La télévision en panne

2 juin 2007 - 00h00 - Culture - Ecrit par : L.A

Si vous voulez savoir combien nos chaînes de télévision dépensent en production, zappez... il n’y a aucun chiffre à voir. Vu les programmes diffusés, on les comprend. Et tant qu’elles refusent de s’ouvrir davantage sur les producteurs privés, le décollage du marché de la production n’aura pas lieu.

A la question de connaître dans le détail les dépenses de la SNRT et de 2M en matière de production télé (y compris interne et externe), la réponse est... mute. C’est le black-out total au niveau des états-majors des deux entités audiovisuelles publiques. Vraisemblablement, le sujet est classé top confidentiel. Difficile alors d’évaluer la santé économique de ce marché. Toujours est-il que l’effervescence dans ce secteur à fort potentiel de développement tarde toujours à avoir lieu. Et ce, en dépit du lancement de nouvelles chaînes thématiques censées booster cette activité. Un constat qui fait l’unanimité dans la profession des producteurs privés.

Si la discrétion autour des chiffres reste de mise, nous avons pu quand même avoir accès à certaines informations permettant de dresser un état des lieux. Ainsi, pour le cas de 2M, 30% de la production est confiée à des sociétés privées. Un pourcentage qui peut parfois frôler les 90%, notamment lorsqu’il s’agit des sitcoms et autres émissions « humoristiques » diffusées durant le mois du Ramadan.

Aux yeux de certains producteurs, tant que la deuxième chaîne s’entête à ne pas franchir le pas de l’externalisation totale de la production hors informations et sport, il ne faut pas espérer que le décollage du secteur ait lieu. Pourtant, la chaîne d’Aïn Sebaâ semble adopter pour longtemps cette stratégie. Idem pour son aînée de la rue El Brihi. Et la nomination d’un directeur de la production n’a pas arrangé les affaires des producteurs privés. En effet, le gros des productions se fait toujours en interne (hormis les fictions) d’où cette qualité des programmes qui ne fait l’unanimité ni auprès des producteurs ni auprès du public. Et le budget alloué à la production (37 millions de DH en 2004) reste bien en deçà des standards, relève-t-on dans le milieu. Dans un souci de respecter les quotas de son cahier des charges, la SNRT mise beaucoup sur la production dramatique nationale qui a enregistré, au cours de ces cinq dernières années, une croissance de l’ordre de 70%. Côté téléfilms, cinq seulement sont coproduits chaque année. De quoi susciter de vives inquiétudes dans la profession des producteurs. Certains se demandent même où sont passés les 257 millions de DH accordés par l’Etat à la SNRT pour la promotion de la production nationale.

Partant de ce constat, il y a lieu de s’interroger sur l’impact réel de la libéralisation des ondes. Jusqu’à présent, il faut bien reconnaître que la libéralisation du paysage audiovisuel ne s’est pas traduite par l’ouverture du marché aux privés. En effet, les producteurs manquent toujours de visibilité puisque les chaînes publiques ne communiquent pas sur leurs besoins en matière de programmation. Dans les conditions actuelles, le doute plane sur une éventuelle dynamique du marché de la production télévisée vu que celle-ci dépend de la bonne volonté des chaînes. Et si les responsables du pôle audiovisuel public attribuent souvent le manque d’ouverture aux producteurs externes par l’insuffisance des moyens financiers et le sous-investissement du marché publicitaire national, on se demande alors pourquoi les annonceurs, du moins les plus importants, ne lésinent pas sur les moyens pour sponsoriser des programmes de qualité. N’est-il pas vrai qu’un bon produit télé trouve toujours preneur ? La balle est dans le camp des chaînes.
Le Journal Hebdo - Mohamed Douyeb

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