Municipales en France : Les Marocains jouent et gagnent !

4 mars 2008 - 17h19 - France - Ecrit par : L.A

Ce soir-là, le 29 décembre, à la mairie du Polygone, les rythmes berbères envahissent la salle des Rencontres. Sur scène : l’orchestre Brikil, les chanteurs Abdou, Cheba Amal et Cheb Malik. Dans la salle : beaucoup de jeunes venus des quartiers de la Paillade et du Petit-Bard. Ceux qui ont montré leur carte d’électeur ont eu droit, comme il leur a été promis, à l’entrée gratuite. Les autres ont payé 10 €.

A moins de trois mois de l’élection municipale, ce concert donné à l’occasion de l’Aïd el-Kébir n’avait rien d’innocent. Il était organisé par les Anciens de Fès, une association que préside l’homme le plus en vue de la communauté franco-marocaine de Montpelllier : Mustapha Majdoul, agent immobilier, propriétaire de restaurants et adjoint (Vert) d’Hélène Mandroux.

A l’écart, dans une petite salle, autour d’un thé à la menthe et de pâtisseries, Majdoul a réuni ses amis : des chefs d’entreprise, des informaticiens, des commerçants, des universitaires, des médecins. Tous ont leurs racines au Maroc et leur vie ici. Ils possèdent la nationalité française, une bonne éducation, exercent des métiers honorables, paient leurs impôts, mènent une vie bourgeoise et brûlent d’entrer sur la scène publique.

Présent ce soir-là, Olivier Abdou Taoumi est leur stratège. La politique passionne ce magistrat qui fut commissaire du gouvernement au tribunal administratif de Montpellier et exerce aujourd’hui ces fonctions dans la juridiction de Cayenne (Guyane). En 1998, avec Majdoul, il a imprimé à sa communauté un mouvement d’"insertion républicaine". Il a choisi d’investir un parti, les Verts, et, à l’intérieur, de miser sur un homme : Jean-Louis Roumégas. En 1998, l’entrée concertée de 75 franco-marocains a chamboulé l’échiquier écologiste montpelliérain au profit de l’ami Roumégas. Trois ans plus tard, le succès de leur liste au premier tour de l’élection municipale, suivi d’une alliance au forceps avec Georges Frêche, a entraîné l’élection des deux premiers adjoints franco-marocains de l’histoire de Montpellier : un homme, Mustapha Majdoul, et une femme, Achmia Bhiri.

Roumégas fait à nouveau une place royale aux franco-marocains : 4 sur les 10 premiers de sa liste. Un net avantage sur les concurrents auprès des quelque 9000 électeurs de la communauté. Jacques Domergue met en avant une ex-Verte, l’avocate Sarah El Atmani. Hélène Mandroux, elle, compte sur l’entregent de Brahim Abbou, le jeune et actif fondateur de Stop la violence, aujourd’hui employé aux ACM, l’organisme qui gère les HLM.

Présents sur tous les fronts

Les réseaux chérifiens de Montpellier ne négligent aucun terrain. L’omniprésent Majdoul a fondé le Cercle des chefs d’entreprise méditerranéens. Il a rallié la Cgpme, syndicat patronal. A ce titre, il participe à la bataille qui fait rage pour le contrôle de la chambre de commerce. Il figure en bonne place sur la liste Medef-Cgpme-Upa qui compte enlever, le 20 février, l’hôtel consulaire. Un autre Vert, présent lui aussi sur la liste Roumégas, Mahfoud Benali, responsable du cabinet d’expertise comptable AMP Conseil, a fait un choix opposé : il s’est engagé dans la liste concurrente, celle du Mouvement patronal pour le renouveau (MPR), auquel il a amené 120 adhérents.

En 2002, au lendemain du premier tour de l’élection législative, Georges Frêche rencontra Olivier Taoumi, qui venait de récolter plus de 5% des suffrages. A la grande stupeur du maire de Montpellier, vieil habitué des quémandes électorales, en contrepartie de son désistement, Taoumi ne réclama pour les siens ni embauches à la mairie ni logements dans les HLM, mais la réalisation à la Paillade d’une Ecole de la deuxième chance. Les Arabes de papa, c’est peut-être terminé.

Source : L’Express - Jacques Molénat

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