Maroc/Turquie : Un soutien détaché

30 décembre 2002 - 12h00 - Monde - Ecrit par :

Si la Turquie entre dans l’Europe, nous frapperons immédiatement à sa porte, avait dit en substance Hassan II en son temps. Le roi défunt, qui aimait à dire que le Maroc est un arbre dont les racines puisent dans le sol d’Afrique et dont le feuillage bruit au vent d’Europe, avait, au début des années quatre-vingt-dix, demandé officiellement l’adhésion du Maroc à l’Union européenne.

Bruxelles, embarrassé, lui avait refusé l’association politique et proposé l’association économique. Les deux parties avaient alors entamé des négociations pour la création d’une zone de libre-échange. Résultat : un accord d’association économique signé en 1996 et conçu sur le même modèle que les accords conclus avec la Tunisie ou Israël.
Le Maroc, qui fait sa « mise à niveau » dans la perspective de l’ouverture des frontières aux produits européens, suit aujourd’hui avec un certain détachement le débat sur la candidature turque. Certes, le fait que l’adhésion de la Turquie amènerait les frontières de l’Europe jusqu’en Irak, aux portes du Moyen-Orient, ne peut qu’amoindrir l’exotisme d’une candidature marocaine. Mais beaucoup semblent avoir fait leur deuil d’une adhésion pleine et totale du royaume chérifien et comprennent que la géographie, l’histoire contemporaine, un développement économique mais aussi politique plus avancé sont autant d’avantages en faveur de la Turquie. D’autant que ce pays demeure un État laïc, en dépit de la présence au pouvoir des islamistes modérés. Au Maroc, où le roi porte aussi le titre de Commandeur des croyants, la monarchie saurait-elle, se demande-t-on à Rabat, satisfaire certaines des exigences européennes en matière de droits de l’homme ou de statut de la femme, sans fragiliser des fondements de sa légitimité ?

Même s’ils ne se font pas d’illusions, les Marocains perçoivent cependant très positivement la candidature d’une Turquie dont ils se sentent plus proches que des autres pays musulmans d’Europe comme la Bosnie ou l’Albanie. Et ils considèrent les réticences européennes comme une défiance envers le monde musulman.

Samuel Vallée pour lintelligent.com

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