Maroc-Iran : Des marchés à prendre

25 février 2008 - 21h19 - Economie - Ecrit par : L.A

Les relations commerciales avec l’Iran doivent être recadrées. Le ministre du Commerce extérieur Abdellatif Maâzouz en est convaincu. La commission mixte de coopération économique, commerciale, scientifique et technique (23 au 26 février à Téhéran) qu’il conduit depuis samedi à Téhéran doit déboucher sur des résultats concrets. Selon les prévisions du département du commerce extérieur, trois accords devront être signés à l’issue de cette 5e réunion de la commission mixte. L’un porte sur la non-double imposition. L’autre est relatif à la marine marchande et un troisième à la promotion du tourisme. A cela s’ajoute le projet de mise en place d’un conseil d’affaires maroco-iranien.

Ces accords vont défricher des relations commerciales bilatérales actuellement régies par un accord signé entre les deux pays en 1995 et qui n’est entré en vigueur qu’en janvier 2000. Ce document encourage les deux pays à prendre les dispositions nécessaires pour renforcer et diversifier le commerce des produits et des services conformément à la législation en vigueur dans les deux pays. Toutefois, cet accord n’accorde aucun avantage préférentiel douanier. Pour l’économie marocaine, l’Iran est classé à la 9e position en tant que fournisseur et à la 28e place en tant que client.

Selon les statistiques disponibles, le volume global des échanges a atteint 8,6 milliards de DH en 2007. Cependant, il est en faveur de l’Iran. En effet, le solde est négatif et le taux de couverture est de 4%. La balance commerciale a enregistré un déficit permanent ces dernières années pour atteindre l’année dernière 7,890 milliards de DH. Ainsi, le Maroc a importé la même année pour 8,2 milliards de DH, essentiellement en pétrole. Les exportations marocaines n’ont généré que 340 millions de DH, constituées principalement de dérivés des phosphates (287 millions de DH d’engrais, 135 millions d’acide phosphorique et 34 millions de phosphates).

Il est incontestable que cette commission mixte intervient dans un contexte politique sensible. Sur le plan international, Téhéran est décrié par les Etats-Unis et plusieurs puissances mondiales qui lui reprochent d’enrichir l’uranium dans ses centrales pour un usage militaire. L’Agence internationale atomique relativise et incite Washington à plus de prudence pour éviter de reproduire le schéma dramatique irakien. Mais cette tension devra se terminer un jour. Et c’est une technique judicieuse que de chercher à se positionner dans un tel contexte.

En fait, l’idée est de sortir du schéma classique qui consiste à exporter les phosphates et importer le pétrole. Pour Abdellatif Maâzouz, le premier objectif assigné à cette commission est de diversifier les échanges. Il est impératif de trouver d’autres produits à vendre et des moyens pour faciliter le développement du commerce entre les deux pays. L’agro-industrie, les conserves de poissons, la monétique et les composants automobiles peuvent intéresser l’Iran. Sur ce dernier registre, l’industrie automobile y est très développée, particulièrement en terme de montage. Le pays produit 500.000 véhicules par an. Il dispose d’un savoir-faire en la matière. Si le Maroc arrive à prendre seulement 5% du marché et attirer un ou deux opérateurs dans la zone franche de Tanger, il aura réussi un bon coup, souligne le ministre avant de s’envoler vers Téhéran.

L’éloignement géographique ne doit pas constituer un blocage. Il faut régler le problème de transport et établir des règles d’encouragement. Cela permet de faciliter les investissements et les échanges avec l’instauration d’une entente sur le système de normalisation. Il propose de prospecter d’autres niches comme le tourisme. L’idée d’attirer une partie des touristes iraniens fait son chemin. Il est à rappeler que la délégation marocaine est composée d’une dizaine de représentants de différentes administrations et une quinzaine d’hommes d’affaires opérant dans le secteur de l’exportation. Des responsables de la CGEM, du Groupement professionnel des banques du Maroc, de la Fédération des chambres de commerce et de la Samir ont fait le déplacement.

Source : L’Economiste - Mohamed Chaoui

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Importations - Iran - Exportations - Politique économique - Rencontre - Abdellatif Maazouz - Groupement Professionnel des Banques du Maroc

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : les exportations automobiles dépassent les 100 MMDH à fin novembre

Les exportations marocaines dans le secteur automobile ont généré au terme des onze premiers mois de l’année un chiffre d’affaires de 100,37 milliards de dirhams, en augmentation de 35% par rapport à la même période de 2021.

Maroc : appel pressant des exportateurs de légumes

Les associations de producteurs et exportateurs de fruits et légumes appellent le gouvernement d’Aziz Akhannounch à autoriser la reprise des exportations.

Industrie marocaine : l’automobile tire les exportations vers le haut

Les exportations du secteur automobile ont augmenté de 37,4 % à fin juillet 2023 par rapport à la même période de 2022, atteignant près de 82,02 milliards de dirhams (MMDH), selon l’Office des changes.

Tomate au Maroc : production en chute, prix en hausse

Les producteurs de tomates rondes au Maroc alertent sur une baisse significative de la production et une inflation des prix. Voici leur explication.

Charbon encombrant : l’Europe se décharge sur le Maroc

Confrontée à une crise énergétique l’année dernière, l’Europe avait renoué avec l’exploitation du charbon. Aujourd’hui, avec la diminution de la demande en énergie fossile, le vieux continent opte pour l’exportation de grandes quantités de charbon, en...

Le Maroc peut-il résoudre la crise énergétique de l’Europe ?

Le Maroc ambitionne de produire 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d’ici à 2030 pour en exporter une grande partie vers l’Europe par le biais de câbles sous-marins. Va-t-il prioriser l’exportation au détriment de la satisfaction de...

Maroc : boom des exportations automobiles à fin novembre 2023

Les exportations de voitures ont augmenté de 30,2 % à fin novembre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente, atteignant plus de 130,64 milliards de dirhams (MMDH).

Maroc : Une baisse record des exportations d’oranges

Les exportations marocaines d’oranges ont considérablement chuté au cours des huit premiers mois de 2023, s’établissant à 30 000 tonnes contre 109 000 tonnes en 2022.

Maroc : record des exportations automobiles

L’industrie automobile marocaine atteint un record jamais réalisé à l’export. À fin septembre dernier, les exportations se sont établies à 77,68 milliards de dirhams, soit leur plus haut niveau durant la même période des cinq dernières années.

Le Maroc contraint d’importer du blé

Le Maroc se tourne une fois de plus vers le marché international pour augmenter ses importations de blé afin de compenser la baisse considérable de sa production durement touchée par la sécheresse cette année.