Entretien avec Ahmed Boulane, réalisateur du film "Les Anges de Satan"

12 décembre 2007 - 23h00 - Culture - Ecrit par : L.A

Au 12 novembre 2007, le film « Les Anges de Satan », caracolait en tête du box office des films marocains au titre de l’année 2007. Auréolé récemment de deux prix obtenus en Inde, son réalisateur revient sur le succès de cette production.

Malgré les ennuis que le film a connus avant sa production, « Les Anges de Satan » a reçu un bel accueil du public. Que dites-vous à ce sujet ?

Il est vrai que je n’ai pas eu le budget qu’il fallait pour faire un autre film beaucoup plus réussi, je n’ai également pas eu les autorisations nécessaires pour tourner ce film dans des conditions meilleures et sans grand tracas. Mais en fin de compte, je suis très content du résultat, notamment de l’écho qu’il a eu auprès du public qui a adhéré. C’est important pour moi dans la mesure où l’on fait le cinéma pour le public et non pour une cinquantaine de personnes qui viennent juste pour dire « oui, c’est bien. L’image était comme ceci ou cela ».

On fait du cinéma d’abord pour un public et à ce titre, il est important que celui-ci soit respecté. Bien sûr qu’on peut lui donner une comédie intelligente, comme on peut aussi lui donner à digérer un film politique. Parce qu’on ne digère pas la chose politique au niveau qu’il faut. Donc, il faut bien le ramener vers la politique pour qu’il puisse comprendre l’histoire et s’y intéresser. Il faut lui faire aimer la politique à travers un langage facile.

L’adhésion du public à votre film vous surprend-elle ?

Je ne suis pas du tout surpris. Je suis simple comme l’est aussi le public. Et donc, quand je veux exprimer quelque chose, je le fais avec la même rage que lui. Je dis des choses, je les sors avec beaucoup de tripes, mon coeur. Evidemment, il y a aussi le travail.

Vous rentrez d’un voyage d’où vous avez ramené deux prestigieux prix. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Je viens de l’Asie où j’ai participé à la 38ème édition du Festival international du film de l’Inde qui s’est déroulée à Goa, au sud-ouest de l’Inde. Un Festival très sympathique où étaient représentées l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie. Un seul film marocain a représenté le continent africain à ce grand rendez-vous qui m’a décerné deux prix spéciaux, le premier pour la direction artistique et le second pour le scénario.

Le succès de votre film va-t-il de pair avec les finances ? Sentez-vous un impact en termes de revenus ?

Selon mes calculs, le film a fait plus de 100.000 entrées, soit l’équivalent d’environ deux millions de dh que m’a donnés le CCM. Donc vous avez 2/3 qui vaut au cinéma, 1/3 restant revient au distributeur. Et puis, il y a aussi les trois coproducteurs dont 2M. Autant faire autre chose.

Ces décomptes peu reluisants ne semblent pas vous décourager. Vous êtes toujours animé d’une volonté de continuer dans le cinéma.

J’aime le cinéma. Je ne le fais pas pour de l’argent puisqu’au Maroc, il ne rapporte presque rien ; ce serait certainement mieux s’il y avait beaucoup de salles de cinéma.

Des projets en vue ?

Je suis toujours en train d’allaiter « Les Anges de Satan ». Je dois d’abord le suivre pour qu’il ne se perde pas. Pas nécessairement pour des raisons financières, j’essaie de compenser en étant en contact direct avec les gens, à travers le Festival. Bien que je ne compte pas dessus pour faire marcher le film, le Festival est important dans la mesure où il offre un espace de discussions et rencontres. Les participants peuvent faire des critiques, bonnes ou mauvaises, qui seront valables pour qu’on puisse construire un film meilleur à l’avenir. J’ai tout de même un projet sur lequel je travaille depuis longtemps.

Libération - Alain Bouithy

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Cinéma - Liberté d’expression - Ahmed Boulan

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : des prix bas pour aller au cinéma

Le ministre de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication du Maroc, Mohamed Mehdi Bensaid, a annoncé un ambitieux projet visant à ouvrir 150 nouvelles salles de cinéma à travers le pays. Il est également prévu de faire un gros effort sur les...

Saïd Taghmaoui rejoint le casting de « The Family Plan »

L’acteur français d’origine marocaine Saïd Taghmaoui jouera l’un des principaux rôles dans le film « The Family Plan », une comédie d’action produite par Apple TV.

"Terminal" : Jamel Debbouze et Ramzy Bedia réunis 25 ans après "H"

Canal+ a dévoilé la date de sortie de « Terminal – Bienvenue à l’aéroport », la sitcom produite, écrite, réalisée et interprétée par Jamel Debbouze. Une nouvelle collaboration entre la chaîne cryptée et l’humoriste franco-marocain 25 ans après la série...

Malade, Aïcha Mahmah expulsée par une clinique

Grâce à l’intervention du ministère de la Culture, de la Jeunesse et de la Communication, l’actrice marocaine Aïcha Mahmah a été admise à l’hôpital mardi pour recevoir un traitement et subir une opération.

Tournages de films au Maroc : chiffre d’affaires record pour le CCM en 2022

Très sollicité pour les tournages étrangers, le Maroc devrait renouer avec les bénéfices cette année. De nombreuses productions annulées en raison de la crise sanitaire et des mesures restrictives, sont de retour, selon le centre cinématographique...

Les premières images de Gladiator 2, en partie tourné au Maroc

Paramount a dévoilé hier soir les premières images de « Gladiator 2 » lors du salon CinemaCon de Las Vegas. Des images, en partie tournées au Maroc, promettent un spectacle encore plus grandiose et sanglant que le premier opus, sorti en 2000.

Gladiator 2 en tournage au Maroc dévoile son casting

Le casting de Gladiator 2 qui sera bientôt en tournage à Ouarzazate, au Maroc et dont la sortie est prévue le 22 novembre 2024, vient d’être dévoilé.

Du nouveau sur le film Gladiator 2 tourné en partie au Maroc

Après une suspension due à la grève des acteurs de cinéma d’Hollywood, le tournage du film américano-britannique Gladiator à Malte reprend bientôt. Une partie du film a été déjà tournée à Ouarzazate, au Maroc.

Tarek Boudali : l’accident sur un tournage qui aurait pu lui coûter la vie

L’acteur franco-marocain Tarek Boudali se confie sur le tournage de son nouveau film intitulé 3 Jours max, au cours duquel il s’est gravement blessé.

Une série documentaire sur Alexandre le Grand en tournage au Maroc

La plateforme de streaming Netflix prépare une série documentaire sur la vie de l’ancien roi de Macédoine, Alexandre le Grand, dont le tournage se déroule au Maroc.