre il y a quelques mois", fait remarquer SM le Roi.

"J’ai toujours dit que je n’avais pas d’ambitions personnelles mais que j’en avais d’immenses pour le Maroc", tient à rappeler le Souverain.

A la question de savoir si la sérénité absolue existait également chez les Rois, le Souverain répond : "je pense que l’insouciance, qu’on soit roi ou pas, disparaît à partir d’un certain âge. Elle laisse la place à la sérénité, celle qui vous rend plus solide face aux événements (...) cette sérénité fait que vous n’oubliez jamais vos responsabilités professionnelles, vous y pensez tout le temps. Je n’ai ni horaire, ni jour de repos fixe, encore moins de vacances planifiées longtemps à l’avance, c’est là d’ailleurs le propre du métier de roi".

Au journaliste qui lui demandait ce qui Lui donne jour après jour, le ressort, pour affronter Ses devoirs, le Souverain répond : "Comme le disait Sa Majesté mon père, je suis au service des Marocains sans être l’esclave de personne. C’est quelque chose qui m’a fait beaucoup réfléchir. Je ne m’appartiens pas. Je suis là pour remplir une mission j’espère pouvoir dire un jour que j’ai rempli mon +contrat+, celui de la Beia, qui me lie à mon peuple ou que j’ai fait mon possible. C’est ce qui me motive chaque jour".

Quant à l’éducation de SAR le Prince héritier Moulay El Hassan, le Souverain souhaite "qu’il reçoive une éducation qui ressemble à la nôtre". "Mes soeurs, mon frère et moi avons été élevés plutôt sévèrement, avec un cursus scolaire assez chargé. Nous devions aussi avoir une bonne éducation religieuse à l’Ecole coranique du palais. Je tiens à ce que mon fils reçoive les mêmes bases", indique SM le Roi.

"Je ne souhaiterais pas qu’il soit façonné à mon image, mais qu’il se forge sa propre personnalité. Mon père aimait à dire en parlant de moi :+Lui c’est lui, moi c’est moi. Le style c’est l’homme", affirme le Souverain.

A propos du Protocole Royal et sa prétendue incompatibilité avec une monarchie ouverte à la modernité, le Souverain souligne que "Le protocole royal est et reste le protocole". "La rumeur a rapporté que j’avais fait en sorte de chambouler quelque peu ce qui existait. C’est faux. Le style est différent mais le protocole marocain a sa spécificité, je tiens à ce que sa rigueur et chacune de ses règles soient préservées. C’est un précieux héritage du passé", affirme SM le Roi. "Cependant, poursuit le Souverain, il doit s’adapter à mon style". "Vous savez, je suis né et j’ai grandi avec ces usages protocolaires. Ils font partie intégrante de mon existence et surtout de ma vie professionnelle qu’ils accompagnent", a fait observer SM le Roi.

Interrogé enfin sur le point de savoir s’il restait encore une forme de liberté quand on est Roi et Commandeur des croyants, SM le Roi répond : "C’est une liberté relative. Chacun d’entre nous a sa propre liberté et trace ses lignes rouges. A nous de les interpréter".

MAP

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Hassan II - Mohammed VI

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc a besoin de « tous ses enfants établis à l’étranger », dixit Mohammed VI

Le roi Mohammed VI a appelé à « la création d’un mécanisme chargé d’accompagner les compétences et les talents marocains à l’étranger, d’appuyer leurs initiatives et leurs projets ». Le message du roi prend en compte les Marocains disséminés dans les...

Le roi Mohammed VI ordonne de réformer le Code de la famille

Le roi Mohammed VI fait de la promotion des questions de la femme et de la famille sa priorité. Dans ce sens, il a adressé une correspondance au chef du gouvernement Aziz Akhannouch relative à la révision du Code de la famille.

Le prince Moulay Rachid a contracté le Covid-19

Ayant contracté le Covid-19, le prince Moulay Rachid n’a pas pu accompagner le roi Mohammed VI, vendredi 14 octobre 2022, à l’occasion de l’ouverture de la première session de la deuxième année législative de la onzième législature.

Maroc : le roi Mohammed VI annonce des aides directes aux plus pauvres

Le Roi Mohammed VI, dans un discours prononcé à l’ouverture de la session parlementaire, a fait part de l’introduction d’un programme d’aide sociale à la fin de l’année 2023.

Maroc : appel à déclarer férié le jour du Nouvel an amazigh

Quelque 45 ONG marocaines et de la diaspora demandent au roi Mohammed VI de déclarer férié le « Yennayer » ou Nouvel an amazigh, célébré le 13 janvier de chaque année.

Youssef Amrani officiellement ambassadeur du Maroc auprès de l’UE

Nommé en octobre 2021 par le roi Mohammed VI au poste d’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne, Youssef Amrani aurait reçu en cette fin d’année, l’accord des instances européennes pour démarrer sa mission.

Le Roi Mohammed VI instaure le Nouvel An Amazigh comme jour férié au Maroc

Le Nouvel An Amazigh sera désormais un jour férié officiel au Maroc, selon une décision qui vient d’être prise par le roi Mohammed VI.

Visite de Macron au Maroc : Rabat contredit Paris

La visite du président français Emmanuel Macron au Maroc, évoquée par la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, dans une interview, « n’est pas à l’ordre du jour et n’est pas programmée », a affirmé une source gouvernementale marocaine à...

Intempéries au Maroc : des hélicoptères de l’armée pour aider les populations touchées

Suite aux instructions du roi Mohammed VI, des équipes relevant de la Fondation Mohammed V pour la solidarité et des Forces armées royales (FAR) acheminent des aides d’urgence aux populations touchées par les fortes intempéries et chutes de neige.

Le roi Mohammed VI ne fera plus de discours du 20 août

Le roi Mohammed VI ne prononcera plus le discours de la célébration de la Révolution du Roi et du Peuple le 20 août. Celui-ci, selon le Cabinet royal est trop proche du discours du Trône et celui de la rentrée parlementaire.