Une classe pas comme les autres

7 mars 2007 - 00h00 - France - Ecrit par : L.A

Elle dit qu’elle ne fera pas ça pendant 30 ans, mais « n’arrive pas à lâcher »... Depuis 2001, au collège Montbarrot de Rennes, Valérie Faivre-Rampant est la professeur d’une classe pas comme les autres

Ils viennent du Kosovo, du Kurdistan, du Cambodge, du Congo, du Rwanda, du Cameroun, du Maroc, de Somalie, de Mauritanie ou des Comores. Une seule chose les relie les uns aux autres : ils viennent d’ailleurs. Pourtant, l’ambiance de cette classe atypique est celle de n’importe quelle autre classe. « Madame, Madame... Elle m’a dit ça... » « Madame, Madame ! Il m’a fait ça avant de rentrer ! » Valérie Faivre-Rampant regarde ses quinze protégés s’installer. En bruit forcément. Depuis 2001, année de sa création, elle s’occupe de cette classe unique dans l’académie, la CLA-NSA. Derrière ce sigle se cache une classe d’accueil pour des enfants venus de l’étranger et qui n’ont jamais ou très peu, été scolarisés auparavant. Ils sont collégiens, mais doivent apprendre à parler, lire et écrire le français. « Certains resteront un an avec moi, avant d’intégrer le cursus, d’autres deux ans, parfois trois. Les bases de l’enseignement de départ sont celles du CP », explique Valérie Faivre-Rampant. Pour la jeune femme, qui était avant institutrice en maternelle, la gestion de cette classe originale requiert les mêmes qualités : « Beaucoup de souplesse et d’adaptation aux besoins de chaque élève ». Car ils sont tous très différents. D’origine tout d’abord, de culture ensuite, mais ce sont surtout leur passé, parfois douloureux ou chaotique, qui rend chaque cas particulier.
Pour un sourire

« Lorsque l’on a créé la classe, on avait pensé à beaucoup de choses. Mais ce que l’on n’avait pas imaginé, c’était le bagage qu’ils traînaient derrière eux. Désormais, le premier objectif que je me fixe avec chacun d’entre eux, c’est de voir un sourire sur leur visage ». Ensuite, l’apprentissage pourra commencer. « Pour des enfants qui n’ont jamais été scolarisés, tenir un crayon ou se servir d’une paire de ciseaux, c’est déjà difficile. La première année, il ne faut pas en attendre énormément. À la deuxième rentrée, ça s’enclenche et on peut avancer. Parfois, j’ai l’impression qu’ils ne comprennent pas. En fait, ils captent, et un jour ça sort comme ça, et là, je me dis "ouah" ! C’est un sentiment particulier. Vraiment chouette ».

« C’est plus qu’un boulot »

Ces moments font qu’il est difficile de lâcher une classe si unique. « Il y a des liens affectifs très forts qui se tissent. C’est plus qu’un boulot. Je dois me comporter un peu en mère-poule des fois... ». Une mère-poule qui rêve de voir tous ses élèves intégrer une structure. Quant aux ados, ils ont aussi leurs propres rêves. « Grâce à cette classe, aujourd’hui, j’ai une chance », raconte Ceyrann qui s’imagine bien « maîtresse » plus tard. Si Renato, le clown de la classe, aimerait juste « faire une fête » après la CLA-NSA, Denis se verrait bien mécanicien auto. « Cette classe, c’est ma dernière chance... J’ai 15 ans ». Natacha, jeune Comorienne, aimerait être militaire ; Sabate, « étudiante » ; Badia « mannequin ou esthéticienne » ; Asja « coiffeuse » ou encore Cybelle « assistante maternelle ».... Des rêves d’ados qui, finalement, n’ont pas de frontières.

Le Télégramme - Gaël Le Saout

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : France - Intégration - Education - Kosovo

Ces articles devraient vous intéresser :

« Comment sortir du monde ? », le premier roman poignant de Marouane Bakhti

« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.

Maroc : un manuel scolaire aux couleurs "LGBT" fait polémique

Le Parti de la justice et du développement (PJD) a demandé le retrait des manuels scolaires dont les couvertures sont aux couleurs du drapeau LGBT.

L’arabe obligatoire dans une école en Belgique

Un établissement catholique flamand propose un cours d’arabe obligatoire à ses élèves de dernière année, une initiative inédite en Belgique.

Maroc : des centres pour former les futurs mariés

Aawatif Hayar, la ministre de la Solidarité, de l’intégration sociale et de la famille, a annoncé vendredi le lancement, sur l’ensemble du territoire du royaume, de 120 centres « Jisr » dédiés à la formation des futurs mariés sur la gestion de la...

Maroc : les gifles toujours présentes à l’école

Une récente enquête du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) lève le voile sur la persistance de pratiques de punitions violentes dans les établissements scolaires marocains.

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

Maîtrise de l’anglais : le Maroc à la traîne

Alors que les Marocains délaissent de plus en plus le français pour l’anglais, le Maroc est encore à la traîne quant à la maitrise de langue de Shakespeare.

Après le séisme, le défi éducatif du Maroc sous les tentes

Après le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre, les enfants marocains se rendent à l’école et reçoivent les cours sous des tentes. Certains ont du mal à s’adapter, tandis que d’autres tentent d’« oublier la tragédie ».

Maroc : l’enseignement de l’anglais au collège généralisé

L’enseignement de l’anglais sera généralisé dans les collèges au Maroc dès la rentrée scolaire 2023-2024, a annoncé dans une note Chakib Benmoussa, le ministre de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports.

Écoles privées au Maroc : mauvaise nouvelle pour les parents

Mauvaise nouvelle pour des parents d’élèves au Maroc. Des écoles privées prévoient d’augmenter encore leurs frais de scolarité à la rentrée prochaine.