Jaouad Zairi

15 août 2005 - 19h53 - Sportifs - Ecrit par : Bladi.net

Né le 17 avril 1982 à Douar Jjalla (Taza), Jaouad Zairi a longtemps été considéré comme un joueur individualiste en raison de son appétit du dribble. Jaouad Zairi semble aujourd’hui avoir mûri et utilise ses qualités au service du collectif sochalien. L’ailier marocain pourrait ainsi rapidement faire son trou parmi les meilleurs attaquants de L1. Portrait d’un vice-champion d’Afrique en pleine ascension.

Lorsque vous jouez face au FC Sochaux-Montbéliard, il ne fait pas bon être arrière gauche. Car quand arrive face à vous Jaouad Zairi, vous avez de fortes chances de vous retrouvez par terre, assommé par ses dribbles percutants. L’histoire de cet artiste du ballon a débuté à Mâcon, en Saône-et-Loire. « J’ai quitté le Maroc lorsque j’avais deux ans, raconte le jeune attaquant doubiste. La famille s’est installée à Mâcon. C’est là que j’ai commencé à jouer au football. Chez moi, tout le monde aimait le foot et tapait dans le ballon pour s’amuser, pour garder la forme, mais le foot n’a jamais été pratiqué à un haut niveau. » Mais le petit Jaouad, lui, développe dès son plus jeune âge une qualité qui deviendra sa marque de fabrique : le dribble. « Dribbler, chez moi c’est quelques chose de naturel, explique-t-il. Je ne travaille pas vraiment cela. Ça vient tout seul. Depuis l’époque où j’étais gamin, quand on jouait dans la rue. C’est peut-être le manque de place, à l’époque, qui m’a forcé à jouer comme ça. »

En grandissant, le rêve devient un objectif. Le Marocain veut gagner sa vie en jouant au foot, et fait tout pour y parvenir : « Devenir footballeur professionnel était une obsession. D’ailleurs, j’ai envoyé des tas de lettres dans tous les clubs pour pouvoir aller faire des essais. Au départ, je les envoyais aux clubs pas très éloignés de chez moi, puis après j’ai essayé les grands clubs comme Saint-Étienne. Mais bon, toutes les réponses me disaient que les centres de formation étaient complets. Tout cela ne m’a pas découragé. Et un jour, j’ai été repéré par le FC Gueugnon où j’ai fait un an de sports-études avant d’intégrer le centre de formation. » Voilà l’histoire en marche, et Zairi débutera en 2000 avec les pros bourguignons.

Quelques mois auparavant, il a vécu la première déception de sa carrière. Alors qu’il est encore en moins de 17 ans, en mai 2000, Gueugnon dispute et remporte la Coupe de la Ligue au Stade de France face au PSG (2-0). Pourtant, Jaouad Zairi espérait bien disputer ce match. Et il n’imagine pas que ce n’est que le début d’une véritable malédiction des finales qui s’abat sur lui depuis quatre ans. Après s’être révélé en 2000-2001 chez les Forgerons (28 matchs, 3 buts), l’attaquant marocain rejoint Sochaux et Jean Fernandez lors du retour du club doubiste en Ligue 1. Et déjà, il veut jouer, encore et toujours. « Pour moi, un joueur ne pourra progresser que s’il joue régulièrement, c’est aussi une histoire de confiance » assure-t-il. Jaouad progresse sous les couleurs du FCSM, mais foule moins les pelouses qu’il l’espérait, puisqu’il dispute seulement 46 matchs entre 2001 et 2004.

De plus, il manquera les deux finales de Coupe de la Ligue disputées par Sochaux en 2003 (1-4 face à Monaco, non retenu dans le groupe) et 2004 (victoire aux tirs au but face à Nantes, suspendu). Et cette dernière laissait beaucoup de regrets à Zairi, puisque sa suspension était due à des cartons jaunes idiots, des fautes de jeunesse en quelque sorte. La semaine précédant la finale, il avait le moral proche de zéro : « Quand Gueugnon était en finale de la Coupe de la Ligue contre le PSG, j’étais trop jeune, et l’an passé, avec Sochaux, je n’étais pas dans le groupe. Cette fois, c’était vraiment le moment de la faire, et franchement, je suis dégoûté. » La victoire des siens lui redonnera le sourire, d’autant plus que cette année 2004 lui avait également permis de briller lors de la CAN, en Tunisie. Avec lui, le Maroc a effectué un brillant parcours jusqu’en ... finale, perdue face au pays organisateur (1-2). La veille, Jaouad a été malade, et n’a pu disputer que quelques minutes de la finale. Maudit, on vous dit !

Mais cette Coupe d’Afrique a complètement libéré et révélé Jaouad Zairi, très fier d’avoir porté haut les couleurs de son pays. « Jusqu’à la demi-finale, je faisais des matchs comme je suis capable d’en faire, mais je ne l’ai pas toujours fait à Sochaux. Il faut maintenant que je montre le même niveau en France » déclarait-il à son retour en Franche-Comté, ajoutant que ce parcours était vraiment inattendu : « Ce que nous avons réalisé en Tunisie était fabuleux. Il est vrai que personne ne s’y attendait, y compris nous-mêmes. » Et à son retour en France, Zairi trouve un peu plus grâce aux yeux de son entraîneur Guy Lacombe, et se fait enfin une place dans l’effectif sochalien : « Je sens que je progresse, que je deviens de plus en plus efficace, se satisfaisait-il en fin de saison dernière. J’essaie au maximum de pouvoir jouer pour mes partenaires, pour centrer au bon moment. J’apprends à faire la part des choses, à dribbler quand c’est nécessaire et à donner le ballon quand c’est préférable. » Car le pêché mignon de Jaouad jusque là, c’est de constamment en faire trop en abusant de son dribble.

« J’ai toujours respecté son coté dribbleur à condition qu’il n’en abuse pas, explique Guy Lacombe. Le dribble existe toujours mais plutôt comme solution d’appoint alors que Jaouad s’en sert encore comme une arme à l’état pur. » Mais même ses coéquipiers entrevoient ses progrès depuis janvier dernier et ne brident pas Zairi : « On sait que si ça marche, il peut effacer trois défenseurs sur deux mètres. Après, ça peut profiter à tout le monde. Il faut reconnaître qu’il a tout de même simplifié son jeu particulièrement depuis qu’il est revenu de la CAN. » L’intéressé a donc accepté de faire des concessions pour le bien de son équipe et le sien, même s’il ne pourra jamais s’empêcher d’imiter les artistes qu’il aime tant. « Le dribble, c’est quelque chose qui a toujours animé mon jeu. Sur un terrain, j’aime le spectacle. Quand je vois des joueurs comme Ronaldo, ou Ronaldhino, je me régale. Ce sont ces joueurs-là qui provoquent, qui dribblent, qui me font rêver. Il y a en a de moins en moins, c’est rare, mais je veux essayer d’être de ceux là, un jour. » S’il poursuit sa montée en puissance (déjà 15 matchs et 3 buts toutes compétitions confondues cette saison, alors qu’il a été blessé trois semaines), Zairi peut aller très haut.

Après plusieurs années mi-figue mi-raisin, Jaouad Zairi a donc trouvé, à 22 ans, le chemin de la maturité. Sochaux et l’équipe nationale marocaine s’en frottent les mains. Même si celui qui compare le football à « de l’improvisation » ne perdra sans doute jamais son penchant pour la provocation balle au pied. « On me demande de simplifier mon jeu et je trouve ça normal. Mais je ne pourrai jamais m’empêcher de tenter un petit quelque chose en match. Je crois que les gens aiment ça ! »

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