Ramdane : serial entrepreneur

24 novembre 2004 - 12h02 - Culture - Ecrit par :

Une devanture clouée de planches façon planque de résistance dans une ville en guerre. Non, on n’est ni à Sarajevo ni à Beyrouth, mais au coeur du très chic quartier Saint-Germain, à Paris, devant Bureau Politique, la dernière folie d’un jeune « serial entrepreneur », Touhami Ramdane. On pousse la porte du magasin : sur les murs, une carte du monde sans légende, avec des étoiles rouges disséminées un peu partout. « Certains clients nous demandent si ce sont les villes où nous sommes implantés, alors qu’il s’agit des zones de conflit », s’indigne le jeune styliste.

Sur un autre mur, au pochoir, les portraits d’une poignée de freedom fighters, parmi lesquels Arafat, Lumumba, Malcolm X, le dalaï-lama.

« J’en ai assez de la mode pour la mode. Je veux que les gens qui entrent dans cette boutique prennent conscience de ce qui se passe dans le monde. Je ne milite pas forcément pour les causes, mais pour que les gens y réfléchissent », explique Ramdane, tout juste la trentaine et déjà un parcours ahurissant.

Né dans le sud de la France, dans une famille d’ouvriers agricoles originaires du Maroc, Ramdane est un pur autodidacte doué d’une indéniable fibre commerciale. Quand il crée sa première marque, Teuchiland, dont le logo détourne celui de Timberland en une feuille de... cannabis, il est encore lycéen. Il vend alors quelque mille sweat-shirts par semaine, ce qui lui vaut un revenu hebdomadaire de 120 000 FF... et trois enlèvements ! Suivront d’autres griffes, comme King Size, en 1996, puis l’ouverture d’un concept store, L’Épicerie, qui connaîtra une vie brève mais intense. Cette boutique fait tant parler d’elle que le très chic Bon Marché propose au jeune homme de créer son corner branché.

Dès lors, les offres ne cessent de pleuvoir. Le styliste Jean-Charles de Castelbajac lui confiera la conception de son espace. Le constructeur automobile Renault lui demandera de baptiser ses véhicules. Mais le tout-Paris n’est pas le seul à s’arracher la créativité de Ramdane : les Japonais le réclament et le groupe de luxe Sazaby lui confie le poste de directeur artistique. Après un séjour au pays du Soleil-Levant, il rentre à Paris en 2000 et crée, dans la foulée, Consultants, un cabinet de consulting, et Victoire de Taillac, un bureau de presse. Sur sa lancée, il ouvre une galerie d’art rue des Saints-Pères, puis inaugure la Parfumerie générale, dans le 8e arrondissement parisien, où il vend toutes sortes de produits cosmétiques peu distribués en France.

Chez Bureau Politique, sa dernière affaire en date, on trouve des vêtements pour homme qu’il a lui-même dessinés. L’article le plus utopiste de la marque Résistance, dont 5 % des bénéfices seront reversés à des associations caritatives en faveur de l’éducation : une veste militaire américaine avec un imprimé de keffieh palestinien. Prix : 500 euros ! « Elle fait fureur à Londres, où la marque Résistance est distribuée », claironne celui qui s’est autoproclamé résistant en chef.

Fadwa Miadi - L’intelligent

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