Première session de la quatrième année législative

28 décembre 2008 - 13h20 - 1996 - Ecrit par : L.A

"Louange à Dieu,

Que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, Sa famille et Ses compagnons.

Honorables députés,

Dans les discours que Nous avons prononcés durant ces derniers mois, vous avez toujours constaté que nous insistons sur deux vocables : dialogue et consensus, en ce sens qu’on ne peut parvenir au consensus que par le dialogue. Le terme à une signification et une portée bien plus profondes que celles qu’on lui attribue habituellement, eu égard aux choix que vous allez effectuer, aux décisions que vous allez prendre et aux actions que vous vous apprêtez à entreprendre. Que signifie le consensus ?

Le consensus signifie l’union autour d’une philosophie, d’une pensée, d’une méthodologie et d’un objectif. Combien, du reste, avons-nous besoin à présent d’être unis autour de nos idées, de notre réflexion et de notre choix au moment où nous nous apprêtons à mettre en place la région.

Vous comprendrez aisément le sens de la démarche, vous, mandataires du peuple, particulièrement ceux d’entre vous qui siègent dans des conseils communaux et qui ont pu se rendre compte des difficultés inhérentes à la gestion - une gestion aux multiples facettes - des dits conseils, particulièrement quand il s’agit de questions d’ordre matériel et financier.

Que dire de l’action que nous allons entreprendre pour la mise en place de la région, de ses structures, des mécanismes de sa gestion et de son fonctionnement pour en faire cette institution que nous voulons ?

Vous savez comme moi que nos régions ne sont malheureusement pas équilibrées du point de vue des ressources humaines et matérielles. Certaines sont riches, d’autres le sont davantage, d’autres sont démunies ou ont besoin qu’on y prospecte les ressources dont Dieu les a gratifiées et dont elles ne profitent pas encore. C’est pour cette raison que Je vous demande d’adopter une approche consensuelle, une stratégie unifiée, dans l’examen des textes de loi organisant la région qui vous seront soumis.

Nous sommes tous des Marocains, des patriotes, qui aspirent à ce que la région atteigne le niveau que nous voulons dans dix ou quinze années. Comment devrait-elle aujourd’hui pour parvenir à ce niveau ? C’est là la signification précisément du consensus qui consiste en une vision commune, des aspirations partagées, une analyse réaliste, loin de toute démagogie et bannissant l’ignorance, de nos régions et de la place que nous souhaitons qu’elles occupent, sachant que le Maroc prenne a besoin de ces régions en ce sens qu’elles constituent des écoles qui formeront des hommes maîtrisant les règles de gestion, des hommes qui vivent les réalités de leurs régions, en administrent de manière rationnelle, les affaires, leur assurent une meilleure planification et qui sont parfaitement au fait de leurs responsabilités aux plans économique et social. Voilà ce qu’attend le Maroc des régions.

La région constituera ainsi, par rapport à l’école supérieure (Le Parlement) où nous nous trouvons actuellement, au gouvernement qui constitue également une autre école supérieure, une école d’application, une école de formation professionnelle, non pas au niveau d’une seule ville ou d’une petite localité, mais plutôt au niveau d’une région ou vivent des millions d’habitants et dont les potentialités, apparentes ou souterraines, se chiffrent par milliards. Ce sont ces régions qui offriront aux générations montantes des certificats les habilitant à être des hommes d’Etat, des hommes d’action, des hommes de réflexion et de pensée, des planificateurs.

C’est ce que Je voulais dire à propos de la région et du consensus. Reste le consensus autour des lois électorales que J’ai évoqué dans mes précédents discours. Là aussi, le consensus doit nous permettre de parvenir à ce que nous souhaitons. La population de notre pays s’élève, comme vous le savez, à vingt six ou vingt-sept millions d’habitants. Nous constatons que la scène politique de certains pays ayant une dimension inférieure, égale ou supérieure à la nôtre, compte trente, quarante, voire soixante partis politiques. Est-ce que nous aspirons, nous au Maroc, en élaborant nos lois électorales, à nous engluer dans ce genre de pluralisme ? Est-il dans notre intérêt et dans celui de notre démocratie de substituer à l’alternance réelle une alternance qui reposerait sur trois ou quatre voix par ci, quatre ou cinq voix par là ... ?

