Sahara : La société civile enclenche un débat national

13 mars 2003 - 20h29 - Maroc - Ecrit par :

Un collectif spécial demande l’autonomie de toutes les régions du Royaume

Le Collectif Sahara-Maghreb, un groupe d’associations et de personnalités(1) organisera le 25 mars une conférence de presse pour présenter la deuxième mouture de sa charte qui propose des solutions au conflit du Sahara et au blocage de l’UMA. Cette action intervient au moment où les relations maroco-algériennes connaissent un réchauffement. Ce qui annonce un éventuel dénouement du conflit du Sahara. Dans ce climat de détente, le Collectif veut apporter sa contribution à cette question cruciale, longtemps confinée dans les discussions diplomatiques. Ce qui augure du lancement d’un débat public d’envergure.
Le groupe a envoyé son document au gouvernement. Mais pour le moment, il n’y a pas eu de feed-back. Confiant, Abdelali Benamour, président d’Alternatives et porte-parole du Collectif, y voit une sorte de “bénédiction” de l’initiative de son action. “Cela veut dire que nous sommes autonomes dans nos actions. Je réitère qu’il n’y a pas eu d’influences étrangères dans notre position”, tient à préciser Benamour. Pour lui, “il est grand temps que la société civile sorte de sa réserve et de son mutisme”.
La charte du Collectif se veut “novatrice”. Elle appelle à la refonte du système de répartition des pouvoirs publics (économiques et politiques) et propose que l’autonomie des provinces du sud sous la souveraineté marocaine soit perçue dans une optique “gagnant-gagnant”. Le Collectif veut qu’aucune partie concernée par le conflit ne soit lésée par la solution de l’autonomie.
C’est pourquoi il demande que celle-ci soit appliquée à toutes les régions du Maghreb, et non seulement au Maroc. Il s’agit de répartir les pouvoirs entre l’Etat central et les seize régions du Royaume. Et cela à l’image des lander allemands et des régions autonomes espagnoles. Mais, précise la charte, il faut éviter toute séparation sur une base ethnique ou de type régionaliste. “Donner des pouvoirs aux régions ne vise nullement l’affaiblissement du régime central”, tient à préciser Benamour. Selon la charte, l’Etat se chargera de tous les attributs de la souveraineté en plus des dossiers socioéconomiques communs.
Le groupe donne le détail des secteurs appelés à devenir autonomes. Pour lui, la région doit disposer d’un parlement et d’un gouvernement. “Elle gère toutes les affaires économiques et sociales ainsi que la police administrative de proximité. Elle fixe, en outre, une partie du programme scolaire et aménage l’enseignement de la langue ou des langues nationales autres que la langue arabe nationale, dont l’importance et la gestion relèvent de l’Etat central”. Dans cette perspective, “les régions seront financées par un tiers des recettes fiscales nationales, au prorata du nombre d’habitants et du PIB. Les régions disposeront également de la moitié de leurs richesses naturelles, propriété de l’Etat. Et peuvent instaurer des impôts régionaux et locaux”. Les régions communiqueront librement entre elles.
Poursuivant sa logique “gagnant-gagnant”, le Collectif dit être disposé au dialogue. Il va plus loin en signalant que “l’Algérie peut avoir un territoire de sortie sur l’Atlantique via des accords avec les régions autonomes marocaines”. C’est une proposition audacieuse qui sert indirectement les visées de l’Algérie. En appuyant le plan de partition du Sahara, celle-ci voulait justement avoir une issue sur l’Atlantique.

Nadia DREF
www.leconomiste.com

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