Parlement : les MRE rejettent l’idée d’être représentés par les partis

19 juin 2006 - 08h44 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les MRE qui intégreront le Parlement en 2007 seront-ils sans appartenance politique ? Dans un document publié le 28 mai dernier par la plus importante et la plus active de leurs associations, connue sous le nom de « Congress », ils ont choisi de se jeter à l’eau pour livrer leurs idées.

Ces CME (Citoyens marocains à l’étranger), comme ils ont choisi de se désigner, appellent à la tenue d’élections parlementaires apolitiques dans leur cas. « L’idéal serait une législature de 2007 exceptionnellement sans partis politiques pour le cas spécifique des CME », lit-on dans le texte. Plus loin, le Congress propose même que « les députés CME soient exceptionnellement élus pour la législature de 2007 à partir des membres élus du Conseil supérieur de l’immigration ». Motif ? « Aujourd’hui, l’enjeu posé par les législatives de 2007 agit comme une sorte de catalyseur poussant les partis à multiplier les initiatives et les approches afin de reconquérir le terrain perdu. Se posent alors les questions de la pertinence des programmes partisans et du poids réel des partis au sein de la communauté », explique-t-on au Congress. Ce dernier considère, étant donné qu’il s’agit d’une première expérience de participation politique pour la grande majorité de la communauté marocaine à l’étranger, que les partis manquent de temps pour reconquérir le terrain et renouveler leurs cadres à l’étranger.

Idem pour les jeunes générations qui ont besoin de connaître l’espace politique marocain. De même, le Congress appelle fermement les services consulaires et les ambassades à rester neutres, et par ricochet les amicales à rester à l’écart du processus.

Silence radio depuis le discours royal du 6 novembre 2005

Cette proposition intervient alors que les partis marocains se concentrent sur la loi électorale de 2007. En fait, il y a un certain temps déjà que l’impatience grandit chez les MRE, d’autant plus que ces derniers ne voyaient rien venir ni du côté du gouvernement ni de la scène politique concernant l’application des droits de vote annoncés lors du discours royal du 6 novembre 2005.

Certes, il y avait eu ce projet de dahir portant création du Haut conseil des MRE qui a circulé sur Internet. Présenté comme une fuite mais aussi comme un vieux brouillon par le ministère chargé des MRE, certains considèrent ce document comme un test destiné à prendre la température de l’opinion publique sur ce thème.
Enfin, si une poignée de partis avait bien commencé à plancher sur la question, ils se donnaient jusqu’à septembre pour peaufiner leurs propositions, alors que le vote des MRE devrait normalement être détaillé dans la loi électorale dont on annonce le vote d’ici juillet 2006.

L’affaire devenait d’autant plus urgente que le poids démographique de cette communauté, et les délais imposés par leur éloignement géographique en cas d’élections, amènent certains à suggérer que leur vote se déroule avant celui du reste du pays.

Mais, la demande du Congress est-elle juridiquement applicable ? Si l’on voit difficilement comment les partis pourraient être éloignés de l’élection d’une instance politique par définition, les MRE peuvent toujours choisir de se faire représenter par des « sans appartenance politique », à condition que ces derniers y soient autorisés par la loi électorale, explique en substance Najib Ba Mohamed, vice-président de l’Association marocaine de droit constitutionnel.

Pour justifier cette situation, le Congress met en avant le côté apolitique de la diaspora marocaine, argument qui pose problème. En effet, cette communauté comprend de nombreux anciens militants de gauche qui avaient quitté le Maroc durant les années de plomb. Beaucoup d’autres, installés de longue date, jouent aujourd’hui des rôles politiques plus ou moins importants dans leurs pays d’accueil. Dans cette situation, « étant donné l’éventail politique au Maroc, on ne peut pas dire que certains ne se reconnaissent pas dans telle ou telle couleur politique », s’étonne Abdelkrim Belguendouz, spécialiste de la question de l’émigration.

