Le Maroc ne profite pas des ALE

21 juin 2008 - 10h38 - Economie - Ecrit par : L.A

Le Maroc n’a pas su tirer profit des accords de libre-échange (ALE). C’est en tout cas le constat formulé lors de la conférence organisée par le Cercle des jeunes économistes (CJE) mercredi 19 juin pour sensibiliser sur la problématique de l’export au Maroc. « Globalement, les exportations marocaines augmentent, mais moins vite que nos concurrents immédiats, ce qui se traduit par des pertes de marchés traditionnels », explique Ahmed Sif, directeur exécutif de l’Association marocaine des exportations (Asmex).

Sur la période 1996-2006, la croissance mondiale des exportations a progressé de 1,65 point par an en moyenne contre 1,5 point pour le Maroc. « Notre pays perd ainsi chaque année 0,16 point de part du marché mondial relativement au niveau atteint en 1996 », souligne Mohammed Benayyad, secrétaire général du Conseil national du commerce extérieur (CNCE).

Selon les chiffres avancés par le CNCE, sur la période 1999-2006, la croissance mondiale des exportations a progressé de 1,57 point par an en moyenne contre 2 points pour le Maroc. Ce dernier gagne ainsi chaque année 0,43 point de part du marché mondial relativement au niveau atteint en 1999.

Ce phénomène tend à devenir structurel. Une faible performance, surtout que le taux de couverture des exportations se minimise d’année en année. De 60,1% en 1998, ce chiffre est passé à 42,2% en 2007.

Le taux de couverture dans les accords de libre-échange est plus alarmant. Pour l’ALE avec l’Union européenne, il est passé de 83% en 2000 à 65,2% en 2007. S’agissant de l’accord avec les USA, ce taux est passé de 39,4% en 2000 à 18% en 2007. Le même constat est à faire pour l’ALE avec les Emirats arabes unis, 39,8% en 2000 contre 19,6% à 2007 ; la Turquie, 52,1% en 2000 contre 15,9 % en 2007 et surtout dans le cadre de l’accord d’Agadir où il était de 98,4% en 2000 pour chuter à 27,7% en 2007. Pourtant les ALE devaient participer à l’amélioration des soldes des balances commerciales avec les pays partenaires. Plusieurs raisons sont avancées : le manque de visibilité crée un conflit dans les ALE, comme le souligne Benayyad.

Ce dernier cite aussi le manque de visibilité dû à la multiplication des systèmes de démantèlement. « Exonération totale des droits de douane dans un accord et démantèlement progressif dans l’autre. Les exportateurs ne s’y retrouvent plus », explique un intervenant. « Il y a une différence de taille dans ces accords et le Maroc s’est inscrit dans une logique défensive dans sa démarche des négociations. La suite logique de tout cela c’est l’énorme déficit enregistré dans notre balance commerciale », a-t-il ajouté.

La multiplicité des acteurs intervenant dans le domaine des exportations est également pointée du doigt. Cela ne permet pas d’unifier la politique économique en matière d’exportation. A terme, le déficit commercial risque d’impacter négativement la croissance. D’où la nécessité d’adopter d’urgence une stratégie de rupture pour limiter les dégâts. « Une politique audacieuse visant à relancer et dynamiser fortement nos exportations est vivement souhaitable », explique Ali El Alaoui, directeur général du Centre marocain de promotion des exportations (CMPE).

Les participants à la conférence ont ainsi appelé à donner plus de visibilité à l’offre exportable et de booster la promotion du produit Maroc. Une approche marketing sur des marchés ciblés va permettre aux produits et services faits au Maroc de mieux pénétrer ces marchés.

L’État doit ainsi savoir initier le processus de développement et de compétitivité des exportations. Mais le secteur privé doit progressivement s’y substituer comme source de diversification industrielle et de croissance.

A noter que le CMPE a lancé le 12 juin dernier une étude pour la définition d’une stratégie de développement et de promotion des exportations. Elle aura pour mission d’optimiser l’organisation des acteurs publics du commerce extérieur. Et surtout de mettre en place une forte stratégie marketing pour la promotion des produits marocains.

Source : L’Economiste - Saad Souleymane Bouhmadi

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