Ces MRE qui investissent : Les soeurs Boussaïd, une ’intégration’ réussie

19 août 2005 - 17h55 - Maroc - Ecrit par :

Les employés astiquent une dernière fois les lieux avant de commencer leur journée. Dans quelques instants, les premières clientes vont arriver, il faut que tout soit reluisant. Il est 8h30 du matin, le salon de coiffure et d’esthétique des sœurs Boussaïd ouvre ses portes. Entourées de leur personnel, Nouzha et Ilham, propriétaires du salon Carita, situé dans le quartier Gauthier, à Casablanca, sont elles aussi à pied d’oeuvre.

Originaire de Fès, leur famille est partie pour la France alors qu’elles étaient encore enfants. Nouzha avait 7 ans, Ilham 5.
Toutes deux gèrent aujourd’hui une franchise qui compte parmi les plus prisées de la métropole. Un peu plus de vingt ans après leur retour au bled, elles ne regrettent rien de ce choix.
« Notre salon est un établissement de coiffure important. C’est une entreprise qui emploie 17 personnes », explique Ilham, manager du salon.
Esthéticienne de formation, elle assume, au quotidien, la réception des clientes, l’encadrement des coiffeuses et la formation des jeunes esthéticiennes. Choix des produits et gestion des commandes sont aussi de son ressort.

Des clientes depuis 20 ans

Pour sa part, Nouzha, coiffeuse passionnée par son métier, prend soin des cheveux de « ses clientes ».
« Je coiffe certaines clientes depuis plus de vingt ans. Il m’arrive parfois de coiffer une grand-mère avec sa fille et sa petite-fille », précise-t-elle.
Issues d’une famille de sept enfants, Nouzha et Ilham ont grandi à Ambérieu-en-Bugey, une ville de province située à 30 kilomètres de Lyon. Elles sont entrées très jeunes dans le monde du travail, 15 ans pour Nouzha, 18 pour Ilham.
Nouzha a 22 ans et déjà 8 années d’expérience dans le domaine de la coiffure quand elle choisit de quitter la France pour venir ouvrir un salon au Maroc.
Nous sommes en 1981. Après avoir envisagé une installation à Fès, Nouzha choisit finalement la capitale économique. En 1982, Ilham la rejoint. Elle n’a que vingt ans et vient tout juste d’achever une formation d’esthéticienne.
« A l’époque nous étions en quête de nos racines, nous voulions retrouver notre culture. Nous voulions aussi prouver à nos familles et à nous-mêmes que nous étions capables de nous installer au Maroc et d’y vivre durablement », raconte Ilham quand elle tente d’expliquer leur retour.
En quelques mois, les sœurs Boussaïd créent Renato, leur premier salon de coiffure, baptisé ainsi du prénom du dernier employeur lyonnais de Nouzha.
« Nos débuts ont été difficiles, plusieurs fois nous avons failli faire nos valises et rentrer en France. Mais nous nous sommes accrochées. Nos premières clientes nous ont aussi beaucoup soutenu, elles nous demandaient de rester, elles nous encourageaient sans cesse dans notre travail », confie Nouzha.
Dix ans plus tard, le salon devient trop petit pour accueillir une clientèle de plus en plus nombreuse, surtout depuis qu’Ilham a décidé d’ouvrir une salle de soins corporels.
Renato ferme donc en 1995 et les sœurs Boussaïd ouvrent Carita, un salon franchisé bien plus grand que le précédent.
La création de Carita a coûté 6 millions de dirhams à Nouzha et Ilham, un investissement qu’elles ne regrettent en aucun cas.
« A l’époque, nous avons pris de gros risques financiers, cependant nous étions bien soutenues par les banques. La clientèle de Renato nous a aussi bien aidé à lancer Carita », explique Ilham.
La réussite de Carita tient aussi au fait que Nouzha et Ilham ont su créer des liens de fidélité avec leurs employés. « Certains employés nous accompagnent depuis nos débuts », précise Ilham. Aujourd’hui, à la tête d’une entreprise dynamique au Maroc, les soeurs Boussaïd n’ont pas pour autant oublié le pays qui les a vu grandir.
« Quelque part un peu déracinées, nous sommes toujours très sentimentalement attachées à la France. Que ce soit à l’occasion de nos vacances, pour revoir notre famille, ou encore pour partir en formation, pas une année ne passe sans que nous ne retournions là-bas », explique Nouzha.
« Cependant, de notre retour au Maroc nous ne regrettons rien. Et je suis sûre que si toute cette aventure était à refaire nous la referions », ajoute Ilham, avant de lancer en souriant « il faut que nous nous remettions au travail maintenant ».
Les premières clientes sont là et avec l’attention qu’elles leur manifestent depuis toujours, Nouzha et Ilham tiennent à les accueillir personnellement.

