La machine onusienne se remet en marche

19 août 2005 - 18h30 - Maroc - Ecrit par :

Le Néerlandais Van Walsum, 71 ans, a été nommé envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU au Sahara. Sa mission : « consulter les parties et les Etats de la région afin de sortir de l’impasse actuelle et trouver une solution politique à la question du Sahara ».

Comme ses prédécesseurs, le diplomate onusien fera la traditionnelle tournée dans les pays de la région. Il doit repartir à zéro pour trois raisons. D’abord, le Plan Baker dans sa version référendaire est catégoriquement rejeté par le Maroc. Ensuite, l’Algérie refuse toute discussion directe avec Rabat. N’en déplaise à la France et à l’Espagne qui avaient essayé et essaient toujours de faire jouer le principe de « la diplomatie active ». Enfin, et c’est ce qui est déplorable, les tensions et les surenchères qui se sont accentuées depuis la démission de James Baker, ont mené la région vers une sérieuse escalade (événements de Laâyoune).

Malgré sa tournée dans la région en 2004, l’ex-représentant spécial Alvaro de Soto n’a pas vraiment marqué le dossier. Mais il faut reconnaître qu’il était le premier représentant onusien à avoir parlé de la nécessité « d’un accord politique ». Déclaration sur laquelle la partie marocaine avait nourri beaucoup d’espoirs. Van Walsum est appelé à aller au-devant des choses, proposer et pourquoi pas, innover. Le contexte semble propice avec les informations qui circulent à propos d’une probable révision de la copie marocaine. L’option du dialogue direct écartée en raison du refus algérien, le représentant onusien devra amener les parties vers une plate-forme commune. Tout prête à croire qu’on s’achemine vers cette fameuse « cinquième voie », dont on parle depuis le blocage du Plan Baker.

Mais la tâche est loin d’être facile. Car ce que le Maroc demande, c’est bien l’élimination du référendum dans le plan d’autonomie proposé par Baker. « Le Royaume réitère sa disposition à coopérer pleinement avec les Nations unies en vue d’évaluer la situation et de sortir cette question de l’impasse politique actuelle, dans le plein respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté des pays de la région du Maghreb », a affirmé l’ambassadeur du Maroc à l’ONU Mohamed Bennouna, juste après la nomination de Van Walsum.

L’Algérie et le Polisario, eux, s’attachent au référendum car il renvoie à l’autodétermination, le terme juridique idéal qui facilite la partition du territoire.

Vaste chantier pour une ONU qui, déjà tracassée par sa propre réforme, n’a ni l’argent, ni le moral pour continuer sa mission de maintien de la paix. Elle baisse les bras de temps à autre mais s’accroche cependant pour éviter à la région les conséquences d’un échec redoutable.

Le dossier a traîné sur les bureaux de 4 secrétaires généraux : Kurt Waldheim (1972-1981), Javier Perez de Cuellar (1982-1991), Boutros Boutros-Ghali (1992-1996), et actuellement Kofi Annan.

La priorité du diplomate néerlandais sera de pallier « ce manque d’initiatives », qui a été expressément critiqué par le ministre des Affaires étrangères espagnol Angel Moratinos. Par manque d’initiatives sérieuses et constructives, les tensions se sont exacerbées. Des gestes de bonne volonté ont été mal interprétés et jugés de mauvaise foi (l’exemple du visa avec l’Algérie). Le résultat a été quand même déplorable. Evénements de Laâyoune, volte-face de certains pays africains concernant la question nationale, échec du sommet de l’UMA...La première tâche de Van Walsum sera peut-être de faire revenir les parties à de meilleurs sentiments.

Nadia Lamlili - L’Economiste

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : ONU - Sahara Marocain

Ces articles devraient vous intéresser :

Sahara : l’ONU dément la démission de Staffan de Mistura

Les Nations unies ont apporté un démenti formel au sujet d’une éventuelle démission de Staffan de Mistura, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara.

La marque Lacoste présente ses excuses au Maroc

L’affaire des polos Lacostearborant une carte tronquée du Maroc, excluant ses provinces du sud, connaît un nouvel épisode. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a confirmé que les responsables de la célèbre marque française de...

Explosions à Smara : le Polisario impliqué ?

Quatre explosions ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Es-Semara, au Sahara. Le bilan fait état d’un mort et de trois blessés. Le Polisario s’est félicité de ses attaques.

Violences policières : la France sermonnée par l’ONU

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale, l’organe affilié aux Nations unies, exprimé sa « profonde préoccupation » concernant les pratiques des forces de police en France vis-à-vis des minorités. Cette inquiétude fait suite au décès...

Quatre membres du Polisario tués par un drone marocain

Quatre personnes auraient été tuées ces derniers jours par des drones marocains au Sahara, selon des médias proches du Polisario.

Attaque marocaine de drone : Le Polisario décrète trois jours de deuil

Le chef du Polisario, Brahim Ghali, vient de décréter trois jours de deuil, après le décès vendredi d’un haut responsable militaire et trois miliciens dans une attaque marocaine.

Brahim Ghali s’en prend à nouveau au Maroc

Le président de la « République arabe sahraouie démocratique » (RASD), Brahim Ghali, a mis en garde lundi contre les politiques hostiles du Maroc dans la région, allusion faite à son alliance avec Israël.

Staffan de Mistura tiendra des « consultations bilatérales » avec le Maroc et le Polisario

L’envoyé du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, tiendra des « consultations bilatérales » avec les représentants des autorités marocaines et du Front Polisario, a annoncé le porte-parole du secrétaire...

Le Maroc déploie de grands moyens pour surveiller ses frontières

Le Maroc mobilise d’importantes ressources matérielles et humaines pour contrôler et surveiller ses frontières terrestres longues de 3 300 km et maritimes sur une distance de 3 500 km en plus de l’espace aérien.

Soupçons de corruption par le Maroc au Parlement européen

Le scandale de corruption qui secoue le Parlement européen continue de livrer ses secrets. Le Maroc est, lui, aussi soupçonné d’avoir sollicité des eurodéputés pour qu’ils interviennent en sa faveur notamment sur la question du Sahara.