L’après-suspension du Code de la route : qui pense aux 4000 morts ?

25 avril 2009 - 01h00 - Maroc - Ecrit par : L.A

Que faut-il penser de la suspension de l’examen du Code de la route par la Chambre des conseillers ? Comment faut-il lire cet exercice de sémantique qui donne à voir les explications d’un gouvernement qui affirme « ne pas avoir retiré le projet de Code de la route » mais décidé, selon le porte-parole de l’Exécutif, d’un commun accord avec la Chambre des conseillers et dans le cadre de la concertation entre les pouvoirs de suspendre l’examen du texte afin de permettre l’engagement d’un dialogue élargi avec les centrales syndicales » ?

Et que faut-il retenir d’une telle suspension décidée dans l’attente d’un accord avec les partenaires sociaux ?

D’abord, il faut rappeler à toutes les mémoires rétives que le projet de Code de la route a été adopté par les députés lors de la session d’hiver passée. Après qu’il ait été ajourné une première fois, avant les élections législatives de 2007, Karim Ghellab a revu sa copie, revoyant à la baisse ses ambitions. Et le moment est peut-être venu de dire et redire les ambitions, et surtout, les objectifs du ministre du transport : arrêter la guerre meurtrière qui frappe tous les jours les routes marocaines. Parce que les accidents de la route font tous les ans 4000 morts et plus de 15.000 blessés, que dans la majorité des cas, l’imprudence et le non-respect du Code de la route sont la principale cause de l’hécatombe, un nouveau projet de Code de la route devenait une urgence. Fermer les yeux devant ce fléau –les accidents de la route sont la première cause de mortalité chez nous et les routes marocaines sont tristement célèbres dans les guides touristiques internationaux- c’est aussi, pour les pouvoirs publics, prendre le risque de se faire accuser de non-assistance à personne en danger. Et les personnes en danger sont les automobilistes, les cyclistes, les piétons, bref tous les usagers de la route que l’accident grave, souvent irrémédiable, guette.

Pas de loi organique sur la grève

Revenons maintenant à la suspension de l’examen du nouveau projet de Code de la route par les Conseillers, après son adoption par les députés de la première Chambre, une suspension que le Bureau politique de l’USFP considère comme anti-constitutionnelle et tordant le cou au principe de respect des institutions. Cette suspension intervient après 10 longs jours de grève des transporteurs. Paralysie de l’activité économique, tension sociale, panne sèche, marchés intérieurs en ébullition, flambée des prix des fruits et légumes et citoyens en colère car ne comprenant pas, à raison, être pris en otages par syndicats et fédérations. La grève, ses piquets sauvages, ses dérapages –il ne faut pas oublier que cette grève a coûté la vie à un camionneur- a cédé la place à la crise. Et plus personne, ou presque, n’a repensé à ces milliers de vies confisquées sur les routes de notre pays. Plus personne n’a eu de pensée pour toutes ces victimes des routes, celles décédées, handicapées à vie, portant à jamais les séquelles d’une sale guerre, la guerre des routes. A cela, il convient d’ajouter, qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance, le Maroc ne s’est toujours pas doté d’une loi organique pour réglementer le droit de grève. Aucun gouvernement n’a voulu y toucher. Entre la crainte de l’impopularité et la colère du patronat, la grève continue, chez nous, à échapper à toute réglementation.

Les syndicats les plus représentatifs, pour reprendre l’expression consacrée, ont été reçus par le premier ministre. De nouvelles négociations sont annoncées, les fédérations des transports sont invitées à soumettre leurs propositions d’amendements du Code de la route, bref, les vannes du dialogue sont désormais ouvertes. Et le Code de la route ne sera soumis aux parlementaires de la deuxième Chambre qu’après l’obtention d’un code consensuel.

Aucune date, aucun délai n’ont été fixés. Il faudra probablement attendre la fin du cycle électoral que le Maroc s’apprête à vivre du 12 juin au 2 octobre prochains pour que le projet de Code électoral regagne le circuit législatif qu’il n’aurait jamais dû quitter.

Parce que, en ces temps préélectoraux, le projet de Ghellab a été aussi victime d’une politique politicienne, indécente quand il y a autant de morts qui tombent sur les routes de ce pays.

Source : Libération - Narjis Rerhaye

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Grève - Karim Ghellab - Accident - Code de la route marocain - Ministère de l’Equipement et du Transport

Ces articles devraient vous intéresser :

Trafic aérien : le Maroc met le paquet pour le Mondial 2030

Le Maroc s’active pour améliorer la qualité des services de transport aérien et renforcer la connectivité aérienne, dans la perspective de la Coupe du monde 2030 qu’il coorganisera avec l’Espagne et le Portugal.

Autoroutes du Maroc : les projets votés pour 2024

Le budget d’Autoroutes du Maroc a été voté lors du conseil d’Administration qui s’est réuni sous la présidence de Monsieur Nizar BARAKA, Ministre de l’Equipement et de l’Eau, en date du 19 décembre 2023. En voici les conclusions :

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Maroc : des GPS pour traquer les voitures des fonctionnaires

Au Maroc, une ONG appelle à l’installation d’antennes GPS sur les véhicules de service affectés à certains fonctionnaires afin d’éviter leur utilisation à des fins privées.

Maroc : à peine arrivé, Ryanair fait déjà polémique

Le ministère du Tourisme et celui du Transport et de la logistique ont tenu à faire une mise au point concernant le supposé soutien financier octroyé à Ryanair pour opérer des vols intérieurs au Maroc, la concurrence déloyale à Royal Air Maroc et le...

Vers l’abandon du projet de construction du tunnel de Tichka ?

Le projet de construction du tunnel de Tichka pourrait être abandonné pour celui du tunnel de l’Ourika. C’est du moins ce que déduit le ministère de l’Équipement.

Opération Marhaba 2023 : des billets moins chers pour les MRE ?

Considérant le coût élevé des billets de bateau, le groupe parlementaire du Parti Authenticité et Modernité (PAM) a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour faciliter l’arrivée des Marocains résidant à l’étranger (MRE) dans le cadre de...

Location de voitures au Maroc : Nouvelles règles plus sévères

Depuis ce lundi 15 avril, les agences de location de voitures au Maroc ont l’obligation de se conformer à un nouveau cahier des charges relatif aux conditions d’investissement dans le secteur.

Bientôt une centaine de radars mobiles déployés au Maroc

120 nouveaux radars seront bientôt déployés dans plusieurs villes marocaines, pour renforcer la sécurité routière. Ces équipements ont été remis mardi, à la Gendarmerie Royale et à la Direction Générale de la Sûreté Nationale (DGSN) (Police).

La construction du port Nador West Med avance à grands pas

Les travaux de construction du port Nador West Med avancent à grands pas. La digue principale de l’infrastructure a été installée vendredi, a annoncé le ministère de l’Équipement et de l’Eau.