SIEL : une journée dédiée à Mohamed Leftah

18 février 2009 - 11h05 - Culture - Ecrit par : L.A

Samedi 14 février 2009, une Saint Valentin maussade et deuxième jour de la foire du livre et de l’édition de Casablanca. Le matin, le café vient à peine de prendre sa place dans le ventre, ses ondes picotent encore dans le creux du cerveau, réveillent, éveillent un corps ramolli. Dans l’espace Léopold Sedar Senghor, la matinée sera consacrée à un écrivain méconnu du grand public, mort récemment au Caire en juillet 2008. Le Ministère de la Culture rend ainsi hommage à la mémoire de Mohamed Leftah.

Les invités eux sont : le célèbre écrivain marocain Edmond Amran El Maleh, Mustapha Benchikh et Abdallah Bida. L’animatrice est une jeune journaliste de l’hebdomadaire « Le Journal » : Kenza Sefrioui. Le plateau est riche, une ambiance rythmée par les allers et venues de la foule, et le brouhaha encore supportable de la grande foire livresque.

L’écrivain, qu’on dit inconnu jusqu’en 1992, est présenté dès l’entame de la rencontre : il est né à Settat, licencié en maths, parti en 1968 à Paris et décède subitement d’un cancer de l’œsophage en été 2008, au Caire en Egypte. On le dit très attiré par la littérature dès son jeune âge. Son premier texte sort en 1992 : « Les demoiselles de Numidie », l’auteur y décrit l’univers chaotique des bas fonds de Casablanca, une écriture qui met en valeur une frange marginalisée de la société, sans pour autant la juger. Une écriture qui restitue leur dimension humaine, esthétique à toute cette microsociété qui croupit dans l’indifférence générale. Kenza Sefrioui nous présente ensuite l’ouvrage collectif consacré à l’auteur et qui a vu le jour en 2009 par Tarik Editions : « Mohamed Leftah ou le bonheur des mots »*.

Quand Edmond Amrane El Maleh prend la parole, c’est la sagesse même qui vous parle, le métier, l’expérience, inutile de rester indifférent, on est admiratif, oui, absolument. Il dit : « J’ai eu le privilège d’avoir eu Leftah comme élève pendant les années 60, l’époque était magnifique, dans la classe il y avait une pléiade de futurs ministres, gouvernants… Ensuite j’ai retrouvé Leftah à Paris qui m’a apporté son premier roman « Les demoiselles de Numidie » commercialisé par les Editions « L’aube ». Je peux vous dire que Mohamed Leftah « est le plus grand écrivain au Maroc », « Je prends le risque de l’affirmer », « et si on veut me contredire, qu’on lise d’abord ses textes », « il a une particularité, sa façon d’écrire est d’une audace terrible, un franchis de tous les tabous, les protocoles… », « Il n’écrit pas pour qu’on le lise, il est dans son monde, il a une culture faramineuse du point de vue littéraire et philosophique…. »

Tout est dit, tout est là

Mustapha Bencheikh va ensuite nous brosser un tableau synthétique sur l’écrivain, qui a profondément marqué la classe littéraire marocaine, juste après la parution des « demoiselles de Numidie ». Il s’est dit stupéfait de relever une symbiose parfaite entre poésie et littérature dans les écrits de Mohamed Leftah.

Kenza Sefrioui, la modératrice de la séance, va, en guise de conclusion, énumérer quelques facettes de l’œuvre de Leftah, qui décrit entre autres phénomènes, la vie des prostituées et des bars de la capitale économique, l’ordre machiste sévissant… Son œuvre publiée dans les éditions de la Différence compte une dizaine de titres dont : « Au bonheur des limbes », « Une fleur dans la nuit », « Ambre ou les métamorphoses de l’amour », « Un martyr de notre temps », « Une chute infinie », ….

Sur ce, Edmond Amran El Maleh nous conseille, avant de clore cette matinée enrichie par l’intervention-témoignage de Salim Jay et la présence discrète de la poétesse Siham Bouhlal, de tordre le cou à la critique, pour l’assassiner, et donne rendez-vous au public et aux connaisseurs, afin d’organiser un colloque, une grande rencontre ou on pourrait tous lire et faire lire les textes de Mohamed Leftah

* Ont participé à cet ouvrage : Abdelhaq Anoun, Abdellah Baida, Mustapha Benchikh, Edmond Amran El Maleh, Touriya Fili-Tullon, Mohamed Hmoudane, Salim Jay, Rachid Khaless, Abdallah Mdarhri-Alaoui, Mohamed Nedali, Kenza Sefrioui et Issam-Eddine Tbeur

Tarik Boubiya

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