Marrakech, nouvel eldorado des touristes français

15 janvier 2005 - 14h13 - France - Ecrit par :

Contournant la légendaire place Jemaâ el Fnaa, ses gargotes, ses musiciens et ses charmeurs de serpents, Targui, 47 ans, chauffeur de taxi, est « plutôt content » de l’engouement des Français pour Marrakech, nouvelle destination phare du tourisme marocain.

« Du moment qu’il ne deviennent pas chauffeur de taxi, pour moi, c’est très bien, mais attention : il ne faut pas qu’ils fassent comme les Kabyles à Paris en prenant tous les cafés et restaurants », ironise le chauffeur en klaxonnant pour se frayer un chemin au milieu des cortèges de touristes.

Alors que le Maroc ambitionne d’accueillir 10 millions de touristes étrangers d’ici 2010 (contre 3,7 en 2004), Marrakech se développe à un rythme qui confine à la frénésie.

En 2004, quelque 600 000 touristes français ont séjourné à Marrakech, en augmentation de 18% par rapport à 2003.

La ville ocre, ancienne capitale de l’empire chérifien, est un gigantesque chantier. La majestueuse « avenue de France », récemment rebaptisée « boulevard Mohammed VI », a été prolongée sur plus de six kilomètres pour offrir une perspective spectaculaire, bordée de palmiers, sur les massifs enneigés de l’Atlas.

Partout, des grues, des bétonneuses et des milliers d’ouvriers s’activent, y compris le dimanche, pour construire de nouveaux complexes résidentiels ou faire pousser des immeubles grâce à la récente modification du plan d’occupation des sols du centre-ville.

Après la Palmeraie, les villas datant du protectorat ou celles dévolues aux officiers des Forces armées royales au milieu des années 70, les promoteurs spéculateurs menacent même de détruire les symboles architecturaux de la ville comme le marché de Guéliz. Au risque de « tuer l’âme de Marrakech », selon les signataires d’une pétition adressée au maire, Omar Jazouli.

L’instauration de l’euro en 2002 a suscité d’importants transferts de devises vers le Maroc, transferts qui se sont notamment concrétisés en investissements immobiliers.

Avec 30 % d’augmentation par an depuis 2001, le marché est très tendu, « mais il reste encore de belles opportunités », selon Vincent Benvenuti, directeur de l’agence « Jemaâ el Fnaa-Immobilier ».

La traditionnelle clientèle jet-set internationale, retranchée dans les suites du palace de la Mamounia ou dans de luxueux « ryads » (palais) de la Médina (vieille ville), doit désormais cohabiter avec des ressortissants français venus tenter leur chance dans une ville à moins de trois heures d’avion de l’Hexagone. Une fiscalité particulièrement attrayante (jusqu’à 80% d’abattement des revenus imposables) attire par ailleurs depuis peu les retraités qui n’ont ni le goût ni les moyens de couler leurs vieux jours sur la Côte d’Azur.

La libéralisation en 2004 du ciel marocain, venue mettre un terme au monopole historique de la Royal Air Maroc et d’Air France, place désormais Marrakech, son soleil hivernal, son artisanat et l’hospitalité légendaire de ses habitants à moins de 250 euros (400 $) aller-retour de Paris, Lyon, Marseille, Toulouse ou Bordeaux.

L’hôtellerie, à travers les « maisons d’hôtes », et la restauration sont les deux principaux secteurs d’activités des Français récemment installés à Marrakech, où fleurissent des enseignes de « cuisine provençale », de « spécialités du Sud-Ouest » mais aussi de « crêpes bretonnes » ou de « boulangerie artisanale »...

Quelque 3500 Français, sur un total de 26 000 immatriculés au Maroc, résident officiellement à Marrakech, soit une augmentation de plus de 30 % depuis 2001. Le groupe scolaire français Victor Hugo/Auguste Renoir, où sont scolarisés quelque 1400 élèves, français ou marocains, tourne en sur-régime.

Cette « déferlante gauloise », selon l’expression d’un restaurateur bordelais, se passe sans incidents notables. Seulement deux Français sont actuellement détenus à Marrakech et un seul homicide a été signalé en 2004.

« Je suis un consul heureux », a résumé à l’Associated Press le consul général de France, Bernard Giulieri.

Certains journaux islamistes, comme « Attajdid » (organe du parti islamiste « modéré » de la justice et du développement, PJD), soulignent toutefois régulièrement les menaces que l’alcool, la pédophilie ou le tourisme sexuel font peser sur « les valeurs sacrées de l’Islam ».

Nicolas Marmié - Associated Press - Cyberpress.ma

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