Cannabis, développement local : l’équation difficile

21 juin 2004 - 20h23 - Maroc - Ecrit par :

300.000 tonnes de cannabis sont produites chaque année dans le monde, dont 47.000 proviennent du Maroc et principalement de Chefchaouen. Dans la région, selon un rapport de l’ONU, 96.000 familles vivent, ou plutôt survivent, des revenus de cette culture illicite mais tolérée. Le revenu global pour cette population est estimé à 214 millions de dollars.

Le trafic du cannabis représente pour le Maroc un chiffre d’affaires de 13 milliards de dollars. Les producteurs du Nord n’en bénéficient qu’à hauteur de 2%. Ce qui est dérisoire par rapport à ce qu’en tirent les trafiquants (26%) et les intermédiaires (54%). Ces chiffres sont ceux de l’ONU. Ce qui ne les empêche pas d’être contestables, car c’est d’une économie souterraine et de réseaux volatiles qu’il s’agit. Malgré tout, la dimension économique et financière du trafic de drogue est devenue incontournable pour l’économiste et le spécialiste management. Ces derniers sont par ailleurs confrontés au dilemme de reconversion du petit agriculteur qui, selon Driss Moussaoui, professeur de psychiatrie à la faculté de médecine de Casablanca, voudrait bien changer de culture. Avec quoi ? C’est là toute la question. S’y ajoute la charge financière énorme inhérente à tout projet de reconversion économique. Lors d’une conférence organisée par HEM, jeudi 27 mai à Casablanca, André Dumas, professeur de sciences économiques à l’Université de Montpellier 1, a estimé que la culture du cannabis rapporte 8 fois plus que celle de l’orge. Pourtant, les familles d’agriculteurs à Chaouen joignent difficilement les deux bouts. Une enquête publiée récemment par l’Economiste a montré que l’on s’intéresse à la région non pas pour ses potentialités touristiques mais principalement pour le haschich. Difficile donc pour ces familles qui disposent de petits lopins de terre d’abandonner cette culture. En outre, le troc de la cocaïne contre le cannabis est monnaie courante, surtout parmi les jeunes de la région. "Contrairement à l’idée répandue selon laquelle les revenus générés par l’industrie de la drogue favoriseraient le développement économique, le rapport 2002 de l’Office international de contrôle des stupéfiants (OICS), montre que les pays producteurs enregistrent une baisse de leur croissance", indique Dumas.

Synthèse de bladi.net - L’observateur

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Drogues - ONU - Développement

Ces articles devraient vous intéresser :

Antonio Guterres reçu par le roi Mohammed VI

Le Secrétaire Général des Nations Unies, Antonio Guterres, a été reçu mercredi en audience par le roi Mohammed VI, annonce le cabinet royal dans un communiqué.

Israël va financer l’institutionnalisation du forum du Néguev

Le bureau du Premier ministre israélien Yair Lapid a annoncé dimanche l’intention de son gouvernement d’accompagner l’institutionnalisation et le financement du Forum du Néguev, auquel participe le Maroc.

"L’boufa", la nouvelle menace pour la société marocaine

Le Maroc pourrait faire face à une grave crise sanitaire et à une augmentation des incidents de violence et de criminalité, en raison de la propagation rapide de la drogue «  l’boufa  » qui détruit les jeunes marocains en silence.

Violences policières : la France sermonnée par l’ONU

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, l’organe affilié aux Nations unies, exprimé sa « profonde préoccupation » concernant les pratiques des forces de police en France vis-à-vis des minorités. Cette inquiétude fait suite au décès...

Le Maroc menace le Polisario en cas d’utilisation de drones

Le Maroc, par la voix de son représentant permanent auprès de l’ONU Omar Hilale, a prévenu l’organisation dirigée par Antonio Gutteres de la reprise du contrôle de toutes les zones situées à l’extérieur du mur et d’une réaction militaire appropriée au...

Les Marocains du monde, des compétences « sous-exploitées » par le Maroc

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent faiblement au développement du Maroc. Pourtant, leurs compétences sont nécessaires pour relever les défis économiques et socioculturels du royaume.

Staffan de Mistura tiendra des « consultations bilatérales » avec le Maroc et le Polisario

L’envoyé du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, tiendra des « consultations bilatérales » avec les représentants des autorités marocaines et du Front Polisario, a annoncé le porte-parole du secrétaire...

Le Maroc face à la menace de la « Poufa », la cocaïne des démunis

Le Maroc renforce sa lutte contre la « Poufa », une nouvelle drogue bon marché, connue sous le nom de cocaïne des pauvres », qui a non seulement des répercussions sociales, notamment la séparation des familles et une augmentation des suicides et des...

Aéronautique : le Maroc décolle et concurrence les géants européens

À l’heure où les constructeurs aéronautiques de l’Europe peinent à répondre à la demande, le Maroc travaille à devenir une plaque tournante de l’aérospatiale.

"Lbouffa" : La cocaïne des pauvres qui inquiète le Maroc

Une nouvelle drogue appelée « Lbouffa » ou « cocaïne des pauvres », détruit les jeunes marocains en silence. Inquiétés par sa propagation rapide, les parents et acteurs de la société civile alertent sur les effets néfastes de cette drogue sur la santé...