Conseil supérieur de l’immigration : Les MRE montent au créneau

4 décembre 2007 - 16h12 - Maroc - Ecrit par : L.A

Les premières réactions de la communauté marocaine vivant à l’étranger à la décision Royale de création d’un Conseil supérieur de l’Immigration ne se sont pas faites attendre et nos compatriotes de Montpellier montent au créneau par la voix d’un de leurs porte-paroles les mieux indiqués : Hassan Mesnaoui.

Etabli depuis 25 ans en France et connaissant les ressorts de la région de Montpellier, Mesnaoui a bâti, tout au long de ces années, un carnet d’adresses bien garni qui facilitait grandement les réseaux de relations entre acteurs et opérateurs des deux rives. Homme d’affaire, conseiller de Chambres professionnelles et militant dans la société civile, il est à l’origine de bons nombres de projets d’investissements au Maroc diligentés par des investisseurs français, notamment dans le domaine de la promotion immobilière et des infrastructures résidentielles et touristiques. C’est avec spontanéité et enthousiasme qu’il livre aux lecteurs de La Gazette du Maroc cet entretien en exclusivité.

Comment appréciez-vous, en qualité de conseiller auprès de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Montpellier, la décision de SM le Roi de la création d’un Conseil Supérieur pour les MRE dont l’installation est prévue avant la fin de l’année en cours ?

Nous connaissons tous l’apport des Marocains vivant à l’étranger à leur pays d’origine, mais aussi à leur pays d’accueil. L’idée de créer le Conseil supérieur de l’Immigration répond à un besoin réel de pallier le vide de représentativité institutionnelle comme il se veut un encouragement à une plus grande participation de nos ressortissants de l’étranger à la vie marocaine, surtout après le bilan plutôt faible démontré par les dernières élections législatives de septembre 2007. Autant que cette mesure Royale vient satisfaire une demande légitime, aussi bien l’initiative de mettre en place une instance transitoire qui sera opérationnelle dans la foulée de la Chambre des représentants élue démocratiquement, permet de fixer une feuille de route pendant quatre ans. Ce qui est un temps utile pour transformer l’essai, dans les meilleures conditions, à l’horizon 2012. Une échéance qui se verra conforter par l’élection démocratique des représentants et des instances du Conseil supérieur.

Quel est votre avis sur la procédure annoncée de désignation des membres de cette instance entièrement dédiée aux MRE ?

Il faut d’abord faire remarquer qu’il ne s’agit pas de personnes exclusivement physiques, mais aussi d’associations et d’autres institutions ad hoc. Ensuite, et pour la première fois, les personnalités proposées feront l’objet d’un mode de désignation concerté et consensuel à l’appui d’un large processus de consultations préalables qui se déroulent depuis des mois sur les lieux même de vie et de travail des MRE dans leurs pays d’accueil. Ainsi, est mis fin à la mainmise ancienne des rouages qui s’accaparaient le pouvoir dans ce domaine. Enfin, le Souverain a fixé comme ligne de conduite des choix fondés sur les critères de compétences, toutes composantes multiconfessionnelles et ethniques confondues, vivant en marge jusque- là, et qui sont invitées à se réveiller pour servir de « passeurs » entre leur pays d’origine et leur pays d’accueil. Ces préalables incontournables feront que les arrivistes qui ne cherchent que les honneurs de circonstance devront s’abstenir.
Car prendre la parole devant SM le Roi pour ne rien dire en dissuadera plus d’un. Obligations de moyens et de résultats se rejoignent dans les futures compositions d’équipes.

Comment voyez-vous concrètement l’activité du Conseil supérieur des résidents marocains de l’étranger ?

Le Souverain a fixé les lignes directrices. Nos MRE sont appelés à s’investir dans une force de propositions touchant aux divers volets intéressant les questions cultuelles, culturelles, identitaires, sociales, économiques, juridiques, l’investissement, la fiscalité, la libre circulation des familles, la recherche, la formation ; la gestion rationnelle des transferts en mutualisant les charges et en simplifiant les circuits, la suggestion de modes de représentation fiables et crédibles. Le champ est vaste et quatre années de transition ne suffiront pas pour la maîtrise de toutes ces dimensions.

Croyez-vous que l’option prioritaire de la transition soit pertinente ?

