Un Marocain interdit de regroupement familial et emprisonné

27 février 2009 - 16h35 - France - Ecrit par : L.A

Voilà bientôt un mois qu’Ammar Amedjar est emprisonné à la maison d’arrêt d’Angers. Son délit : n’avoir pas voulu abandonner en France sa femme et ses deux petites filles, Maria trois ans et demi et Amina, sept mois. Une histoire bien sordide comme celles que M. Sarkozy et ses collaborateurs savent si bien mettre en musique.

Ammar Amedjar est marocain, marié avec une jeune femme d’origine marocaine qui réside en France depuis l’âge d’un an, titulaire d’une carte de résident (10 ans). Ils se sont mariés en 2005 au Maroc. Après le mariage, elle rentre en France, où vit toute sa famille, afin de faire une demande de regroupement familial. Déchirée, entre la France où est sa vie depuis toujours et le Maroc où se trouve son mari, elle fait des aller-retour au moins 2 fois par an pour le voir. Des enfants naissent, Maria puis Amina.

En mars 2008, lassé d’attendre ce regroupement familial qui ne vient jamais, Ammar entre en France avec un visa de trois mois ; lorsque celui-ci expire, il décide de rester près de sa femme et de sa première fille, la seconde devant naître peu après.

En juin 2008, à quelques jours de la naissance de leur seconde fille, la police l’interpelle à son domicile, le place en garde à vue puis en rétention à Rennes. Conduit à l’aéroport, il refuse d’embarquer. Il est remis en garde à vue et passe en comparution immédiate à Rennes. Il est libéré mais condamné à un mois de prison pour refus d’embarquement.

Il retourne chez lui ; quelques jours après des policiers se présentent à son domicile vers 8 h du matin en lui demandant de les suivre « pour des formalités administratives à la préfecture ». Hésitant, il accepte pourtant et se retrouve à nouveau en garde à vue. L’après-midi même, il est emmené à l’avion. Craignant une nouvelle condamnation, il embarque pour Casablanca.

Après 2 mois passés loin de sa femme et de ses 2 petites filles, il décide en septembre de revenir clandestinement en France.

Et voilà que le 6 février, à la veille des vacances scolaires (un hasard, sans doute !), il est arrêté, à moins de 100 m de l’école où il vient à pied, comme chaque matin, déposer sa fille. Un policier prévient ensuite sa femme qu’il est emprisonné à la maison d’arrêt d’Angers pour purger sa peine. Maria ne comprend pas pourquoi son papa n’est pas venu la chercher.

Rahma, la femme d’Ammar est désespérée mais bien décidée à se battre contre l’injustice. Un nouvel APRF a été notifié à Ammar en prison. La préfecture a engagé les démarches pour obtenir un laissez-passer du Consulat du Maroc.

Autrement dit, tout est mis en place pour qu’Ammar soit une fois encore expulsé à sa sortie de prison, samedi 28 février.

L’attitude des autorités est honteuse, à tous les points de vue. Monsieur Sarkozy jadis, Monsieur Hortefeux plus récemment, Monsieur Darcos, ministre de l’Education il y a peu, se sont à plusieurs reprises engagés publiquement à ce qu’il n’y ait pas d’arrestation dans les écoles ou à leurs abords... Cet engagement ne concernerait-il pas le Maine-et-Loire ? Ou la parole des ministres aurait-elle aussi peu de valeur que celle du président de la République ?

Ammar Amedjar n’a commis aucun autre délit que de vouloir vivre auprès de sa femme et de ses enfants. Il l’a demandé légalement. Il en a attendu l’autorisation pendant des années pendant lesquelles les autorités se sont moquées de lui et de sa famille. Quand il a décidé de rester auprès de ses enfants, la réponse de la République sarkozyste a été la police, l’interpellation, la violence, la condamnation, la déloyauté et, pour finir, l’arrestation à la porte de l’école de son enfant, la prison et maintenant une nouvelle expulsion violente en attendant un nouvel exil.

Les lois et les textes qui interdisent de fait le regroupement familial et la délivrance des visas doivent être abrogés. Ils engendrent des drames comme celui vécu par la famille Amedjar.

Cela doit prendre fin, pour Ammar Amedjar et les siens mais aussi pour toutes les familles que M. Sarkozy et ses collaborateurs maltraitent avec tant d’opiniatreté.

Il faut qu’un titre de séjour vie privée et familiale soit immédiatement délivré à Ammar Amedjar et que des excuses publiques soient faites à Rahma Amedjar et à ses filles pour le traitement scandaleux dont leur père et mari a été victime.

Source : sanspapiers.blogs.liberation.fr - Katia Beudin

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Famille - Expulsion

Ces articles devraient vous intéresser :

Hassan Iquioussen vs Gérald Darmanin : la justice se prononce aujourd’hui

Le tribunal administratif de Paris examine l’arrêté d’expulsion de Hassan Iquioussen, pris par le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin, en juillet 2022. Cette audience déterminante permettra de statuer sur la possibilité de l’imam de revenir en...

Plus de 70% des femmes marocaines recourent aux méthodes contraceptives

Au Maroc, plus de 70 des femmes ont recours aux méthodes contraceptives. C’est ce qui ressort d’un récent rapport du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA).

Maroc : il tue son père pour des cigarettes

Drame dans la commune d’Ait Amira. Un jeune homme a donné un coup de couteau mortel à son père après que ce dernier a refusé de lui donner de l’argent pour acheter un paquet de cigarettes.

Ramadan et grossesse : jeûner ou pas, la question se pose

Faut-il jeûner pendant le Ramadan quand on est enceinte ? Cette question taraude l’esprit de nombreuses femmes enceintes à l’approche du mois sacré. Témoignages et éclairages pour mieux appréhender cette question à la fois religieuse et médicale.

Le PJD en colère contre le nouveau Code de la famille

Le parti de la justice et du développement (PJD) dirigé par Abdelilah Benkirane, affiche son opposition à la réforme du Code de la famille. Du moins, pour certaines propositions.

Le mariage des mineures au Maroc : une exception devenue la règle

Depuis des années, le taux de prévalence des mariages des mineurs évolue en dents de scie au Maroc. En cause, l’article 20 du Code de la famille qui donne plein pouvoir au juge d’autoriser ce type de mariage « par décision motivée précisant l’intérêt...

Alerte sur les erreurs d’enregistrement des nouveaux-nés au Maroc

L’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH) a alerté le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, au sujet du non-enregistrement des nouveau-nés à leur lieu de naissance, l’invitant à trouver une solution définitive à ce problème.

Les Marocains parmi les plus expulsés d’Europe

Quelque 431 000 migrants, dont 31 000 Marocains, ont été expulsés du territoire de l’Union européenne (UE) en 2022, selon un récent rapport d’Eurostat intitulé « Migration et asile en Europe 2023 ».

La France expulse au Maroc le Gilet jaune Abdel Zahiri

L’activiste Abdel Zahiri a été expulsé de France la nuit dernière suite à une obligation de quitter le territoire. D’origine marocaine, il était connu pour son engagement dans le mouvement des Gilets jaunes.

Abdellatif Ouahbi accusé par les salafistes d’atteinte à l’islam

La réforme du Code de la famille passe mal chez les salafistes. Prêcheurs et imams de mosquées sont en colère contre le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.