En attendant la tenue du procès devant un jury, le ministère public recherche toujours le mobile de ce crime odieux. Les enquêteurs n’ont pas pu prouver une sorte d’inimitié ou de confrontation antérieure entre le Marocain et sa victime. Pour les avocats de l’accusé, Carmen Sánchez et Luis Ángel Marcén, il s’agit d’une légitime défense, car leur client portait aussi des blessures graves et a dû être transféré d’urgence à l’hôpital par la police qui l’a retrouvé sur les lieux du crime.
Interrogé, Adil Lazizi a déclaré aux agents que sa voisine l’avait « harcelé » pour l’aider à régler « un problème » et qu’il « ne voulait pas ». Il ajoute que la femme avait frappé à sa porte et que, dès qu’il lui avait ouvert, elle a sorti une arme blanche et l’a poignardé. S’ensuivit une lutte au cours de laquelle les deux sont tombés au sol et il a réussi, « avec un peu de chance », à lui prendre le couteau et le plonger dans son cou.
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Cette version des faits livrée par Adil a été démentie par sa petite amie qui a soutenu que l’arme du crime provenait de la cuisine du Marocain. Lors de l’inspection de l’appartement de la victime, les enquêteurs ont trouvé une casquette appartenant au Marocain, ainsi que la partie qui manquait au gant en caoutchouc qu’il portait. Avant de mourir, la victime a identifié son meurtrier à un autre locataire de l’immeuble qui était venu à son secours, désignant de la main droite la porte du Marocain.
L’avocat de la famille de la victime, Rafael Ariza, accuse également Adil Lazizi de meurtre, considérant des circonstances aggravantes de trahison et de cruauté. Il entend aussi poursuivre l’État espagnol dont la responsabilité est engagée dans ce meurtre, car l’auteur est un prisonnier évadé. « Il y a une responsabilité de l’État lorsqu’un détenu commet un crime en prison. En tout état de cause, le meurtrier de Cristina était un condamné par contumace que les Forces de sécurité ont pris près de deux ans et demi pour le localiser et le renvoyer en prison », précise l’avocat.