Le tueur à la hache nie tout en bloc

25 mars 2003 - 12h03 - France - Ecrit par :

Il a une bonne tête de grand-père mais des yeux de guetteur. Il prétend ne pas tout entendre du français et avoir besoin d’une interprète mais il travaille chez Peugeot depuis 27 ans et visiblement, parle et comprend fort bien. Il est incarcéré depuis plus de deux ans et dit « que « c’est idiot d’être en prison quand on n’a rien fait ».

Mohamed Faleh, 59 ans, nie en bloc les faits qui l’ont conduit devant la cour d’assises du Doubs. Il nie avoir tenté d’assassiner Amane Benmahdi de deux coups de hache portés au crâne dans la nuit du 3 au 4 mars 1999 à Sochaux. Il nie avoir tué Abdelkader Chamrouki, coupé son corps en morceaux et s’en être débarrassé en les jetant dans des sacs poubelle, entre la fin février et le début de mars 1999 à Sochaux.

Quatre jours de débats sont prévus pour examiner cette affaire à tiroirs avec un accusé plus redoutable que le brave type un peu dépassé par les événements qu’il s’applique à être dans son box. Un accusé calme, apparaissant, au travers des auditions des policiers de Montbéliard, comme un quasi tueur en série. Mohamed Faleh est aussi mis en examen pour l’assassinat d’une vieille dame en 1995 à Audincourt. Et le commandant de police Duvernoy affirme clairement que la mort de l’ancien logeur de Faleh, tué à coups de hache à Belfort en 1998, ressemble à s’y méprendre à la mort de Chamrouki. L’enquêteur regrette d’ailleurs que les deux dossiers n’aient pas été joints au procès.

Un guet-apens

Complexe personnage que Mohamed Faleh, ouvrier apprécié de la fonderie Peugeot. Lui qui réside depuis 30 ans à Sochaux et a laissé sa famille au Maroc, est aussi un impénitent jouer de poker et de courses, un coureur de « michetonneuses qui le font payer » et, en finale, un homme fortement endetté. Le mobile de ses crimes est là, dans la recherche d’argent immédiat pour faire face à ses multiples dettes dont un prêt contracté de 240.000 F.

S’il nie en bloc, Mohamed Faleh reconnaît « une chose sur deux ». Il a bien blessé Benmahdi à la tête mais c’est ce dernier qui l’avait agressé avec une hache qu’il lui a subtilisée en se défendant. L’expertise médicale a prouvé la fausseté de cette version des faits mais il s’y tient. En fait, l’accusé a attiré Benmahdi dans sa chambre sous prétexte de lui vendre du cannabis. Une fois assuré que Benmahdi avait 3.500 F en espèces sur lui, il l’a piégé et frappé par derrière. Malgré la violence des coups, la victime a pu fuir et se réfugier dans un café.

Preuves matérielles

C’est justement cette agression, qui a alerté les policiers lorsque deux jours plus tard, le 5 mars, un Sochalien emménageant dans une maison à 300 mètres du studio de Faleh, trouvait, parmi des gravats à évacuer, huit sacs poubelle contenant la tête, le tronc et les membres d’un corps d’homme : celui d’Abdelkader Chamrouki, sexagénaire Marocain disparu de son domicile de Valentigney depuis quinze jours et réputé avoir gagné un petit pactole au PMU. L’autposie a mis en évidence que la cause de sa mort provenait de coups portés au crâne avec une hache.

Mohamed Saleh n’a jamais varié dans ses dénégations malgré des brèches dans son emploi du temps et malgré l’accumulation de preuves matérielles à charge. L’enquête a permis de découvrir un sac poubelle identique à ceux ayant servi à emballer le corps, du sopalin ensanglanté et en proportion correspondante à celle manquante sur les rouleaux retrouvés chez Faleh, un flacon d’eau de javel entamée, une facturette de magasin faisant état de ces achats ménagers. Et surtout une tache de sang dans l’armoire de Faleh dont l’analyse a révélé qu’il s’agissait du sang de Chamrouki.

Me Thierry Moser, partie civile pour la famille de la victime, s’apprête à « developper quatorze charges » contre Faleh. Le défenseur, Me Robert Bauer, aura la tâche rude face à des preuves qu’il dit n’être que « des présomptions ».

Yves Andrikian - Estrepublicain

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Sujets associés : France - Procès - Homicide - Prison

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