Il s’agit peut-être d’un problème de communication

Autre argument surprenant, le Congress avance que « le contexte politique européen ne se prête pas à une présence apparente des formations politiques marocaines ». Il dit craindre que l’application du droit de vote des MRE ne soit considérée comme une ingérence dans les affaires politiques des pays d’accueil. Le problème est réel, mais il se situe peut-être ailleurs, comme l’explique Mustapha Adhar, président de l’association hollandaise Vice versa, qui voit dans le droit de vote « un moyen de construire un pont entre notre pays et celui où nous vivons ». Il s’agit selon lui de renforcer le lien de confiance qui s’est progressivement établi entre la communauté à l’étranger et les représentants officiels du Maroc, en rassurant les gens concernant la transparence des élections, mais aussi sur leurs droits. Il s’agira également de dialoguer avec les communautés à l’étranger en prenant en compte les différences liées à leur cadre de vie, mais aussi au niveau des générations, des sexes et des langues. En somme, un lourd travail de communication, qui revient en premer lieu... aux partis.

La vie économique

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Vote MRE - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc mise sur ses compétences à l’étranger

Le Maroc veut impliquer davantage ses compétences à l’étranger à son processus de développement. Dans ce sens, un mécanisme est en cours d’élaboration pour accompagner les talents marocains à l’étranger, conformément aux orientations royales.

Les Marocains de France battent des records de transfert

Les Marocains du monde ont transféré au Maroc près de 115,15 milliards de dirhams (MMDH) à fin décembre 2023, soit une hausse de 4 % par rapport à la même période de 2022 (110,72 MMDH), révèle l’Office des changes.

Le Maroc et l’Espagne se concertent pour l’Opération Marhaba (MRE)

La réunion de la Commission mixte hispano-marocaine s’est tenue ce mercredi au siège du ministère de l’Intérieur en vue de coordonner l’Opération Passage du Détroit 2023 (OPE-23) ou Marhaba 2023 entre l’Espagne et le Maroc.

Meurtre de Malak : des traces d’agressions sexuelles révélées par le médecin légiste

Lors d’une conférence de presse donnée jeudi par le parquet de Liège, des révélations choquantes ont été faites sur le meurtre de Malak, la jeune adolescente de 13 ans tuée par Olivier Theunissen, un Sérésien de 37 ans. Le médecin légiste a en effet...

Les MRE et la détaxe, ce qu’en dit la Douane

De très nombreux Marocains résidant à l’Etranger effectuent des achats quand ils sont en vacances au Maroc. Ces achats peuvent-ils faire l’objet d’une détaxe, c’est-à-dire donner lieu au remboursement, à ces acheteurs, de la Taxe sur la Valeur ajoutée...

Opération « Marhaba 2023 » : 538 traversées maritimes hebdomadaires prévues

Le Maroc se prépare déjà pour l’opération « Marhaba 2023 » qui vise à accueillir les membres de la communauté marocaine vivant à l’étranger. Mohamed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, a annoncé cette nouvelle devant la Commission...

Jet-skis, bateaux de plaisance... que dit la douane marocaine ?

La douane marocaine a mis en place un régime d’admission temporaire pour les moyens de transport maritimes privés, en particulier les bateaux de plaisance, appartenant à des personnes résidant à l’étranger.

Douane marocaine : voici le guide des MRE 2023 (à télécharger)

L’Administration des Douanes et impôts indirects a récemment dévoilé son nouveau guide dédié aux Marocains résidant à l’étranger.

Les contrebandiers profitent de l’opération Marhaba (MRE)

L’opération Marhaba dédiée aux Marocains résidant à l’étranger est une opportunité pour certains commerçants qui n’hésitent pas à passer en contrebande des marchandises à caractère commercial ou prohibé.

Douane : que se passe-t-il si le MRE ne peut exporter sa voiture ?

Il peut arriver, dans certains cas d’un ennui de santé ou d’une urgence quelconque, que le Marocain résidant à l’extérieur (MRE) ne puisse pas, par lui-même, réexporter son véhicule, c’est à dire le reconduire hors du Maroc. La douane marocaine a prévu...