Amsterdam expose les trésors du Maroc

17 décembre 2004 - 12h03 - Culture - Ecrit par :

Bronzes de l’époque romaine, bijoux phéniciens, fabuleuse chaire de mosquée en bois sculpté, mosaïques chatoyantes : la Nieuwe Kerk d’Amsterdam présente jusqu’en avril 300 trésors du Maroc en espérant changer le regard des Néerlandais sur leurs concitoyens d’origine marocaine.

En gestation depuis deux ans, cette grande exposition consacrée au Maroc et à son "prodigieux patrimoine culturel" célèbre à l’origine 400 ans de relations entre les Pays-Bas et le royaume marocain. Elle est parrainée par le roi du Maroc Mohammed VI et le prince héritier des Pays-Bas Willem-Alexander.

La récente vague de tensions entre Néerlandais de souche et les 300.000 personnes issues de l’immigration marocaine, après l’assassinat du réalisateur Theo van Gogh, lui donne cependant une résonance singulière.

Le meurtrier présumé est un Maroco-Néerlandais et le "terme marocain est pour l’instant synonyme dans l’opinion de problème d’intégration", a rappelé jeudi lors de la présentation à la presse Ernst Veen, directeur de la Nieuwe Kerk (Nouvelle église).

"Nous voulons changer cette image et mettre en lumière l’autre face du Maroc et de sa culture", a-t-il ajouté.

"La culture peut faire beaucoup pour jeter des ponts entre le monde de l’islam et le monde occidental", lui a répondu en écho le ministre de la Culture marocain Mohamed Achaari.

L’exposition, présentée de manière à la fois chronologique et thématique, évoque un pays montagneux, ceint de deux mers et d’un désert où se sont croisées des civilisations venues d’Afrique, d’Europe ou d’Orient, chacune laissant en héritage de magnifiques objets et oeuvres d’art exposés dans les salles gothiques de la Nieuwe Kerk, une église qui accueille chaque année des expositions hivernales de prestige.

Le visiteur découvre ainsi un magnifique buste en bronze de Juba II, ce prince berbère éduqué à Rome à qui l’empereur Auguste rendit, en 25 avant Jésus Christ, son royaume du Maroc (appelé Mauritania à l’époque). Juba II avait épousé la fille de Cléopâtre.

Ce buste, une des pièces maîtresses de l’exposition, fait partie d’une collection méconnue de bronze romains du musée archéologique de Rabat.

Un peu plus loin, des mosaïques d’une villa romaine au nord de Meknès précèdent des Zellij, ces mosaïques multicolores aux motifs en filet, héritage des Arabes arrivés en 647.

Avec eux, le Maroc s’islamise et établit des échanges rapprochés avec le monde arabo-andalou, de l’autre côté du détroit de Gibraltar. Un "minbar", chaire utilisée par l’imam dans une mosquée pour son prêche, témoigne du talent des ébénistes marocains : le bois paraît brodé d’entrelacs floraux et de motifs géométriques incrustés d’ivoire.

La calligraphie prend son essor comme l’illustrent des exemplaires du Coran et de traités de médecine.

Désireux de montrer le brassage des cultures qui s’opère au Maroc, les commissaires de l’exposition ont sélectionné des lampes de hanouka en bronze utilisées par l’importante communauté juive du Maroc, arrivée avec les Phéniciens, mais aussi des stèles chrétiennes.

Des poteries bleues de Fès ainsi que de nombreux bijoux contemporains rappellent la vivacité de l’art dans ce pays désigné comme "l’extrême occident" par les arabo-musulmans, mais perçu comme un des plus proches pays d’Orient par les Européens.

De temps en temps, le son d’un muezzin résonne sous les voûtes de la Nieuwe Kerk. Sous des lampes en fer forgé, au milieu de l’église, un salon de thé marocain a été installé sur une mosaïque spécialement composée par des artistes marocains.

"J’espère que les gens se rendront compte que découvrir cette culture est un enrichissement. Inch Allah", conclut le directeur de la Nieuwe Kerk.

("Le Maroc, 5000 ans de culture", Nieuwe Kerk d’Amsterdam jusqu’au 17 avril 2005, www.nieuwekerk.nl)

Afp

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