Ramadan : « Pourquoi tu ne jeûnes pas ? » : les non-jeûneurs face aux critiques

12 mars 2024 - 09h00 - Belgique - Ecrit par : S.A

Le mois de ramadan a débuté lundi 11 mars en Belgique, un pays qui compte 600 000 musulmans. Mais ceux qui font l’option de ne pas jeûner subissent souvent une forte pression.

« Ne plus faire le ramadan a été le dernier acte de mon apostasie », confie à RTBF, Samir*, un Belgo-marocain de 35 ans qui vit à Molenbeek et travaille à Bruxelles dans une entreprise où les employés sont majoritairement musulmans. Un choix qu’il aura du mal à assumer au travail, à la salle de sport ou dans le quartier. « Au début, je voulais assumer ouvertement d’être juste moi-même mais à force de se prendre la tête avec des gens qu’on ne connaît même pas, j’ai changé d’avis », dit-il. À la salle de sport, le trentenaire doit faire face à des reproches. « Pourquoi tu ne respectes pas le ramadan, tu fais ton Européen ou quoi ? », lui lancent des hommes après l’avoir vu en train de s’hydrater. Samir se trouve obligé de faire semblant et de se cacher pour manger et boire. Le soir, il participe à l’Iftar (la rupture du jeûne), chez ses parents. « Ils ne comprendraient pas, je ne veux pas les blesser ».

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« Je me suis posé beaucoup de questions sur cette religion patriarcale qui ne me convenait pas, ça a pris des années. J’ai arrêté de faire le ramadan vers 34 – 35 ans. Le prix à payer est aussi celui du rejet de la communauté. Je n’ai plus de contacts avec ma famille depuis 15 ans, mais je voulais que mes enfants soient libres », confie Najlae*, une femme de 49 ans, née au Maroc et arrivée à Bruxelles à 14 ans après un mariage forcé. Elle a définitivement renoncé à l’islam. « Aujourd’hui, je suis athée et mes enfants, qui sont de jeunes adultes, aussi. Je me montre telle que je suis ». La presque quinquagénaire ne vit plus à Molenbeek. Elle s’est installée dans une autre commune bruxelloise, où le contrôle communautaire existe beaucoup moins.

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Le ramadan est une période de prière et de jeûne, qui constitue l’un des piliers de l’islam. Pendant toute sa durée, les croyants – à l’exception des personnes les plus fragiles – doivent s’abstenir de manger, boire, fumer et avoir des rapports sexuels du lever au coucher du soleil. Des exceptions existent pour les enfants qui n’ont pas atteint la puberté, les femmes enceintes, les malades ou les personnes âgées. En Belgique, la population musulmane est estimée entre 7 et 9 % de la population totale. La majorité des musulmans sont d’origine marocaine et turque.

*Prénoms modifiés

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