"Les États-Unis cherchent à nous infiltrer"

10 février 2007 - 00h05 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’Association marocaine des Droits humains, membre du réseau de supervision des législatives de 2007, refuse tout financement américain ou britannique. Son président, Abdelhamid Amine, s’explique.

Pourquoi l’AMDH s’oppose-t-elle à tout financement américain ou britannique du réseau d’ONG marocaines constitué pour la superviser les élections de 2007 ?

Nous refusons effectivement tout financement américain ou britannique, surtout américain, par le truchement du National Democratic Institute (NDI), que celui-ci soit officiel ou para-officiel. Dans cette affaire, l’AMDH a une attitude qui date déjà du blocus américano-britannique imposé à l’Irak, en 1991, entraînant la mort de centaines de milliers d’habitants, surtout des enfants. Depuis, nous avons systématiquement refusé de collaborer avec un gouvernement qui viole de manière flagrante les droits les plus élémentaires des civils sous des prétextes politiques.

Comment ce problème au sein du réseau d’ONG a-t-il commencé ?

Le comité de supervision avait en fait déjà reçu un financement de l’Union européenne, mais qui s’est avéré insuffisant. Des membres du réseau d’ONG constituant le futur comité de supervision des élections ont pensé à d’autres sources de financement, dont le NDI, institut proche du Parti démocrate américain, mais aussi de l’administration américaine au sens large. Le NDI s’est montré très enthousiaste à cette idée. Cela ne nous pas étonnés à l’AMDH, car, à nos yeux, l’administration américaine cherche par tous les moyens à s’infiltrer dans la société civile marocaine et, donc, implicitement, à obtenir les faveurs d’un peuple qui, dans son extrême majorité, est loin de partager sa politique extérieure. Nous nous sommes donc opposés au financement du NDI. Et si notre position n’est pas prise en compte, l’AMDH se retirera du comité de supervision. Et je peux affirmer sans hésiter que notre retrait ne sera pas sans conséquences.

Etes-vous les seuls à monter au créneau ?

Non, nous avons aussi à nos côtés le Syndicat national de la Presse marocaine (SNPM), l’Union des Ecrivains du Maroc, l’Association marocaine de Soutien à la Lutte palestinienne (constituée notamment de partis de la Koutla et de syndicats), le Groupe d’Action national pour le Soutien à l’Irak et à la Palestine et, enfin, la Coalition marocaine pour la Culture et les Arts. Nous avons initié une pétition demandant à tous les démocrates marocains de boycotter les activités de l’administration et des institutions para-étatiques américaines.

Pensez-vous que le financement des activités de votre comité suffira à garantir une transparence totale du processus électoral ?

Pas du tout, le financement n’est qu’un aspect de la question. Je m’explique. L’AMDH ne voit aucun problème à participer à la supervision des législatives de 2007, comme nous l’avons déjà fait en 2002. Même si nous avons émis des réserves très sérieuses quant aux conditions dans lesquelles le comité de supervision avait exercé son travail. Pour 2007, nous souhaitons que tous les moyens soient fournis au comité de supervision, afin qu’il puisse observer objectivement toutes les phases du processus électoral, de l’inscription sur les listes jusqu’à l’annonce des résultats finaux.

Ce n’est que dans ces circonstances qu’on pourra raisonnablement dire que le scrutin s’est déroulé de manière correcte et transparente.

Maroc Hebdo - Mouna Izddine

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Sujets associés : États-Unis - Elections - Abdelhamid Amine - Association Marocaine des Droits Humains (AMDH)

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