Brice JOURDAN - L’Economiste

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - Immigration - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Investissements massifs au Maroc, 76,7 milliards de dirhams, 20 000 emplois

La Commission nationale des investissements a donné son aval à une série de 21 projets. L’investissement global de ces projets s’élève à 76,7 milliards de dirhams, l’équivalent de 6,98 milliards d’euros, selon un communiqué officiel du gouvernement.

Prix des billets de bateau pour les MRE : un réduction de 25 % ?

Une augmentation de 28 % du nombre des arrivées des Marocains résidant à l’étranger (MRE) a été constatée depuis le lancement de l’Opération Marhaba, selon Mohamed Abdeljalil, le ministre du transport et de la logistique, à la Chambre des Conseillers,...

Appel à mettre fin à l’échange d’informations fiscales des MRE

L’Organisation démocratique du travail (OMT) a vivement critiqué la politique gouvernementale à l’égard des Marocains résidant à l’étranger, pointant du doigt une approche jugée superficielle et occasionnelle, particulièrement lors de l’accueil des MRE...

Cannabis : des entreprises étrangères attendent leur autorisation au Maroc

Suite à l’adoption du projet de loi sur l’usage légal du cannabis, plusieurs investisseurs étrangers manifestent leur intérêt pour investir dans ce domaine au Maroc. Plus d’une dizaine d’entre eux attendent leurs autorisations, selon le député...

Le Maroc facilite encore plus la création d’entreprise

Le gouvernement marocain a franchi un pas important vers la simplification des démarches administratives pour les entrepreneurs. Jeudi 30 mars, le Conseil de gouvernement a approuvé un projet de décret fixant les modalités et les procédures de création...

L’inclusion des MRE à l’aide au logement passe mal

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) peuvent bénéficier de l’aide directe au logement au même titre que les Marocains résidant au Maroc, ce qui n’est pas du goût de bon nombre d’internautes. Certains d’entre eux n’hésitent pas à appeler à...

Vers une forte progression des transferts des MRE

Bank Al-Maghrib (BAM) est persuadée que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) devraient poursuivre la tendance à la hausse amorcée depuis le début de l’année.

Deux pertes dans la famille d’Omar Achadoud : décès soudain du footballeur et de son père

Le footballeur Omar Achadoud est décédé subitement dans son sommeil samedi dernier. Ce triste événement a été suivi par une autre perte douloureuse pour la famille trois jours plus tard, le décès de son père, Mbark, selon la mosquée de Houthalen...

Transfert des MRE : le Maroc veut maintenir la dynamique

En vue de maintenir le flux des transferts de fonds de la diaspora, Bank Al-Maghrib (BAM), en collaboration avec les pouvoirs publics, a mené des actions pour diversifier les canaux de transmission et réduire les coûts de ces envois.

Immobilier au Maroc : les MRE en première ligne

L’apport considérable des Marocains résidant à l’étranger (MRE) devrait contribuer à booster le marché de l’immobilier au Maroc au troisième trimestre 2023.