Conseil Supérieur des MRE : Une montagne qui accouche d’une souris ?

31 décembre 2007 - 19h28 - Maroc - Ecrit par : L.A

Un rendez-vous raté avec l’histoire ? Entretien avec Ahmed Mahou, Vice président du CONGRESS international et Président du CONGRESS-Belgique.

Le déroulement des choses à l’intérieur du Conseil Supérieur des MRE ne semble pas répondre aux aspirations de l’immigration, malgré tous les colloques, les rencontres et les congrès. Pensez-vous que le politique y est impliqué pour que ce Conseil soit à tout jamais handicapé ?

Oui. En Effet la montagne semble avoir accouché d’une souris. Que de temps et beaucoup de moyens perdus dans cette affaire, depuis 2 ans, pour des résultats aussi médiocres, sinon nuls. Cela était prévisible dès le départ. Nous l’avons fait remarquer, avec d’autres composantes de notre communauté. Nous avons réaffirmé, dès le départ, notre attachement aux discours royaux des 6 novembre 2005 et 5 novembre 2006 octroyant à tous les CME le plein exercice de leur citoyenneté dans leur pays d’origine. Mais nous nous sommes inquiétés sérieusement de la démarche de consultation des CmE suivie et clôturée par le CCDH. Démarche qui n’a jamais posé les questions de fond, quant aux objectifs de ce conseil, à ses prérogatives, à la manière de le constituer et aux membres devant éventuellement y siéger.

Ce faux départ du CCDH dans ses « consultations de la communauté marocaine de l’Etranger » a donné le résultat d’aujourd’hui. Beaucoup d’espoirs de notre communauté, de se voir reconnaitre pleinement reconnue dans sa citoyenneté et dans sa participation au nouvel essor du pays, ont été brutalement déçus, et l’éventualité du détournement de son intérêt vers son pays d’origine, et celui notamment des générations montantes, plane désormais à l’horion.

Sinon comment expliquer la mise sur pied d’un conseil dont la majorité de ses membres ont été choisis, non pour leur engagement vis-à-vis de leur communauté, mais isolément et individuellement au vu de leurs titres et diplômes. C’est oublier les souffrances de notre communauté, son histoire de plus de 50 ans, ses acquis obtenus grâce à ses combats quotidiens, à la contribution et à la solidarité de toutes ses composantes et non à leurs diplômes essentiellement. La richesse qui compose l’histoire de notre communauté aujourd’hui n’a pas besoin de faire valoir ses diplômes mais souffre plutôt du manque de considération et de reconnaissance. Celle-ci attend non pas d’être exclue et méprisée, mais attend un réel hommage et une vraie commémoration pour ses efforts de contribution et de participation. Voilà comment le Conseil Supérieur des MRE est perçu ; une coquille vide qui va consommer du temps et des moyens, en laissant notre communauté sur sa fin durant 4 ans, en remettant le compteur à zéro, tout en laissant de coté toutes les réflexions et les propositions émises depuis bien avant le début des « consultations de la communauté des MRE ».

Les dernières nominations attribuées à l’étranger ne semblent pas satisfaire pleinement la communauté. Des bruits circulent au sein des immigrés qualifiants ces nominations de manque de démocratie et risquent d’échouer car elles concernent des noms qui n’ont pas de liens avec celle-ci, sinon ceux de bon voisinage. Qu’en pensez-vous ?

Les nominations des membres du Conseil Supérieur des MRE ne reflètent en rien les espoirs de notre communauté. Voici pourquoi :

1. Dès le lancement des « consultations », des appels ont été mis demandant la clarification des objectifs, des moyens des attentes et la composition de conseil. Des rencontres, même insuffisantes ont eu lieu. Des propositions quant aux objectifs et à la méthodologie ont été avancées. Des craintes aussi contre le favoritisme, le copinage, etc. ont été exprimées. Et rien de tout cela ne semble avoir trouvé écho auprès du CCDH.

2. Le nombre des « nommés » par pays de résidence quant à lui est en déséquilibre total. Sinon comment expliquer par exemple que la Belgique soit représentée seulement par 3 personnes (alors qu’elle compte plus de 400.000 marocains) et la France par 14 personnes (alors qu’elle compte autour d’un million de marocains) ?

3. Alors qu’une quasi unanimité était acquise pour éviter de nommer des personnes déjà engagées politiquement dans leur pays de résidence, plus de 4 « nommés » se retrouvent dans cette situation. Elles risquent d’être interpellés et même de perdre leurs places à cause de leur double allégeance qui risque de leur être reprochée. Notre communauté souffre-t-elle de représentants ?

4. A présent, après ces nominations et leur médiatisation, des débats, des questionnements et même des étonnements commencent à s’exprimer et se faire entendre au sein de notre communauté. Est-ce la fin d’un espoir déçu et l’attestation d’un constat de fatalité d’un non changement ? Les CME risquent-ils de perdre à jamais l’énorme enthousiasme qui avait commencé à les gagner depuis quelques années ? C’est à craindre malheureusement si rien ne change.

Mais nous pouvons affirmer aujourd’hui que sans les démocrates, le Conseil Supérieur des MRE ne peut aboutir à quelque chose de signifiant. Car l’histoire de notre immigration atteste bien du rôle joué par les démocrates pour l’atteinte de ses acquis.

Pensez-vous que l’échec du Conseil Supérieur des MRE vient du fait de l’émiettement du travail associatif ?

Force est de constater que le CCDH, dans ses « consultations avec la communauté des MRE » et sa méthode de travail, a tout fait pour diviser les rangs associatifs. Son parti pris, le choix des uns sans les autres, les rencontres parfois clandestines, les jugements pré établis et les calculs politiques, ont été le leitmotiv de sa démarche. Cela a été largement exprimé et dénoncé publiquement par de nombreux acteurs associatifs au sein de l’immigration marocaine.

Voilà les raisons pour lesquelles le futur Conseil Supérieur des MRE ne peut pas être à la hauteur des aspirations de notre communauté. Il sera condamné à être une instance parmi d’autres. Alors que par ailleurs, les problèmes de notre communauté, ses attentes risquent d’être oubliés et de s’aggraver pour atteindre le point de non retour.

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