Je vis en France depuis près de 25 années et l’histoire de ce pays a vu, depuis un peu plus de deux siècles, 5 républiques, deux empires, deux monarchies, un consulat, un Directoire, des régimes transitoires et autres.

Pourtant, à ce jour il n’existe toujours pas de député représentant les Français de l’étranger. Sur ce point, le Maroc est en avance.
La transition dans l’attente d’une autre forme de représentation est opérante et consensuelle à cet égard. Il appartiendra aux personnalités triées sur le volet de déployer leurs compétences pour aller au-delà des sentiers battus.

A quoi peut bien vous servir un carnet d’adresses, apparemment impressionnant à la fois en France et au Maroc et le fait que vous soyez très proche des instances dirigeantes à Montpellier ?

Par défaut de communication, un écart s’est creusé entre l’administration marocaine et les MRE. Pour les rapprocher, il faut des relations et un carnet d’adresses bien garni. Comme il faut songer à créer des divisions en charge des MRE, selon leurs spécificités, les différents départements ministériels concernés. Ce qui facilitera énormément l’accès de nos ressortissants à l’administration marocaine.

J’ai véritablement pris conscience de l’importance de nos MRE lors des élections municipales de 2001 en France où ils ont joué un rôle de poids, notamment dans la municipalité de Montpellier où ils siègent pour la première fois comme dans la Chambre de commerce et d’industrie.
Cela rend beaucoup service au Maroc car ils font partie intégrante du paysage économique et social de leur pays d’accueil.

Gazette du Maroc - Benhamed Mohammadi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Vote MRE - Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) - Immigration - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Opération « Marhaba 2023 » : 538 traversées maritimes hebdomadaires prévues

Le Maroc se prépare déjà pour l’opération « Marhaba 2023 » qui vise à accueillir les membres de la communauté marocaine vivant à l’étranger. Mohamed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, a annoncé cette nouvelle devant la Commission...

Appel à mettre fin à l’échange d’informations fiscales des MRE

L’Organisation démocratique du travail (OMT) a vivement critiqué la politique gouvernementale à l’égard des Marocains résidant à l’étranger, pointant du doigt une approche jugée superficielle et occasionnelle, particulièrement lors de l’accueil des MRE...

Douane marocaine : voici le guide des MRE 2023 (à télécharger)

L’Administration des Douanes et impôts indirects a récemment dévoilé son nouveau guide dédié aux Marocains résidant à l’étranger.

Combien de Marocains ont émigré à l’étranger cette année ?

À fin septembre dernier, plus de 26 000 Marocains ont émigré à l’étranger pour s’y installer et travailler, d’après le ministère chargé de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences.

Match Maroc-France : difficile pour les binationaux de faire un choix

La qualification du Maroc et de la France pour la demi-finale de la coupe du monde au Qatar est une joie pour les Franco-marocains. Certains parmi eux ont encore du mal à réaliser la surprenante ascension de l’équipe marocaine, véritable surprise de...

Marhaba 2023 : le grand retour des MRE

Cette année, l’opération Marhaba 2023 dédiée à l’accueil des Marocains résidant à l’étranger coïncide avec l’Aïd Al Adha, donnant encore plus de sens aux retrouvailles. En tout, quelques 3 millions de MRE devraient rentrer au Maroc cet été.

Agression de MRE en Europe : le parlement marocain interpellé

Un parlementaire du parti de l’Istiqlal vient d’appeler Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération africaine, à agir pour combattre les attaques racistes répétées ciblant les Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Les adieux émouvants de Salima Belabbas, présentatrice du RTL Info

C’est avec une grande émotion et une voix tremblante que Salima Belabbas, présentatrice d’origine marocaine du RTL Info, a fait ses adieux aux téléspectateurs dimanche.

Les MRE, une solution à la crise de l’immobilier marocain ?

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) contribuent de manière considérable à la relance du secteur de l’immobilier au Maroc, durement touché par la crise sanitaire du Covid-19, la guerre en Ukraine et la flambée mondiale des prix des matières...

Accord fiscal Maroc-OCDE : Le gouvernement rassure les MRE

Le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, a voulu rassurer les Marocains résidant à l’étranger (MRE) au sujet de l’échange automatique d’informations financières et fiscales, signé par le royaume avec l’OCDE à Paris le 25 juin 2019.