Répudiation : les enfants sont-ils aussi répudiés ?

16 janvier 2003 - 16h03 - Maroc - Ecrit par :

Les obligations parentales à l’égard des enfants sont multiples. Le logement, la nourriture, l’habillement et la scolarité sont des devoirs vitaux. Mais d’autres obligations existent : orienter son enfant, lui apporter un soutien moral et l’aider à construire une personnalité indépendante...

Les obligations parentales à l’égard des enfants sont multiples. Le logement, la nourriture, l’habillement et la scolarité sont des devoirs vitaux. Mais d’autres obligations existent : orienter son enfant, lui apporter un soutien moral et l’aider à construire une personnalité indépendante pour mieux affronter l’avenir.

Seulement, la réalité est parfois inique. Certains parents, et principalement les pères, oublient cette donne. Lisez ce témoignage et vous conviendrez par vous-même.

« Lorsque j’ai rencontré mon époux, la première fois, je me suis sentie emportée par un réel désir de fonder un foyer. Charmant, attentionné, avec une bonne position sociale…Tous les éléments étaient présents pour que je sois conquise.

Malheureusement, la vie prend parfois des tournures incompréhensibles. Au fil des années, je donnais naissance à deux filles et mon mariage battait de plus en plus de l’aile jusqu’au jour où Jalil m’annonçait qu’il désirait divorcer pour se remarier avec une autre femme.

Divorcée, sans le sous et avec deux petites filles à ma charge, je ne voyais pas d’autre alternative que de revenir chez mes parents. Le retour s’est fait sans accusations mais ma blessure était grande. Je ne comprenais pas l’injustice de mon époux.

Devant mes responsabilités à l’égard de mes enfants, j’ai vite compris qu’il fallait que je trouve un emploi. Ce qui n’a pas été une chose facile.

Aujourd’hui, mes filles ont dix neuf et dix sept ans. Elles ont mal tourné. Excusez-moi si je vous parais dure envers elles mais il m’a fallu du temps et beaucoup de courage pour m’en apercevoir.

Me responsabilisant de ma séparation avec leur père, elles sont restées bloquées sur cet échec. Pas d’amis, renfermées sur elles-mêmes et sans diplômes. Voilà ce que mes filles sont devenues.

J’ai tenté de rechercher de l’aide auprès de leur père mais en vain. Il ne veut pas en entendre parler et utilise ce moyen comme une façon de me rabaisser encore plus. Il oublie que ce sont ses gènes et que leur devenir dépend aussi de son autorité.

Jamais il n’a pensé les aider d’une quelconque façon : les frais de scolarité étaient à ma charge, le gîte et le couvert le sont d’ailleurs toujours. Je sais bien que je ne peux rien exiger de lui en tant qu’ex-femme mais mes filles sont les siennes aussi. Pourquoi l’oublie-t-il ?

Comment peut-on mettre au monde des enfants en toute légalité pour mieux les renier par la suite ? Après ma mort, que deviendront-elles ?

Et le comble dans tout cela, est que si l’une d’elle cherche à se marier, sans l’accord de son père(d’un père qui se veut absent), elle ne peut le faire. Croyez-vous que ceci est propre à la justice d’un véritable Etat de droit ou d’une moralité religieuse ? » demande Malika, une femme de 42 ans, secrétaire de direction.

Linda Rfaly pour menera femmes

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