ONCF : les objectifs 2005-2009 dépassés

19 janvier 2009 - 18h34 - Economie - Ecrit par : L.A

L’année 2009 sera une année charnière pour l’Office national des chemins de fer. « Point de pause en termes d’investissement », annonce Karim Ghellab, ministre de l’Equipement et du Transport, lors de la conférence de presse tenue dans le train spécial qui a abrité le conseil d’administration de l’Office durant le trajet Rabat-Marrakech, mercredi dernier.

La rencontre avec la presse a été aussi l’occasion pour Ghellab de transmettre des messages du gouvernement à la communauté des affaires. « Tous les projets structurants seront poursuivis », rassure le ministre. Ceci concerne aussi bien les investissements de son département que les projets relevant des autres ministères sectoriels et entreprises publiques. Mais pour l’ONCF, le budget 2009, qui coïncide avec la phase finale du plan quinquennal, a été construit « sur une hypothèse modérée », révèle Mohamed Rabie Khlie, directeur général de l’Office. Et pour cause ! « Il s’agit de concilier les aléas conjoncturels, l’impact des nouveaux projets et l’effort de rationalisation de la gestion », est-il précisé. En clair, il s’agit d’anticiper sur le manque à gagner qui résulterait de la perte du marché de l’OCP. Mais le volet partenariat avec le chargeur phosphatier ne semble pas inquiéter outre mesure. Mieux encore, la tutelle tout comme la direction générale de l’ONCF affichent un optimisme à toute épreuve.

A l’appui, « la décision du chargeur d’acheminer ses phosphates par pipe-line ne mettra pas fin au partenariat qui le lie à l’ONCF », martèle Ghellab. Sans vouloir donner d’indications précises, le ministre rappelle qu’il « s’agit d’une décision d’ordre politique et stratégique sur laquelle un comité restreint planche pour dégager les nouveaux axes de collaboration ». Toujours est-il que les équilibres fondamentaux de l’ONCF sont assurés en dehors des recettes en provenance de l’OCP, est-il indiqué. « Maintenant, si impact il y a, c’est sur le développement du réseau ferroviaire mis en place pour le transport des phosphates », estime Ghellab. Mais pour le management de l’Office, la question du fret, dans sa globalité, demeure au centre de la nouvelle vision arrêtée à l’horizon 2015. « A cet effet, les résultats de l’étude menée par un cabinet international ont mis en évidence la possibilité de tripler le chiffre d’affaires fret d’ici 2015 », révèle Khlie. Cela passerait par la restructuration financière de l’activité fret. L’objectif est de fournir une prestation de transport couplée avec la logistique. Sont ciblés dans ce cadre, les grands opérateurs des industries chimique, énergétique et les secteurs agricole et agro-industriel. Le tout moyennant un raccordement direct des grands opérateurs.

En attendant, « tous les indicateurs financiers de l’ONCF sont au vert », se félicite Khlie. En témoignent les résultats du contrat-programme signé avec l’Etat pour le quinquennat 2005-2009. A fin 2008, l’ONCF a engagé en effet la quasi-totalité des 18 milliards de DH alloués au programme. Le chiffre d’affaires dégagé au titre de l’exercice 2007, objet du rapport annuel du conseil d’administration, a franchi le cap de 3 milliards de DH.

Pour l’année 2009, pas moins de 4 milliards de DH seront investis. Mais cette fois, près de 75% du budget dédié proviendrait des fonds propres. En attendant, les divers projets structurants sont terminés ou en cours de finalisation. Au titre des réalisations, l’achèvement du dédoublement de la voie Casa-Fès, Casa-El Jadida et Casa-Settat, la réception des 18 rames duplex de la commande ferme et l’ouverture au public, en octobre dernier, de la nouvelle gare de Marrakech.

Certains chantiers ont été accélérés. Il s’agit des projets de la connexion du réseau aux sites stratégiques de Tanger Med et de Nador ainsi que du raccourci Sidi Yahia-Bel Ksiri avec électrification de la ligne jusqu’à Tanger. A tel point que « les retombées positives sont aujourd’hui perceptibles par le grand public », commente le DG de l’Office. En guise d’arguments, Khlie énumère les performances induites par le déploiement des deux vagues du plan de transport des voyageurs. L’offre comporte aujourd’hui 174 trains par jour au lieu de 110 en 2005. La ligne Casa-Fès a vu la mise en circulation de 8 trains directs assurés en rames duplex effectuant le parcours en 3h20 au lieu de 4h30. De même, les villes de Settat et d’El Jadida bénéficient désormais d’une desserte cadencée à l’instar du TNR Casa-Rabat-Kénitra avec respectivement un départ chaque heure et toutes les deux heures.

Parallèlement, le trafic de voyageurs a progressé de 10% par an entre 2005 et 2008, passant ainsi de 21 millions de passagers à près de 28 millions. Pour rappel, l’année passée, cette activité a été couronnée par la certification ISO 9001. Cette distinction permet désormais de progresser au quotidien en soumettant au préalable les composantes du produit ferroviaire final aux critères et normes du référentiel qualité. L’objectif affiché est de porter le taux de satisfaction des clients de 72% à 80% d’ici 2010.

TGV : Lancement des travaux fin 2009

Le projet de train grande vitesse (TGV) est sur de bons rails. Selon le DG de l’ONCF, l’avant-projet sommaire des études techniques sera finalisé en février prochain. Suivra alors la 2e phase préparatoire pour le lancement des appels d’offres. En même temps, des négociations seront engagées pour mobiliser le complément des financements. Il sera de même pour les procédures d’acquisition des terrains nécessaires à la nouvelle voie Casa-Tanger qui devrait emprunter le tracé de l’autoroute. L’interconnexion avec le réseau traditionnel ne se fera qu’au niveau de Kénitra.

Suicide, le train ne rate pas

Les retards des trains sont dus à raison de 50% à des accidents. Lesquels sont provoqués pour moitié par des tentatives de suicide. Ce qui occasionne souvent de longs délais d’arrêt, le temps de boucler la procédure administrative. Pour en atténuer l’impact, l’ONCF construit chaque année une trentaine de kilomètres de clôture, voire des murs en béton. Histoire de compliquer quelque peu la tâche aux candidats au suicide.

Source : L’Economiste - Aziz Ghouibi

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