Sahara marocain : Bouteflika cultive l’ambiguïté

13 avril 2004 - 10h47 - Maroc - Ecrit par :

« Jamais je ne laisserai mourir un Algérien pour le Sahara ». Les propos sont ceux du président algérien reconduit dans ses fonctions à l’issue du scrutin de jeudi dernier, Abdelaziz Bouteflika. Une déclaration qu’il a fait lors d’un meeting électoral à Tizi-Ouzou où il menait campagne et qui a été relayée par le journal « L’Expression ».

Le président Bouteflika a indiqué que son pays « a traversé de dures années, les frères et amis observaient de loin. Aujourd’hui, nous sommes aux côtés de ceux qui souffrent, mais pas aux dépens des intérêts de l’Algérie ». Et d’ajouter : « Je ne laisserai aucun Algérien mourir pour la cause sahraouie ou autre cause, mis à part la cause algérienne ».

Visiblement, le président algérien, grand connaisseur du dossier du Sahara depuis qu’il était ministre des Affaires étrangères de son pays, voudrait se démarquer d’une position qui a toujours été sienne, à savoir un fervent allié du Polisario, et qui est par ailleurs celle de la junte militaire très influentes dans ce pays voisin. Serait-ce pour autant un signe de changement dans la position de celui qui n’a jamais hésité à exprimer son soutien à « la lutte du peuple sahraoui jusqu’à la satisfaction de son droit à l’autodétermination » ? L’affirmer serait aller trop vite en besogne. Abdelaziz Bouteflika a, en effet, l’habitude de changements brusques de positions. Tantôt, le président algérien apporte « aux peuples opprimés son soutien conformément aux valeurs et engagement internationaux ». Tantôt, il essaye des rapprochements avec le Maroc, multipliant les sorties médiatiques et demandant « seulement l’application de la légalité internationale ». A plusieurs reprises, il a en effet affirmé qu’il était disposé à oeuvrer à l’amélioration des relations avec le Maroc et laisser le règlement de la question du Sahara aux Nations unies.

« Nos frères (NDLR) marocains doivent savoir que la politique de l’Algérie n’est pas fondée sur la haine, elle vise à la construction d’un avenir dénué de solutions tronquées qui permettra au peuple sahraoui de faire le choix qu’il désire », a encore une fois déclaré devant un parterre de diplomates présents à Alger pour l’ouverture d’une conférence d’ONG internationales, avant d’ajouter dans le même discours prononcé en mars 2003 : « L’Algérie ne peut comploter avec le royaume du Maroc contre les autres peuples, l’Algérie et le Maroc se complètent mutuellement », soit quelque temps avant de partager la célébration de l’anniversaire de la création de la pseudo « RASD ».

Cette ambiguïté dans les positions est de nature à alimenter les spéculations, quant à la future position du nouveau président Boutaflika. S’achemine-t-on vers une neutralité bienveillante, ou une ingérence malveillante à l’égard du Maroc ? les prochains jours risquent d’être décisifs au regard de la prochaine échéance qui attend le Maroc. Mais le bon sens et l’intérêt commun aux deux peuples devrait, sauf mauvaise surprise, apporter la bonne réponse à un problème qui n’a que trop duré.

Fadoua Ghannam - Aujourd’hui le Maroc

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Algérie - Abdelaziz Bouteflika - Sahara Marocain

Ces articles devraient vous intéresser :

Explosions à Smara : le Polisario impliqué ?

Quatre explosions ont retenti dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Es-Semara, au Sahara. Le bilan fait état d’un mort et de trois blessés. Le Polisario s’est félicité de ses attaques.

Le Polisario a-t-il détourné les fonds de l’Europe destinés aux Sahraouis ?

La Commission de l’Union européenne a répondu à une question écrite du député européen Brice Hortefeux portant sur les fonds qu’elle a envoyés aux Saharouis.

Soupçons de corruption par le Maroc au Parlement européen

Le scandale de corruption qui secoue le Parlement européen continue de livrer ses secrets. Le Maroc est, lui, aussi soupçonné d’avoir sollicité des eurodéputés pour qu’ils interviennent en sa faveur notamment sur la question du Sahara.

L’armée marocaine envoie l’artillerie lourde au Sahara

Après avoir prolongé en 2021 le mur de défense de 50 km à l’est pour sécuriser Touizgui dans la province d’Assa-Zag et compléter le dispositif sécuritaire à l’est, les Forces armées royales (FAR) ont déployé l’artillerie lourde dans la même zone.

Sahara : l’ONU accuse, le Polisario récuse et critique le Maroc

Le Polisario critique le rapport du secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, sur la situation au Sahara qui l’accable et accuse le Maroc de violation continue de la présence et du travail de la MINURSO.

La marque Lacoste présente ses excuses au Maroc

L’affaire des polos Lacostearborant une carte tronquée du Maroc, excluant ses provinces du sud, connaît un nouvel épisode. Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a confirmé que les responsables de la célèbre marque française de...

Brahim Ghali dénonce le « silence complice » de l’ONU sur les «  abus  » du Maroc

Le secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali, a accusé le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, de maintenir un « silence complice et injustifiable » sur «  la violation par le Maroc du cessez-le-feu  », menaçant qu’il n’y...

Rachid M’Barki sanctionné à cause du Sahara : Lahcen Haddad crie à l’indignation

La mise en retrait par BFMTV de son journaliste franco-marocain, Rachid M’Barki, à qui la chaîne française reproche d’avoir prononcé à l’antenne l’expression « Sahara marocain » a suscité une réaction de la part du parlementaire et ancien ministre...

Quatre membres du Polisario tués par un drone marocain

Quatre personnes auraient été tuées ces derniers jours par des drones marocains au Sahara, selon des médias proches du Polisario.

Le Maroc déploie de grands moyens pour surveiller ses frontières

Le Maroc mobilise d’importantes ressources matérielles et humaines pour contrôler et surveiller ses frontières terrestres longues de 3 300 km et maritimes sur une distance de 3 500 km en plus de l’espace aérien.