Croissance, l’exception Maroc

10 juillet 2008 - 20h18 - Economie - Ecrit par : L.A

Au moment où l’économie mondiale ralentit, celle du Maroc affiche un dynamisme enviable. Les derniers chiffres du Haut commissariat au Plan (HCP) parlent d’un taux de croissance de 6,2% pour l’année 2008. Mieux, l’embellie se prolongera en 2009 où la croissance devrait atteindre 5,3%.

Pour rappel, dans de précédentes éditions, L’Economiste annonçait une croissance comprise entre 6 et 7% pour 2008. Avec de telles performances, le gouvernement aura donc une marge assez confortable pour mener à bout les chantiers en cours. Dans un contexte de tension sociale (et de flambée des prix), la croissance est un remède efficace à condition qu’elle profite à tout le monde. Cela doit inciter l’exécutif à surveiller de près les conditions de répartition des richesses créées, notamment le dispositif de compensation et la fiscalité sur les revenus. L’étude du HCP sur le niveau de vie des ménages l’a clairement montré : la croissance des dernières années a permis une augmentation générale du niveau de vie sans pour autant réduire les écarts entre les pauvres et les riches.

Le dernier rapport HCP, qui sert de base pour l’élaboration de la loi de Finances, attribue la santé de l’économie nationale à « la vigueur de la demande intérieure ». Il s’agit notamment de « l’expansion de l’investissement public que privé, de la consommation des Administrations publiques et de celle des ménages résidents ». Ouverture à l’international ou pas, une économie forte doit, avant tout, s’appuyer sur une demande intérieure forte à son tour. Mener une politique de soutien à la consommation trouve ici toute son utilité. Le HCP va dans le même sens lorsqu’il affirme que « l’économie nationale a profité des valorisations des salaires et de la baisse de l’impôt sur les revenus ». « Elle serait (au conditionnel) également soutenue par la relance des exportations de marchandises et par la consolidation de la demande des touristes étrangers (y compris celle des MRE) malgré un léger ralentissement de l’activité », poursuit l’étude du HCP.

Globalement, les 6,2% de croissance attendus pour 2008 sont dus au dynamisme des secteurs non agricoles dont le taux de croissance devrait se situer autour de 5,2% en léger repli par rapport à l’an dernier (6,2%).

Il s’agit notamment du BTP, des industries de transformation, des activités minières (surtout la production des phosphates), du tourisme et des télécoms sans oublier le secteur bancaire. La croissance du secteur secondaire devra se situer autour de 5,2% en léger repli par rapport à 2007 où ce taux était de 6,6%. HCP explique cette décélération par « la reprise lente de l’activité énergétique et à la modération du rythme de croissance du secteur BTP après l’expansion à deux chiffres des dernières années ».

Parallèlement à cela, l’amélioration des récoltes agricoles, céréalières en l’occurrence, a eu un impact positif sur le niveau de croissance global. Pour rappel, la croissance en 2007 n’a été que de 2,7% à cause, justement, de la mauvaise campagne agricole.

La récolte céréalière 2008 s’élève à 50 millions de quintaux contre 20 millions l’année dernière. Le résultat est net : une augmentation de 9,7% de la valeur ajoutée du secteur après une baisse vertigineuse de 20% enregistrée un an auparavant.

Quant aux services, la valeur ajoutée serait en amélioration de 5,3%, « à un rythme moins rapide qu’en 2007 », commente le HCP.
La photo de l’économie en 2009 devra, plus ou moins, ressembler à celle esquissée par le HCP : une consolidation de la croissance en dépit d’un environnement économique international contraignant. Cela sera possible, encore une fois, grâce aux « facteurs favorables au plan intérieur qui permettraient de compenser largement les contre-performances extérieures ». En clair, c’est le consommateur marocain qui sera à l’honneur en 2009.

Le HCP table sur une poursuite du dynamisme des secteurs non agricoles. La performance escomptée est de plus 5,6%, mieux qu’en 2008 (5,6%). Le secteur secondaire devrait croître de 5,9% au lieu de 5,2% en 2008 et le tertiaire devrait progresser de 5,4% en 2009 contre 5,3% pour l’année en cours.

Le secteur primaire (agriculture et pêche) devrait lui aussi continuer sur sa lancée. Les hypothèses du HCP retiennent une production céréalière de 60 millions quintaux durant la campagne 2008-2009. La valeur ajoutée du secteur devra s’accroître de 3,5% à condition que les autres composantes de la production agricole consolident leurs performances.

La performance céréalière dépend pour beaucoup des précipitations. Or, tout le monde le sait, il n’y a pas plus difficile à prévoir que le comportement de la pluviométrie. Espérons que le ciel sera au moins aussi généreux qu’en 2008.

Source : L’Economiste - Nabil Taoufik

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