L’ONCF révolutionne les chemins de fer

7 avril 2007 - 13h00 - Economie - Ecrit par : L.A

Des chevaux d’acier qui galopent à toute vitesse, puis se transforment progressivement en trains rapides (TGV), roulant à vive allure, avant de surplomber une ville moderne semblable à New York où ils s’arrêtent dans une gare ultra équipée. Ce film publicitaire de quelques secondes, brillamment conçu et mis en scène par l’agence de communication Saga pour le compte de l’Office national des chemins de fer (ONCF), se veut la nouvelle image que celui-ci veut désormais donner aux chemins de fer marocains.

Une image certes idyllique et imaginaire, mais sincèrement ambitieuse, qui traduit une vision et une volonté qui commencent déjà à se manifester sur le terrain. Objectif : révolutionner le train marocain et lui restituer toute sa noblesse de moyen de transport le plus populaire. Ceux qui sont habitués à effectuer la navette ferroviaire entre Casablanca et Rabat ont été les premiers à découvrir ce train, nouvelle génération, à deux étages, dit également à 24 rames pour les initiés.

Malgré quelques petits problèmes techniques, qui ont émaillé sa première mise en service, -ce qui est tout à fait normal pour ce genre d’engins-, le nouveau train semble remplir toute sa fonction : il est plus rapide que l’ancien (il fait 52 minutes de trajet entre Rabat et Casablanca au lieu d’une heure et 5 minutes actuellement), et il est aussi confortable. Son allure, bien que très éloignée de celle futuriste et ultramoderne du TGV qu’on nous montre dans le film publicitaire, ne trahit pas les ambitions des cheminots marocains, plus que jamais déterminés à ressusciter le voyage en train.

Désormais, le train se situe à une place de choix qui le met en forte concurrence avec les moyens de transport classiques comme le bus, l’avion et la voiture. Ce qui anime aujourd’hui l’ONCF, loin de toutes les surenchères commerciales et les effets d’annonce, c’est le désir d’offrir au Marocain un train rapide, une qualité de service irréprochable, des gares agréables, un personnel qualifié, et un gain de temps considérable.

Ce sont là, en quelques phrases, les grands axes qui constituent la stratégie de l’office. Il commence déjà à la mettre en œuvre, et le voyageur marocain semble à priori sensibilisé à ce changement. Entre Casablanca et Rabat, l’axe ferroviaire sur lequel s’abat chaque jour une forte affluence de voyageurs et considéré, à juste titre, comme la ligne la plus problématique, l’office a mis en place ces trains duplex, et promis des départs tous les quarts d’heure.

Il y a quelques mois, cette ligne était la source de tous les mécontentements. Des trains qui arrivent en retard, d’autres qui tombent en panne en plein trajet et une qualité de service qui laisse sérieusement à désirer. Au sortir de la gare Casa Port ou de Rabat ville, les voyageurs se plaignaient aussi de l’exiguïté des gares, souvent malpropres et dans lesquelles se promenaient parfois des SDF, laissant planer un climat d’insécurité, aussi grave que fréquent. Il faut dire que c’est en puisant dans les plaintes des clients et de leurs remarques que l’office a pu mettre en place un programme de rénovation et de modernisation des gares. Au terme de quelques mois de travaux, le Maroc compte aujourd’hui plusieurs gares modernes construites selon les normes de qualité et de confort les plus réputées dans le monde. Les Casablancais sont les premiers servis, puisque plusieurs gares ont été rénovées et inaugurées en 2007. Il ne reste plus que la gare Casa Port, la plus sensible de la ville, située à proximité du grand port de Casablanca, où les travaux vont bientôt commencer après le règlement du litige avec les locataires du défunt Centre 2000. À Tanger comme à Marrakech ou encore à Fès, les travaux vont bon train et l’on se bat contre le temps pour que ces villes touristiques soient dotées de leurs gares new-look au plus tard en 2008.

La bataille se joue également sur les temps de trajets entre les villes. Avec les anciens trains, aux performances limitées, souvent à l’état technique délabré, il faut faire entre 5 et 6 heures sur l’axe Casablanca Tanger. Un calvaire aggravé dans certains cas par le climat : la chaleur pendant l’été et le froid pendant l’hiver. Aujourd’hui, l’office promet mieux. À partir de 2008, le trajet entre ces deux villes ne sera plus que de 4 heures et 10 minutes. Deux heures en moins rendues possibles grâce aux 18 trains rénovés qui commenceront à desservir la ville de Tanger, au départ de Casablanca, au lieu de 12 trains actuellement. La même performance est promise sur Fès. La durée du trajet sera raccourcie de plus d’une heure au départ de Casablanca. Ainsi, au lieu de 4 heures et demie, le nouveau train duplex permettra de ramener ce temps à 3 heures et 20 minutes.

Toujours en 2008, 36 trains relieront Casablanca à Fès, soit un départ toutes les heures. Sur Marrakech aussi, autant de trains sont programmés et la durée du trajet descendra de 3 heures à un peu plus de deux heures. Cependant, si tous ces changements sont les bienvenus pour une clientèle qui utilise beaucoup le train, ils n’intéressent pas du tout une partie de la population marocaine qui se trouve dans le sud du Maroc, une zone non couverte par les chemins de fer, probablement pour sa géographie difficile et ses voies complexes.

Même dans les zones nord et centre, où le train est un moyen de locomotion très prisé, il n’en demeure pas moins que certaines régions, notamment rurales, ne sont pas équipées. Sur ce plan, il s’avère que l’ONCF met les bouchées doubles, pour désenclaver ces régions. C’est ainsi que l’office a annoncé l’ouverture d’une nouvelle ligne, en 2008, entre Taourirt et Nador, un axe jusque-là desservi uniquement par autobus. Tout comme il procèdera à la création d’une nouvelle liaison entre la ville de Tanger et son port pharaonique, Tanger Med. Pour la première ligne, elle coûtera 2,4 milliards de dirhams et presque autant pour la seconde.

Au total, près de 17 milliards de dirhams ont été dépensés par l’ONCF pour remettre à niveau les chemins de fer marocains. Une somme considérable destinée à révolutionner le train. C’est le nouveau défi à relever pour améliorer notre image tant au Maroc qu’à l’étranger.

Maroc Hebdo - Aissa Amourag

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