Retour au bled pour l’adolescente de banlieue

15 juillet 2002 - 12h58 - Maroc - Ecrit par :

Hier à Gennevilliers, entre les barres d’immeubles de la cité rouge, tout le monde l’appelait Imane. Aujourd’hui à Mohammedia, petite ville industrielle au nord de Casablanca au Maroc, tout le monde l’appellera Imène.

Une seule lettre change, une lettre pour deux cultures. Imane est une adolescente franco-marocaine. Partie de sa ville natale des Hauts-de-Seine, elle arrive ce matin à Mohammedia. « En arabe, Imène ça veut dire la foi. Mon père a francisé le prénom à ma naissance pour que ça fasse plus original. » A presque 17 ans, Imane la Franco-Marocaine profite de l’été pour rentrer au bled comme des milliers d’autres jeunes d’origine maghrébine. « J’y vais tous les ans depuis toujours. C’est indispensable pour moi. L’ambiance, la vie, rien n’est pareil. Tout le monde se dit bonjour, tout le monde s’entraide. C’est pas comme à Paris. »

« Au collège, on est souvent catalogués Marocains ou Tunisiens. C’est stupide » Pourtant, l’an dernier, après une année scolaire difficile soldée par le redoublement de sa troisième, l’adolescente a traîné les pieds au moment de faire sa valise. « J’aurais préféré aller ailleurs. Mais, au bout de quelques jours, la famille me manquait trop, j’ai décidé de partir quand même. » Accompagnée de sa maman, gardienne d’immeuble à Saint-Ouen, elle rejoint ce matin à Mohammedia ses grands-parents et son arrière-grand-mère, des aïeux pour qui elle cultive un respect presque sacré. « C’est grâce à ma grand-mère que je parle arabe. Elle ne voulait pas entendre de français à la maison. » Une richesse culturelle précieuse que plus d’une de ses copines lui envient aujourd’hui à Gennevilliers, mais qui ne suffira pas à palier les différences. « A Gennevilliers, je suis marocaine, mais, au Maroc, tout le monde me considère comme une Française. » A 4 000 kilomètres de sa banlieue et du lycée Galilée où elle entre en septembre, Imane a emmené un peu de France dans sa valise. « Du shampooing parce qu’il est plus cher là-bas, deux livres pour préparer la rentrée, toutes mes robes, des pantalons courts et de la musique tendance, du genre R’&’B. » La musique marocaine, elle en écoutera aussi, mais sur place, histoire, même au Maroc, de rester « tendance ». « Au collège, on est souvent catalogué Marocain ou Tunisien. C’est stupide. Moi, je suis d’origine marocaine. Pour l’instant, j’ai les deux nationalités. Mais, dans un an, je devrai choisir... » Elle hésite... « Je pense que ça sera la France. C’est beaucoup plus simple. » D’ailleurs la jeune fille insiste sur les mots : « Je "pars" pour le Maroc, alors que maman "rentre" au pays. » Ce matin, un des premiers réflexes d’Imane sera de faire le tour de la maison construite par ses grands-parents il y a presque quarante ans. « J’irai voir également si le petit café en bas de la rue n’a pas bougé. » Puis il y aura la plage de Bouzneza et les vagues de l’océan Atlantique. Sa seule grosse déception, ne pas être partie plus tôt. « On a raté le mariage du roi qui a eu lieu vendredi. Je suis trop dégoûtée. »

Source : Le Parisien

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Immigration - Jeunesse - MRE

Ces articles devraient vous intéresser :

Aide au logement : Un vrai succès chez les MRE

Fatima Zahra Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, confirme l’intérêt des Marocains résidant à l’étranger (MRE) pour le nouveau programme d’aide directe au logement.

Le Maroc et l’Espagne se concertent pour l’Opération Marhaba (MRE)

La réunion de la Commission mixte hispano-marocaine s’est tenue ce mercredi au siège du ministère de l’Intérieur en vue de coordonner l’Opération Passage du Détroit 2023 (OPE-23) ou Marhaba 2023 entre l’Espagne et le Maroc.

Les Marocains résidant à l’étranger boostent l’économie grâce à leurs transferts de fonds

Selon l’Office des changes, les transferts de fonds des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont connu une croissance significative de 16 % en mars 2023, pour atteindre près de 27,11 milliards de dirhams. Ce chiffre représente une hausse de 3,73...

Maroc : les duty free font leur révolution

Du changement en vue pour les magasins de vente sous douane, communément appelés « Duty free shops ». L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) et l’Office des changes ont fixé de nouvelles règles relatives à leur gestion et fonctionnement.

Marhaba 2023 : le dispositif exceptionnel d’accueil des MRE commence aujourd’hui

C’est ce lundi 5 juin que débutera l’opération Marhaba 2023 dédiée aux Marocains résidant à l’étranger. La Fondation a activé le dispositif d’accueil au niveau du Maroc, la France, l’Italie et l’Espagne, composé 24 sites d’assistance et...

MRE : Peut-on importer une voiture de location au Maroc ? 

La douane marocaine vient de publier une nouvelle version de son guide dédié aux Marocains résidant à l’étranger. Une section dédiée à l’importation par les MRE des voitures de location. Qu’en est-il ?

Au Maroc, les MRE investissent dans l’immobilier

70 % des investissements de la communauté marocaine résidant à l’étranger sont consacrés au secteur immobilier, selon Fatima Ezzahra El Mansouri, la ministre de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de...

Transfert des MRE : le Maroc veut maintenir la dynamique

En vue de maintenir le flux des transferts de fonds de la diaspora, Bank Al-Maghrib (BAM), en collaboration avec les pouvoirs publics, a mené des actions pour diversifier les canaux de transmission et réduire les coûts de ces envois.

Le Maroc mise sur ses compétences à l’étranger

Le Maroc veut impliquer davantage ses compétences à l’étranger à son processus de développement. Dans ce sens, un mécanisme est en cours d’élaboration pour accompagner les talents marocains à l’étranger, conformément aux orientations royales.

« Comment sortir du monde ? », le premier roman poignant de Marouane Bakhti

« Comment sortir du monde ? » C’est le titre du tout premier roman du Franco-marocain Marouane Bakhti, paru aux Nouvelles Éditions du réveil en mars 2023. Il y raconte la vie, telle qu’elle vient, dans une famille biculturelle. Un récit éblouissant.