L’alternance que Je veux pour ce pays, et que vous lui souhaitez certainement, est celle de deux camps, de deux groupes - Je ne dis pas de deux partis - et d’un centre. C’est ainsi qu’à chaque fois qu’il y a alternance, celle-ci nous enrichit par des idées nouvelles, une méthodologie nouvelle, un style nouveau et des hommes nouveaux.

L’alternance sera, ce faisant, un outil démocratique efficient. A chaque fois que le pays ressent le besoin de respirer un air nouveau, il opte pour l’alternance qui lui apporte un nouveau climat, de nouvelles figures, une toute autre philosophie et une toute autre méthodologie à condition que cette alternance s’opère entre deux groupes avec un centre qui agit en sorte que les affaires se déroulent en agissant pour le mieux comme le recommande le Coran et qui fait que la mécanique de l’alternance fonctionne sans connaître de panne.

Nous revenons au concept du consensus. Il consiste pour nous à nous préoccuper d’un seul objectif. Voulons-nous une alternance bien définie, une alternance utile ? Voulons-nous garder un nombre raisonnable de partis politiques ? Ou est-ce que nous voulons que cette alternance soit ballottée entre une multitude de groupuscules parasitaires sans consistance, inopérants et loin de donner à l’alternance sa signification et ce, en favorisant la création d’un grand nombre de partis politiques comme nous le constatons dans certains pays comparables au nôtre par le nombre de leur population et qui comptent plus de quarante partis.

Ce sont là, honorables députés, les idées que nous avons voulu vous exposer avant de les aborder dans le détail et avec plus de précision avec les partis politiques lorsque nous les recevrons. Car, comme nous l’avons dit, nous engagerons, de notre côté aussi, un dialogue et nous essaierons avec nos inter locuteurs de parvenir à donner au consensus la consistance et la profondeur que nous souhaitons, tant en qui concerne la loi sur la région que les lois électorales.

Il ne s’agit pas unique ment de considérer l’alternance comme une nécessité, mais il convient de tenir compte de la continuité en retenant un seuil minimum de données, pour ne pas être de ceux qui, par esprit de revanche, tirent un trait sur tout ce qu’ont fait leurs prédécesseurs, lesquels, en revenant au pouvoir, font table rase de ce qui a été fait avant eux, plongeant ainsi le peuple dans la confusion et la perplexité. Comme nous l’avons dit, l’alternance signifie le renouveau : un air nouveau, des hommes nouveaux, de nouvelles méthodes et un nouvel espoir. Nous ne pouvons atteindre cet objectif et donner à cette philosophie sa pleine signification que si nous empruntons la voie du consensus, que ce soit au niveau de la région ou du contenu de nos lois électorales.

Soyez enfin assurés que nous userons de tout Notre poids, de Notre prestige personnel et de Nos pouvoirs constitutionnels pour que toutes les élections successives dans ce pays se déroulent dans les meilleures conditions, dans un climat de rectitude, de transparence et de sincérité, car nous nous sommes lassé d’en tendre ou de voir propager sur notre pays que ses élections n’ont pas été honnêtes ou que ses consultations ont été entachées d’irrégularités.

Nous sommes persuadé que vous allez reprendre vos activités au sein du Parlement - non pas en ayant à l’esprit que la Chambre sera dissoute et qu’après vous n’assumerez plus aucune responsabilité, mais en étant conscients - et c’est là Ma conviction - que tous ceux qui ont accompli leur mandat au sein du Parlement, qu’ils soient réélus ou non, demeurent dépositaires d’une responsabilité, celle de transmettre et de faire connaître l’esprit et la pratique du parlement, ses difficultés, sa mission et l’expérience acquise, la tâche n’est certes pas aisée, mais le sortant se doit de prêter assistance à celui qui lui succède.

Puisse Dieu nous guider sur la bonne voie. Récitons ensemble, pour conclure, ce verset du Saint Coran, de la Sourate Al Israe."

11/10/1996

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